Le ministre des Affaires étrangères a réitéré, mardi soir, l’appel de l’Algérie pour une réforme du système des Nations unies et une représentation au Conseil de sécurité de l’Afrique selon l’importance de son blog électoral et son poids géopolitique grandissant, en matière de multilatéralisme.
Sabri Boukadoum, qui défend une position algérienne en vigueur depuis près de deux décennies au moins, a accompagné son appel du vœu d’une mobilisation africaine accrue autour d’une ligne de conduite commune, supposant une action concertée et appuyée par une union africaine parlant d’une même voix sur les questions qui la concernent d’abord à l’échelle continentale.
M. Boukadoum a souligné la nécessité pour les pays africains de «préserver leur unité et leur cohésion» et de parler d’une «même voix», afin d’obtenir deux sièges permanents au Conseil de sécurité des Nations unies. «Nous devons préserver notre unité et notre cohésion et parler d’une seule et même voix (en formant un bloc) autour d’une même position africaine», a-t-il indiqué au cours de la réunion ministérielle de la Commission de l’Union africaine, en charge du dossier de la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU. «Notre groupe est le plus grand bloc électoral et représente 28% de l’Assemblée générale des Nations unies. Si nous restons unis et résolus, nous serons certainement capables d’atteindre notre objectif et de corriger l’injustice de longue date que l’Afrique continue à subir», a-t-il soutenu. C’est «en accordant (à l’Afrique) deux sièges permanents et en augmentant sa représentation dans la catégorie des sièges non permanents», que cette injustice sera levée, assure le ministre, qui a mis l’accent sur la «nécessité de réformer les méthodes de travail du Conseil (de sécurité)».
En somme, le chef de la diplomatie algérienne, qui connaît les divisions qui opposent les rangs dans le camp africain, plaide également pour l’émergence d’une diplomatie africaine portée par l’Union africaine (UA) à travers des choix et des résolutions fortes, susceptibles de faire bouger les lignes d’un système onusien hérité de la fin de la Seconde Guerre mondiale et dominé par les puissances qui l’ont gagnée. La visibilité qu’avait, à la fin des années 1950, les pays de ce qu’on appelait le tiers-monde et ceux libérés des empires coloniaux, s’est aujourd’hui estompée dans un contexte international extrêmement complexe et n’ayant plus rien à voir avec les équilibres post indépendances. C’est sur ce terrain nouveau et mouvant que l’Afrique doit s’affirmer ; une perspective, cependant, lointaine compte tenu de l’absence d’un consensus interafricain sur les moyens de résoudre par les Africains les problèmes africains et des jeux d’influence étrangère encouragés par de nombreux Etats du continent. Mais rêvons !
Lundi, le représentant permanent de l’Algérie à l’ONU, l’ambassadeur Sofiane Mimouni, a indiqué que «la réforme des Nations unies ne peut être complète sans une augmentation de la taille et de la composante du Conseil de sécurité de manière à refléter les réalités géopolitiques actuelles». Une telle réforme devrait rendre le Conseil de sécurité plus «représentatif, efficace et transparent», tout en légitimant et renforçant ses capacités de contribution au maintien de la paix et de la sécurité internationales, a relevé le diplomate. A ce titre, l’ambassadeur a estimé que les revendications de l’Afrique concernant l’attribution de sièges permanents au continent étaient «légitimes» et que le soutien croissant d’un grand nombre d’Etats membres à la position commune africaine, était une preuve concluante de la nécessité de réparer l’injustice historique qui affecte le continent africain.
En février de l’année passée, l’Algérie avait appelé, à New York, à réparer l’injustice historique que l’Afrique continue de subir, en attribuant dans le cadre de la réforme du Conseil de sécurité deux sièges permanents au continent. La délégation algérienne à New York avait, alors, réitéré le soutien de l’Algérie à la position africaine commune sur cette réforme, telle que reflétée dans le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte. Pour l’Algérie, les deux sièges permanents doivent avoir «tous les privilèges et droits inhérents à cette catégorie, y compris le droit de veto», réclamant par la même occasion deux autres sièges non permanents. L’Algérie avait également réaffirmé la pertinence du cycle de négociations intergouvernementales en tant que forum unique et légitime pour poursuivre le débat sur la réforme du Conseil de sécurité en vue de réaliser une réforme globale qui englobe les cinq principaux aspects de cette réforme, à savoir les catégories de membres, la question du droit de veto, la représentation régionale, la taille du Conseil de sécurité élargi et ses méthodes de travail et la relation entre le Conseil et l’Assemblée générale.
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