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Les incendies qui ont ravagé le nord du pays et le lynchage à mort de Djamel Bensmaïl en Kabylie ont provoqué un contexte sécuritaire très tendu. Selon les plus hautes instances de l’Etat, ces actes ont été commis pour servir des motifs politiques. Ils visent à déstabiliser l’Algérie. Il faut donc s’attendre à une riposte proportionnée.
En une dizaine de jours, l’Algérie a connu une accélération des événements qui augurent d’un déploiement sécuritaire jamais vu depuis les années 1990. Les incendies, d’origine criminelle d’après les autorités, ainsi que le lynchage à mort de Djamel Bensmaïl augurent d’une réponse défensive d’envergure.
Les feux de forêts ont causé la mort de dizaines de personnes et détruit des milliers d’hectares de végétation au nord du pays, particulièrement dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Ils ont été, selon des rapports officiels, allumés de concert par des pyromanes liés au Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (Mak) et à l’organisation islamiste Rachad.
Ces actes ont été commis, disent les mêmes sources, pour servir un agenda étranger d’autant que les états-majors de deux organisations, classées terroristes par les autorités, activent depuis l’Europe et seraient financées par des pays hostiles à l’Algérie. Il est en est de même pour le meurtre, après une longue torture, du jeune Djamel Bensmaïl dont une partie des assassins et de leurs complices a été appréhendée par les forces de l’ordre qui recueillent en ce moment leurs aveux.
Les faits des deux dernières semaines sont jugés tellement graves qu’ils ont nécessité une réunion extraordinaire, mercredi, du Haut conseil de sécurité (HCS), sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune. L’instance a ainsi conclu à la responsabilité directe du Mak et de Rachad dans les récents méfaits.
Elle a donc décidé, à la lumière des éléments d’une enquête en cours, «d’intensifier les efforts des services de sécurité pour l’arrestation du reste des individus impliqués dans les deux crimes, ainsi que tous les membres des deux mouvements terroristes qui menacent la sécurité publique et l’unité nationale, jusqu’à leur éradication totale».
Le HCS a cité nommément le Mak qui, selon son communiqué, «reçoit le soutien et l’aide de parties étrangères, en tête desquelles le Maroc et l’entité sioniste». Rachad a également été mis à l’index par le document comme un des commanditaires des derniers incidents.
Ces accusations annoncent certainement une répression à grande échelle contre les membres, les structures et les soutiens de ces appareils clandestins, sans compter des représailles diplomatiques contre le royaume chérifien.
La décision de punir le pays voisin par, dans un premier temps, une «révision des relations» intervient après ses récentes provocations. Alger ne semble pas lui pardonner l’acte jugé hostile de son représentant à l’ONU qui avait distribué une note aux délégués de pays Non-alignés dans laquelle il offre, selon ses termes, son soutien «à l’autonomie du peuple Kabyle». Un dérapage qui a eu lieu quelques heures avant la révélation, par des médias internationaux, des écoutes illégales via le programme d’espionnage israélien Pegasus ciblant de hauts dirigeants algériens.
Guerre d’intelligence
Sur le plan interne, tout laisse penser que les forces de l’ordre, qui mènent actuellement une intense guerre d’intelligence pour déjouer «le complot » annoncé par le président lui-même, vont bientôt lancer une offensive d’ampleur pour déraciner le Mak et Rachad.
Le choc créé par la maltraitance de Djamel Bensmaïl et l’émoi qui s’est emparé de la population, y compris en Kabylie, leur assure un soutien populaire sans retenue. Tous les Algériens attendent, en effet, avec impatience la mise hors d’état de nuire de tous ceux qui ont éliminé, de façon monstrueuse, le jeune artiste et militant humaniste de Miliana et espèrent que la Justice élucide tous les aspects du dossier. Beaucoup d’entre eux mènent d’ailleurs leur propre enquête à travers les réseaux sociaux pour tenter de démasquer les acteurs du drame et établir les liens entre eux.
En parallèle, des appels citoyens se multiplient pour renforcer l’unité nationale en évitant l’amalgame entre la liquidation de Bensmaïl par un groupe restreint à Larbaa Nath Iraten et les habitants de la Kabylie.
D’ailleurs, l’élan de solidarité citoyen organisé à travers tout le territoire en faveur de la région sinistrée par les incendies ne s’est, à aucun moment, interrompu. Ultime témoin de cette aide inconditionnelle, le jeune volontaire Kermite Mabrouk, décédé, mercredi, des suites de ses blessures contractées lors de sa participation à la lutte contre la propagation du feu. Originaire de Oued Souf et âgé de 23 ans, il est maintenant célébré en héros dans tout le pays.
Mohamed Badaoui
La Nation, 21/08/2021
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