par Abdelkrim Zerzouri
Le nouveau système électoral introduit par la loi organique portant régime électoral, dont le mode de scrutin est la représentation proportionnelle avec vote préférentiel sur une liste ouverte sans panachage, devrait avoir une influence sur le mode dépouillement. On devrait d’abord s’atteler au décompte des suffrages obtenus par chaque liste, qui obtient autant de sièges qu’elle a recueilli de fois le quotient électoral (calculé pour chaque circonscription électorale en divisant le nombre de suffrages exprimés par le nombre de sièges à pourvoir), avant de passer à la répartition des sièges obtenus par chaque liste entre les candidats de la même liste, eux-mêmes, qui s’effectue selon le nombre de voix obtenues par chaque candidat, afin d’arriver au bout à départager les candidats selon les sièges obtenus, bénéficiant aux candidats ayant bénéficié de plus de voix. C’est long à expliquer, et plus long encore dans la pratique.
Car, si avec l’ancien système électoral les résultats sont connus dans la soirée du vote, s’arrêtant au décompte des suffrages obtenus par chaque liste, suivi par une répartition automatique et instantanée des sièges obtenus en faveur des candidats selon leur classement sur la liste (s’il y a un siège de gagné, il échoit au candidat tête de liste, si 2 sièges de gagnés, les deux premiers de la liste se les attribuent et ainsi de suite), le nouveau mode de dépouillement devrait prendre du temps. Le décompte des suffrages obtenus par chaque liste sera connu dans la soirée du vote, mais la répartition des sièges entre les candidats portés sur ces listes devrait attendre un autre décompte individuel des voix obtenues par chaque candidat. Sa durée ? Cela devrait encore prendre trois, quatre jours ou une semaine pour être fixé sur les candidats élus aux Assemblées nationale ou locales. Et, c’est ce temps relativement long qui n’est pas pour plaire à certains partis.
La représentation proportionnelle avec vote préférentiel sur une liste ouverte sans panachage, adoptée par la nouvelle loi organique portant régime électoral, est généralement bien acceptée par la classe politique.
En cela qu’elle éloigne les mauvaises pratiques liées à l’influence de l’argent, à travers la vente des premières places sur les listes, notamment la tête de liste, ainsi que le marchandage avec les autres candidats en bas de la liste, qui savent pertinemment qu’ils n’ont aucune chance de passer, et qui de ce fait ne feraient pas campagne en faveur des premiers sans contrepartie, exigeant souvent soit du cash, soit des postes bien en vue au sein du parti. Mais l’influence du système électoral sur le dépouillement n’est pas pour les tranquilliser. Le temps assez long pour arriver à connaître les candidats élus les met mal à l’aise. On craint que ce temps soit utilisé à mauvais escient et ouvrir la voie à la falsification des résultats.
Il n’est pas facile d’effacer des esprits la fraude électorale. L’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) aura fort à faire sur le plan psychologique, afin de rassurer la classe politique quant à la régularité des élections en veillant à ce que les voix des électeurs aillent à leurs véritables bénéficiaires.
Le Quotidien d’Oran, 15 mars 2021
Tags : Algérie, élections législatives, vote, dépouillement,
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