Photo : AFP |
La coopération franco-algérienne en matière sécuritaire et judiciaire « fonctionne bien », s’est félicité le chef de la diplomatie françaiseLaurent Fabius à la veille d’une visite en Algérie, visant prioritairement à dynamiser la relation économique entre la France et son ex-colonie.
« D?une façon générale, les relations entre la France et l?Algérie sont à leur meilleur niveau et le potentiel devant nous est considérable. Je m?en réjouis », a déclaré dans un entretien à l’AFP le ministre français, qui doit rencontrer lundi le président Abdelaziz Bouteflika et inaugurer avec les autorités algériennes et son collègue de l’Economie Emmanuel Macron une usine Renault près d’Oran (nord-ouest).
« La coordination au Sahel fonctionne bien. Pour la Libye, l’Algérie mène un travail de facilitation utile afin de compléter la médiation des Nations unies », a-t-il ajouté.
L’Onu s’est dotée cette année d’un émissaire spécial, Bernardino Leon, chargé de favoriser un dialogue interlibyen afin de mettre fin à l’anarchie institutionnelle dans ce pays plongé dans le chaos depuis la chute du colonel Mouammar Kadhafi en 2011.
Concernant le Mali, « la démarche des Algériens est précieuse. Nous souhaitons que les choses progressent d’une façon décisive au mois de novembre », a aussi déclaré Laurent Fabius.
L’Algérie multiplie les rounds de négociations pour amener Bamako et les représentants des groupes armés maliens à un accord de paix. Dans le passé, Alger était déjà parvenu à des accords en 1992 et 2001 mais ils avaient ensuite été remis en cause.
Interrogé sur l’enquête menée sur l’assassinat des moines français de Tibehirine en 1996, toujours non élucidée, le ministre a rejeté l’idée qu’Alger bloquerait la recherche de preuves par les juges français.
« Ce qui m?est indiqué, c’est que les institutions judiciaires françaises sont satisfaites de la coopération (avec la justice algérienne). Le juge Marc Trévidic a pu se rendre à deux reprises en Algérie et nous comptons sur les autorités pour que la coopération se poursuive de façon satisfaisante », a souligné le chef de la diplomatie.
L’Algérie a refusé en octobre que le juge d’instruction français rentre en France avec des prélèvements réalisés sur les dépouilles des religieux assassinés, ce qui a été dénoncé par l’avocat des familles des moines, Patrick Baudoin.
« La procédure doit respecter le droit algérien comme le droit français », a fait valoir Laurent Fabius à ce sujet. « La façon dont les choses se sont déroulées sur place a été jugée satisfaisante par nos autorités judiciaires. Ce qui compte c’est qu’on puisse établir la vérité », a-t-il ajouté.
– Hélicoptères: une coopération souhaitée –
Abordant la relation économique entre la France et son ancienne colonie, Laurent Fabius a jugé que le développement des relations commerciales bilatérales ne faisait pas d’ombre à la coopération franco-marocaine.
Depuis le début de l’année, les relations se sont tendues entre Paris et Rabat et certains commentateurs ont attribué la dégradation des relations à l’apaisement des relations franco-algériennes orchestré par le président socialiste François Hollande depuis son arrivée au pouvoir en 2012 et sa visite en Algérie la même année.
Les deux grands voisins et rivaux du Maghreb continuent d’être séparés par une frontière terrestre fermée et par le statut du Sahara Occidental.
« Nous sommes partenaires et amis des Algériens, de même nous travaillons avec les Marocains, il n’y a pas de contradiction », a fait valoir le ministre des Affaires étrangères. « En matière économique, nous souhaitons que notre partenariat se développe dans de nombreux secteurs. Nous savons que des concurrents existent bien sûr, notamment les Chinois », a-t-il précisé.
A la différence de l’usine Renault qui existe au Maroc, tournée vers l’exportation, celle qui sera inaugurée près d’Oran « vise le marché africain. Nous l’avons conçue comme une coproduction pour les véhicules, pour la formation et pour développer un réseau de sous-traitants ».
« Il existe d’autres projets importants que nous examinons. Je serai accompagné notamment du PDG d’Airbus Hélicoptères. Nous allons voir si une coopération peut être envisagée dans ce domaine. Je le souhaite », a dit le ministre.
« Nous réfléchissons activement aussi à des coopérations dans les domaines de l?énergie, du logement, de la formation, du tourisme, de l?urbanisme et des transports. Les autorités algériennes ont défini un plan de développement ambitieux et nous nous inscrivons dans ce cadre », a enfin indiqué Laurent Fabius.
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