par Abdelkrim Zerzouri
La catastrophe sanitaire qu’on prédisait à l’Afrique au début de la propagation de la pandémie de Covid-19 n’a pas eu lieu. Des experts, y compris de l’ONU, n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme durant le printemps dernier, notamment, face à un avenir sombre dans le continent sous la menace de la diffusion du nouveau coronavirus, mais l’alerte s’avèrera fausse. A la grande surprise générale, et au moment où d’autres subissent les effets dévastateurs de la pandémie, l’Afrique qui présentait une faible immunité avec son système de santé des plus défaillants s’en sort mieux, jusqu’à présent, que les autres continents, pourtant, dotés d’un très fort potentiel de défense face à la crise sanitaire sur les plans des infrastructures de santé et autres moyens thérapeutiques à la pointe de la technologie.
Au mois d’octobre dernier, le continent n’a enregistré que le pourcentage remarquablement faible de 4,2 % du fardeau mondial de la maladie et un peu plus de 3,5 % des décès. Une performance qui chercherait encore des explications scientifiques plausibles ? Alors que certains ont cherché à en attribuer la majeure partie au hasard et à l’inconnu, ou encore au climat, l’inattendue performance africaine serait liée, selon d’autres explications, aux mesures préventives engagées au tout début de la pandémie, dont un confinement au bon moment, la fermeture des frontières, des universités et des écoles, ainsi qu’un répondant adéquat et rapide des populations de par leurs habitudes à faire face aux épidémies.
L’Afrique a exploité son expérience dans la gestion des épidémies, qui sévissent cycliquement sur le continent, lançant une recherche active des cas contacts avec beaucoup de clairvoyance que la plupart des parties du monde développé, estiment des experts africains, qui affirment qu’il ne s’agit ni de hasard ni aucune autre raison inconnue. La limitation de la circulation de la Covid-19 n’est, ainsi, qu’une question d’efficacité dans la gestion de la crise sanitaire. Tant la réaction est rapide pour se prémunir contre le virus, le résultat ne serait que plus probant.
De ce fait, peut-on conclure que les annonces alarmistes des experts, qui craignaient une propagation dévastatrice de la Covid-19 au niveau du continent africain, sont caduques ? La question de la durabilité de ce remarquable tableau bio-statistique de la Covid-19 dans le continent reste entièrement posée. Car, personne ne sait comment va évoluer la deuxième vague, ou une troisième présentée comme inévitable en l’absence d’un vaccin contre le virus.
La partie n’est pas gagnée par les pays africains, qui doivent axer des efforts durables sur le plan des mesures préventives dans la lutte contre la propagation du nouveau coronavirus. L’Afrique ne doit pas oublier sa prévalence du VIH de près de cinq fois supérieure à celle du reste du monde (abritant près de 70 % de toutes les personnes vivant avec la maladie dans le monde), pour éviter d’enregistrer un autre triste record si jamais ce nouveau coronavirus trouve son bon chemin dans ses contrées.
La petite expérience de la gestion de la crise sanitaire qui sévit depuis plusieurs mois dans le monde, bientôt une année, a montré qu’il ne faut à aucun moment baisser la garde ou relâcher la vigilance en matière de respect des gestes barrières. Une règle d’une simplicité déconcertante qui ne rime pas, forcément, avec facilité d’application.
Le Quotidien d’Oran, 7 nov 2020
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