Au moment où se réunit à Paris une conférence sur le conflit Israélo-Palestinien, il est de coutume qu’après chaque affrontement militaire, l’on s’interroge dans le sens de savoir qui en est sorti vainqueur et quels faits accomplis vont à nouveau être imposés. On se rappelle que pour ce qui concerne l’Irak et l’Afghanistan, le constat américain était formulé ainsi » nous ne sommes pas en train de gagner la guerre « .
Israël au Liban et en Palestine, les Etats-Unis en Irak et en Afghanistan, les Marocains au Sahara occidental ont-ils perdu face à des mouvements de résistance ? Qui en est sorti vainqueur et peut-il y avoir de victoire décisive ? Israël dit qu’il a gagné la guerre, ou presque. Hamas dit qu’il n’a pas perdu la guerre. Un Etat et un mouvement de résistance se sont affrontés. Sur quels critères faudrait-il fonder la victoire ou la défaite pour un Etat occupant et un mouvement de résistance ?
Sur le nombre de victimes à faire dans chaque camp puis à les comparer? En tout cas, pas par le recensement des armes en possession, puisque c’est une guerre asymétrique où il est difficile de dire qui a gagné et qui a perdu. Peut-on dire que les Américains par exemple ont perdu ou gagné ? Qui alors a gagné la guerre à Gaza ? Pas Israël. Une défaite sur le plan moral, mais pas militaire car son armée n’a pas fait de reddition. Il ne s’agissait d’ailleurs pas de guerre car il n’y avait pas en présence deux Etats pour s’affronter, ni deux armées.
Dans une guerre, on compare les forces en présence, et cela n’est pas valable dans ce cas précis. Hamas n’a pas perdu la guerre, car il est encore là, et si ses effectifs sont entaillés, même très sérieusement, l’injustice faite au peuple palestinien alimentera les rangs de la résistance car les jeunes palestiniens sont nés dans la révolte permanente de n’être pas comme les jeunes du monde entier, en train de vivre leur vie dans leur propre pays, leur propre Etat.
Il en est de même pour ce qui se passe entre le Maroc et le Polisario. Quelle guerre pourrait se gagner, si ce n’est celle de la paix définitive par la reconnaissance des droits des peuples agressés ? De même qu’au Sahara occidental, les jeunes n’ont jamais connu la paix et savent qu’ils n’auront pas d’avenir tant qu’ils n’ont pas leur Etat. L’avertissement n’est pas adressé uniquement à Israël. Il l’est également pour les pays arabes frontaliers avec Israël. Le risque serait-il quasiment grand (pour ne pas dire qu’il s’agit d’une certitude) que toute la région s’embrase à nouveau. Il n’est point utile d’analyser les conditions actuelles et les implications d’un cessez-le-feu dit unilatéral alors que c’est de paix qu’il va falloir s’agir et non de conjoncture. Les tunnels d’acheminement des armes n’ont pas besoin d’être surveillés par les Américains, les Israéliens et surtout les Egyptiens si les Palestiniens ont leur propre Etat comme l’ont les Israéliens. Mais, tant que les pays arabes , ceux du front plus particulièrement, ne deviennent pas tous ensemble » un » interlocuteur unique « , et cela ne pourra être possible que si tous ces régimes sont légitimés par de vraies élections et une vraie ouverture du champ politique, qu’ils doivent leur pouvoir au peuple et non à la force militaire et policière, et que les oppositions deviennent des partenaires et non des « ennemis « .
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