Ce que pense Ahmed Charai de l'Egypte – Les égyptiens, en majorité, ne sont pas des arabes

Une analyse sur les événements de l’Egypte et la Tunisie envoyée par Ahmed Charai à Morad El Ghoul en date de 18 janvier 2012

L’Egypte le point faible
Le printemps arabe a suscité beaucoup d’espoirs, les résultats sont loin de répondre aux attentes. Les observateurs occidentaux en particulier, sont tombés dans le piège d’un monde arabe unifié et qui donc obéit aux mêmes règles.
Il s’agit là d’une erreur épistémologique énorme. L’Egypte s’est présentée officiellement et pendant 60 ans, comme l’icône de l’arabité. C’est évidemment faux, les égyptiens, en majorité, ne sont pas des arabes.
L’Egypte « Oum Dounia », berceau de l’humanité est une idée ancrée par la propagande officielle qu’en a faite une arme pour cacher les réalités sociales. La majorité du peuple vit dans la misère, le Caire est l’une des villes les plus sales du monde.
Le traitement journalistique des révoltes arabes, a été, est toujours très superficiel. Le pouvoir en Egypte s’appuyait sur l’armée. Depuis 1952, c’est celle-ci qui détient le pouvoir en Egypte. MOUBARAK et sa famille n’étaient rien d’autre que les représentants de l’armée. Les manifestants de la place ATTAHRIR ont eu tort de vouloir séparer le dictateur, Hosni MOUBARAK, de l’armée. Cela a évité un bain de sang à l’Egypte, certes, Mais l’on voit dès maintenant que l’armée dirigée par TANTAOUI n’est pas prête à rentrer dans les casernes et à subir un régime civil.
Il y a une série de contre-vérités qu’il faut dénoncer. La première c’est que l’armée a été neutre. Ce sont les généraux qui ont présenté l’alternative du Président des services secrets, comme possibilité de la sortie de crise.
C’est l’armée égyptienne qui a poussé MOUBARAK vers la sortie. Elle lui a promis l’impunité, avant de céder à la pression de la rue et de l’amener au tribunal avec ses fils.
Le régime Egyptien est toujours le même. Les manifestants l’ont compris eux qui exigent le départ du Conseil Supérieur des armées. Mais il sera difficile de reconstruire l’Egypte parce qu’il n’y a pas de consensus autour de l’idée démocratique, ni de classes moyennes capables d’assurer la stabilité. La classe politique égyptienne est embryonnaire et n’a aucune prise sur la rue.
C’est une faute stratégique, que d’essayer d’évaluer les situations dans les pays arabes aux mêmes normes. 
L’Histoire et les divergences
La situation dans des pays comme la Tunisie sont totalement différentes. La victoire des Islamistes en Tunisie était inscrite dans les gènes de la révolution tunisienne. C’est la seule force, crédible, imposante qui s’est opposée à la dictature de BEN ALI. L’existence d’une vraie classe moyenne, d’un attachement aux valeurs d’égalité, a permis un consensus où les islamistes respectent les acquis des femmes, des libertés publiques.
Le respect de la volonté populaire, l’accord trouvé entre les différentes tendances ont ouvert la vie à une vie démocratique réelle. L’Etat Tunisien est déjà debout, légitimé par le peuple un an après la révolution. MARZOUKI, le chef de cet Etat a choisi d’effectuer son premier voyage à l’étranger au Maroc, signe de la force des liens et des similitudes de la construction démocratique.
Il n’y a absolument aucun rapport entre les situations égyptienne et tunisienne.
Il faut en tenir compte, sinon les médias et les Etats occidentaux, multiplieront les erreurs qui peuvent se révéler tragiques par la suite. 
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