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Malgré les progrès de la vaccination, le trafic aérien mondial reste encore loin des niveaux qui étaient les siens avant la crise sanitaire mondiale. Pour toutes les compagnies aériennes, les temps sont durs. La prestigieuse compagnie aérienne Émirates a annoncé, la semaine dernière, des pertes financières pour la première depuis 30 ans, selon le journal les Echos.
Les pertes d’Émirates, qui fait partie des meilleures compagnies de transport aérien dans le monde, ont atteint plus de 4,5 milliards d’euros. C’est à dire la crise sanitaire mondiale n’a épargné personne dans le secteur du transport aérien même pas les compagnies riches. Émirates a vu le nombre de ses passagers transportés chuter de 88% par rapport l’exercice précédent. Par conséquent, les revenus de la compagnie ont baissé de 66%. Malgré des aides financières ayant atteint les 3.1 milliards de dollars, Émirates n’a pas pu éviter les suppressions d’emploi. La compagnie a dû dégraisser son effectif à hauteur de 31%.
Air Algérie sollicite l’aide de l’État
Si une compagnie aussi prestigieuse qu’Émirates se retrouve dans une telle situation, il semble tout à fait normal qu’Air Algérie traverse elle aussi un long tunnel. Jeudi dernier, une réunion s’est tenue au siège du ministère des Transports entre le ministre et le directeur général par intérim d’Algérie. Avec des pertes estimées en 2020 à 40 milliards de dinars et une longue période d’inactivité, Air Algérie est toujours dans le rouge malgré la reprise partielle de ses activités commerciales depuis un peu plus de trois mois. Selon le communiqué qui a sanctionné la réunion entre le ministre des transports et le DG par intérim d’Air Algérie, la compagnie a demandé une aide financière pour faire face aux charges afin de pouvoir poursuivre son activité. Le ministère des transports n’a pas dit quelle réponse il entendait apporter à cette demande. Mais deux questions se posent : l’État algérien est-il en mesure d’aider financièrement Air Algérie ? Une aide financière de l’État sera-t-elle suffisante pour régler les problèmes d’Air Algérie ? Jusqu’à quand l’activité d’Air Algérie restera- t-elle fortement réduite ?
Que faire ?
« Actuellement, on est à seulement 7 % du trafic normal même après la dernière augmentation du nombre de vols internationaux qui sont actuellement de 32 par semaine, toutes destinations confondues », explique une source au sein de la compagnie aérienne national. Au lieu d’injecter de l’argent, l’État ferait peut-être mieux d’autoriser Air Algérie à reprendre plus de vols et pourquoi pas autoriser plus de destinations, voire rouvrir les frontières en maintenant un protocole sanitaire stricte. « Pour commencer à faire rentrer de l’argent dans les caisses, il faut au minimum reprendre à hauteur de 50 % du trafic habituel », poursuit notre interlocuteur. Il faut savoir que la compagnie aérienne nationale paie des créneaux qu’elle n’utilise pas ou très peu. Difficile de rentabiliser ou de refaire son retard financier avec un tel nombre de vols que celui autorisé actuellement.
Montréal – Alger, une ligne importante pour Air Algérie
Par ailleurs, en centrant les vols principalement sur la France et plus particulièrement Paris, Air Algérie perd un portefeuille clientèle considérable en provenance d’Amérique du Nord au profit des compagnies aériennes européennes. Air France et Lufthansa, qui mobilisent de gros avions pour leurs vols vers l’Algérie, récupèrent les clients algériens venant de ces régions, obligés de passer par l’Europe pour rentrer en Algérie. Or, Air Algérie aurait pu attirer cette clientèle par son vol direct vers Montréal qui ne figure pas sur le programme des dessertes. L’idéal serait de permettre à Air Algérie de reprendre une bonne partie de son trafic normal pour qu’elle puisse retrouver un certain dynamisme. Aider financièrement la compagnie en la contraignant d’opérer un nombre de vols aussi insignifiant serait tout simplement contre-productif.
Par : RACIM NIDHAL
Le Midi Libre, 13/09/2021
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