Algérie : La France instrumentalise le Maroc en vue d’accéder à Gara Djebilet

Dès l’annonce de l’exploitation de la mine sans la France, Paris a changé de stratégie : elle a choisi de se rapprocher de Rabat, de s’aligner sur ses positions et de défier ouvertement l’Algérie sur le dossier du Sahara occidental.

L’hostilité croissante de la France envers l’Algérie n’a rien d’anodin. Quelque chose a basculé.

Paris, qui avait toujours su entretenir un semblant d’équilibre avec Alger, semble avoir perdu tout repère. Les provocations se multiplient, les attaques médiatiques s’intensifient, et surtout, la France a brusquement choisi d’abandonner toute prudence diplomatique pour s’aligner pleinement sur le Maroc.

Pourquoi un tel revirement ? Pourquoi une telle agressivité soudaine ?

Certains y voient une réaction aux tensions mémorielles jamais apaisées, d’autres l’interprètent comme une tentative d’exercer une pression politique sur l’Algérie. Mais la vérité est ailleurs.

Ce n’est pas l’histoire qui a mis la France dans cet état. Ce n’est pas un désaccord de surface. Non. Ce qui a mis Paris hors d’elle, ce qui a déclenché cette spirale d’hostilité, c’est un événement précis.

Un camouflet économique qui a frappé la France en plein cœur, Gara Djebilet

Pendant des décennies, Paris s’était toujours imaginée au centre du projet Gara Djebilet. Ce gigantesque gisement de fer, situé dans la région de Tindouf, à la frontière marocaine, est l’un des plus grands du monde avec une réserve estimée à 3,5 milliards de tonnes de minerai, dont environ 1,7 milliard de tonnes exploitables.

L’Algérie avait toujours reporté son exploitation pour des raisons techniques et logistiques. Mais quand enfin Alger a décidé de lancer le projet… la France a été écartée. Rien. Pas un contrat,  pas une part du marché.  À la place, l’Algérie s’est tournée vers la Chine, la Russie, les États-Unis et la Turquie. C’était un choc pour Paris. Un affront absolu.

Ne plus avoir accès à une ressource aussi stratégique, ne plus être un acteur clé dans une ancienne colonie qui lui assurait jadis des avantages économiques massifs, c’était une gifle que la France n’a pas su encaisser. C’est là que la bascule a eu lieu.

Le Maroc, une carte de secours pour Paris

Privée de Gara Djebilet, la France a cherché un moyen de compenser cette perte. Et c’est là que le Maroc entre en scène.

Dès l’annonce de l’exploitation de la mine sans la France, Paris a changé de stratégie : elle a choisi de se rapprocher de Rabat, de s’aligner sur ses positions et de défier ouvertement l’Algérie sur le dossier du Sahara occidental.

Mais pourquoi ? Parce que le Maroc a toujours eu un intérêt pour Gara Djebilet.

L’historique d’un vieux contentieux

Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, le Maroc a revendiqué plusieurs régions du sud-ouest algérien, dont Béchar et Tindouf.

En 1972, un accord frontalier a été signé entre les deux pays, où l’Algérie reconnaît certaines concessions au Maroc et propose une coopération économique, notamment sur Gara Djebilet. Mais cet accord ne sera jamais ratifié par le Maroc, qui voit en Gara Djebilet une opportunité minière colossale.

En 1975, avec la Marche Verte et la crise du Sahara occidental, tout s’effondre : les relations entre Alger et Rabat se tendent, et la coopération sur Gara Djebilet est définitivement enterrée. Depuis, Rabat n’a jamais cessé de lorgner sur cette mine. Et c’est là que la France a vu une opportunité. Ne pouvant plus accéder à Gara Djebilet du côté algérien, Paris s’est alignée sur Rabat pour être présente de l’autre côté de la frontière.

L’idée est simple, soutenir le Maroc dans sa revendication sur le Sahara occidental pour asseoir une influence dans la région Se positionner aux portes de Gara Djebilet via un partenariat renforcé avec Rabat, fragiliser l’Algérie en l’isolant sur le plan diplomatique et ce n’est pas une simple question géopolitique. C’est une guerre économique dissimulée.

Loin des discours officiels sur la démocratie ou la stabilité régionale, la France cherche avant tout à récupérer un accès aux ressources minières en Algérie en jouant sur la carte marocaine.

Une guerre médiatique et politique pour mettre la pression sur Alger

Mais la manœuvre ne s’est pas arrêtée là. En parallèle de son rapprochement avec Rabat, Paris a déclenché une guerre médiatique et politique contre Alger. Les médias français ont multiplié les attaques contre l’Algérie, cherchant à nuire à son image internationale. Les opposants algériens installés en France ont été largement mis en avant, avec un discours visant à décrédibiliser le pouvoir algérien. Des figures comme Boualem Sansal ont été mises en avant pour alimenter la provocation, allant jusqu’à remettre en cause les frontières algériennes en affirmant que « l’Ouest algérien appartient au Maroc ». Ce type de déclaration, loin d’être anodine, vise directement la région de Gara Djebilet, en légitimant les revendications marocaines sur certaines zones frontalières.

Ce n’est pas une coïncidence. C’est une campagne soigneusement orchestrée pour affaiblir la position algérienne et remettre en cause son autorité sur ses propres ressources.

Un avenir qui dépend des choix de Paris

Dans sa dernière interview avec L’Opinion, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a laissé entrevoir une porte de sortie pour la relation entre Alger et Paris. Il a évoqué la possibilité d’un apaisement, mais a clairement indiqué que cela dépendait du comportement de la France.

« Cela dépend de la France, de ses dirigeants et de la manière dont ils veulent traiter l’Algérie », a-t-il déclaré, mettant en évidence que l’Algérie n’acceptera plus les jeux d’influence d’autrefois. L’Algérie s’impose comme un acteur économique majeur avec des partenaires de premier plan, renforce son influence diplomatique et ne tolère plus les ingérences. Si la France veut préserver un lien avec l’Algérie, elle devra en finir avec cette posture de confrontation et d’ingérence. Sinon, elle regardera l’Algérie s’élever, incapable d’inverser le cours de l’histoire.

Contribution : Lotfi Yagoubi

Source : Jeunesse d’Algérie, 04/02/2025

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