Maroc Leaks : Le retrait de la confiance du Maroc envers Ross a poussé les États-Unis à évoquer les droits de l’homme au Sahara occidental

L'ambassadeur américain a avoué que les sentiments malheureux liés au retrait de confiance du Maroc à Christopher Ross, l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, peuvent avoir motivé le changement d'approche des Etats-Unis.

Une réunion à huis clos entre un ministre délégué et l’ambassadeur des États-Unis, le 10 avril 2013, a révélé le plan des États-Unis de promouvoir un mécanisme de surveillance des droits de l’homme dans le mandat de la MINURSO pour le Sahara, couvrant à la fois le Sahara marocain et les camps de Tindouf. Cette démarche, influencée par le rapport du Secrétaire général, la visite de Kerry Kennedy et la résistance perçue du Maroc, suscite des tensions importantes et conseille au Maroc de ne pas s’y opposer publiquement, mais de privilégier plutôt des consultations privées.

Compte rendu de la réunion interne : L’ambassadeur des États-Unis sur la résolution à venir du Sahara

Le ministre délégué a tenu une réunion confidentielle à huis clos avec l’ambassadeur des États-Unis, Samuel Kaplan, le 10 avril 2013. Les discussions portaient sur la prochaine résolution du Conseil de sécurité concernant le Sahara et la MINURSO, ainsi que sur les nouvelles propositions devant être introduites dans le texte.

En vue des consultations à venir du Conseil de sécurité sur la MINURSO, prévues pour le 22 avril, l’ambassadeur des États-Unis a informé le ministre délégué des modifications que la délégation américaine à l’ONU souhaite apporter au mandat de la MINURSO. La délégation américaine prévoit de promouvoir une proposition visant à introduire un mécanisme de surveillance des droits de l’homme dans le mandat de la MINURSO, qui sera mis en œuvre par une tierce partie indépendante. Ce mécanisme de surveillance observera les conditions des droits de l’homme à la fois dans le Sahara marocain et dans les camps de Tindouf. Par souci de transparence, l’ambassadeur des États-Unis a précisé qu’il n’avait connaissance que des États-Unis comme étant le seul pays à faire avancer cette proposition.

L’ambassadeur des États-Unis a précisé qu’il existait suffisamment de preuves concernant les violations des droits de l’homme au Sahara pour justifier cette décision, d’autant plus que ce problème demeure une question en suspens. Le rapport récemment publié par le Secrétaire général sur le Sahara contient un langage sur les droits de l’homme qui diffère de celui du rapport précédent. Des lignes supplémentaires ont été ajoutées aux paragraphes 115-116 du rapport, absentes du paragraphe 106 du rapport de l’année précédente. De plus, l’influence considérable du rapport de Kerry Kennedy suite à sa visite à Laâyoune et l’arrivée d’un nouveau secrétaire d’État ont joué un rôle dans cette décision. La visite de Kerry Kennedy (de la Fondation RFK) a eu un effet plus important sur les décideurs américains que prévu initialement par l’ambassadeur des États-Unis. De plus, l’ambassadeur des États-Unis a avoué que les sentiments négatifs provoqués par le retrait de confiance du Maroc envers Christopher Ross, envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, ont peut-être motivé le changement d’approche des États-Unis. La décision des États-Unis de promouvoir ce mécanisme de surveillance des droits de l’homme est ferme et il ne servira à rien pour le Maroc de tenter de discuter avec la délégation américaine à New York.

Dans un esprit d’amitié entre les deux pays, l’ambassadeur des États-Unis a conseillé au Maroc de ne pas résister à cet appel, d’éviter de rendre l’affaire publique et de contenir l’histoire pour éviter qu’elle fuite dans la presse et dans l’Agence Maghreb Presse (MAP). La chose la plus sage à faire, selon l’ambassadeur, serait de discuter avec les alliés du Maroc au Conseil de sécurité, qui seront probablement eux-mêmes contrariés par cette nouvelle, et de permettre au mécanisme de surveillance des droits de l’homme d’être mis en œuvre par l’équipe actuelle de la MINURSO, plutôt que par une tierce partie indépendante.

Le ministre délégué a affirmé avoir anticipé un aspect des droits de l’homme dans la résolution à venir, mais a exprimé sa surprise d’apprendre que la délégation américaine allait faire avancer une proposition. Selon l’ambassadeur des États-Unis, aucun texte officiel de la proposition n’est disponible, mais il sera rendu public lors des consultations du Conseil de sécurité le 22 avril. Abordant la question des droits de l’homme, le ministre délégué a souligné les nombreuses avancées irréversibles du Maroc dans ce domaine, y compris le procès de Gdeim Izik et les soutiens de Sa Majesté le Roi Mohammed VI aux recommandations de la CNDH sur l’utilisation des tribunaux militaires, la CNDH et son rôle dans la promotion des droits de l’homme au Maroc, ainsi que les procédures spéciales de l’ONU. De plus, le ministre délégué a exprimé l’irritation ressentie par le Maroc en raison de la pénalisation continue dont il fait l’objet, malgré ses efforts constants. En réponse, l’ambassadeur des États-Unis a souhaité expliquer la perception internationale, indiquant que le Maroc ne dispose pas d’un aspect « indépendant » des droits de l’homme dans ses démarches, d’où la raison de la proposition d’un mécanisme de surveillance.

L’ambassadeur des États-Unis comprend que le Maroc puisse être déstabilisé par une telle nouvelle et puisse adopter un discours de type « qu’ils viennent », mais le déconseille vivement. Une telle position pourrait être perçue comme « arrogante » et « défiant ». Au contraire, la question doit être abordée avec tact et soin, en optant pour des discussions et des consultations afin d’arriver à une proposition finale qui ne minimise pas les progrès déjà réalisés par le Maroc sur cette question. L’aspect positif, selon l’ambassadeur des États-Unis, d’un tel mécanisme de surveillance des droits de l’homme est l’inclusion des camps de Tindouf dans le mécanisme de surveillance, ce qui jouera en faveur du Maroc. À cela, le ministre délégué a clairement indiqué que cette addition au mandat de la MINURSO est un bonus pour l’Algérie et une pénalisation pour le Maroc.

La nouvelle de l’introduction par les États-Unis du mécanisme de surveillance des droits de l’homme sera annoncée à New York, aujourd’hui, le 10 avril 2013, à 14h30, heure locale, au moment où l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Mohamed Loulichki, recevra la délégation américaine. Ainsi, l’aspect confidentiel de cette information est crucial.

Destinataires :
Monsieur le Ministre
Monsieur le Secrétaire Général
Monsieur le Directeur des Nations Unies
Monsieur le Directeur des Questions Globales
Madame le Directeur des Affaires Américaines
Mission Permanente de New York
Ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Washington

Source :

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