Tunnel sous-marin entre l’Espagne et le Maroc prend forme

Le projet initial prévoit un tunnel pour le transport des passagers et des marchandises via des TGV entre l'Espagne et le Maroc.

Après 45 ans de planification et d’attente, le projet ambitieux visant à relier l’Espagne et le Maroc par un tunnel sous-marin semble enfin entrer dans une phase décisive. Le projet prévoit une ligne de train à grande vitesse (AVE) reliant Punta Paloma à Cadix et Punta Malabata près de Tanger.

De nouveaux développements techniques et diplomatiques ramènent le projet tant attendu de liaison sous-marine sous le détroit de Gibraltar à l’ordre du jour. Cette relance est en grande partie attribuée aux efforts du ministre espagnol des Transports, Óscar Puente, qui a revitalisé les contacts avec le Maroc. Depuis, les deux pays travaillent ensemble sur un plan réalisable. Du côté espagnol, la coordination est assurée par la Sociedad Española de Estudios para la Comunicación Fija del Estrecho de Gibraltar (Secegsa). Leur homologue marocain, la Société Nationale d’Études du Détroit de Gibraltar (SNED), participe également activement aux préparatifs.

Conception préliminaire

Le projet initial prévoit un tunnel capable de transporter à la fois des passagers et des marchandises via des trains à grande vitesse. À une étape ultérieure, une deuxième galerie pourrait être construite pour séparer les flux de trafic dans des directions opposées. Ce projet promet une liaison plus rapide entre l’Europe et l’Afrique du Nord que l’actuelle liaison par ferry. Il devrait également donner un coup de fouet considérable au commerce et au tourisme dans les régions où le tunnel débouchera, de part et d’autre.

Faisabilité technique

Bien que prometteur, le projet soulève plusieurs questions concernant sa faisabilité. Les experts évoquent plusieurs défis, notamment les courants océaniques puissants dans le détroit de Gibraltar, qui pourraient compliquer la construction et l’entretien. De plus, l’activité sismique dans la région constitue un risque majeur, tant pendant la construction que lors de l’exploitation du tunnel. Le coût considérable du projet suscite également des doutes quant à sa rentabilité économique à long terme. Par ailleurs, des organisations environnementales s’inquiètent de l’impact sur l’écosystème fragile du détroit, qui pourrait être endommagé par ces travaux d’infrastructure à grande échelle.

Malgré ces préoccupations, la société Herrenknecht Ibérica étudie actuellement en détail la faisabilité technique d’un tunnel sous le détroit de Gibraltar. Filiale du groupe allemand Herrenknecht, cette entreprise a déjà mené à bien des projets de tunnels impressionnants, notamment les tunnels de la M-30 à Madrid et la liaison sous-marine du Bosphore en Turquie.

Défis et études en cours

L’un des principaux obstacles est le seuil de Camarinal, une crête sous-marine large de 25 kilomètres et profonde de 300 mètres, composée de structures géologiques complexes. Le contrat actuel, d’un montant de 296 000 euros, porte exclusivement sur une étude de faisabilité. Cette étude devrait fournir des informations cruciales pour la planification ultérieure et se terminer en juillet 2025.

Sécurité et planification

Une étape clé du projet a été l’installation de quatre sismomètres sous-marins pour surveiller l’activité sismique dans la région. Ce contrat est supervisé par la marine espagnole, et les mesures seront effectuées entre avril et septembre 2025, lorsque les conditions météorologiques seront optimales.

L’objectif initial d’ouvrir le tunnel en 2030 semble trop ambitieux. Les deux pays espéraient cette échéance pour coïncider avec l’organisation conjointe, avec le Portugal, de la Coupe du monde de football 2030. La liaison aurait facilité le transport des équipes et des spectateurs. Cependant, les experts estiment que l’infrastructure ne pourrait être opérationnelle qu’en 2040 au plus tôt, en raison de la complexité et de la longue phase de préparation.

Une ambition de longue date

Depuis que le Maroc et l’Espagne ont signé en 1979 une déclaration commune d’intention pour un tunnel sous-marin, de nombreuses propositions ont vu le jour, sans jamais aboutir. Le 24 octobre 1980, les organismes publics SNED au Maroc et Secegsa et Cetmo en Espagne ont été créés pour accélérer le projet. Depuis, les travaux se sont concentrés sur l’étude des conditions physiques complexes du détroit, les avancées technologiques, les flux commerciaux et la faisabilité financière de ce défi immense. Une dizaine de forages maritimes ont déjà confirmé les caractéristiques géologiques instables de la région. La seule conclusion claire des études menées jusqu’à présent est qu’un pont ou un tunnel reposant sur le fond marin semble impossible.

Cependant, les ingénieurs impliqués restent optimistes grâce aux nouvelles perspectives qu’offre le progrès technologique dans l’industrie des tunnels.

#Maroc #Espagne #Gibraltar #tunnel #TGV

Visited 34 times, 2 visit(s) today

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*