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Une délégation française en visite au Maroc avec le président Emmanuel Macron a dévoilé mardi des projets d’investissement dans le Sahara occidental contesté, dans le cadre d’une série d’accords et de partenariats entre les deux pays.
Des projets à Dakhla et dans la région de Guelmim-Oued Noun font partie des initiatives d’une valeur de 10 milliards d’euros (10,8 milliards de dollars) annoncées lors de la visite de trois jours de Macron à Rabat. Ces projets incluent des accords pour développer et étendre les infrastructures d’énergie renouvelable et de transport dans l’ensemble du royaume nord-africain.
Dans un discours de 40 minutes devant le parlement marocain, Macron a déclaré que ce changement de politique de la France dans ce territoire contesté contribuerait à écrire un nouveau chapitre dans les relations proches mais délicates entre la France et son ancienne colonie, avec laquelle elle conserve des liens économiques profonds.
« Le présent et l’avenir du (Sahara occidental) s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine », a-t-il déclaré devant un auditoire applaudi au Parlement marocain.
Se référant à une lettre de juillet adressée au roi Mohammed VI pour annoncer la position de la France, Macron a qualifié le plan marocain d’octroyer une autonomie – et non l’indépendance – aux Sahraouis autochtones de « seule » base pour résoudre le conflit de plusieurs décennies.
Dans un discours ultérieur à l’Université internationale de Rabat, Macron a de nouveau souligné que plusieurs des projets annoncés – y compris ceux de l’agence de développement française, l’AFD – concernaient le territoire contesté.
Le Sahara occidental est une ancienne colonie espagnole en Afrique du Nord-Ouest d’une superficie approximative de celle du Royaume-Uni, revendiquée à la fois par le Maroc et par le Front Polisario pro-indépendant, basé en Algérie, qui gouverne une étroite bande de territoire située au-delà d’un mur de sable construit par le Maroc.
Les Nations Unies considèrent ce territoire comme « non autonome » et, depuis la négociation d’un cessez-le-feu en 1991, financent une mission de maintien de la paix visant à organiser un référendum permettant au peuple sahraoui de déterminer l’avenir de la région.
Après des années de blocages quant aux participants autorisés à ce vote, le Maroc a dévoilé un plan en 2007 pour accorder une autonomie à la région, sans indépendance. Le conflit, souvent oublié en dehors de l’Afrique du Nord-Ouest, est resté en sommeil jusqu’à ce que le Front Polisario se retire du cessez-le-feu en 2020, provoquant ce que l’ONU a qualifié de « faibles hostilités » entre les deux camps.
À cette période, le Maroc a intensifié ses efforts pour recruter le soutien de ses partenaires politiques et économiques à son plan. Bien que la France ait historiquement été le principal membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies à soutenir les revendications marocaines, elle était en retard par rapport à des pays comme les États-Unis, Israël et l’Espagne pour appuyer le plan d’autonomie.
Le Polisario et ses alliés, principalement l’Algérie, ont protesté contre les démarches du Maroc, estimant qu’elles transforment le territoire contesté sur les plans démographique et économique tant que le conflit reste non résolu.
Les investissements français permettront d’étendre l’empreinte du Maroc sur les 80 % du territoire sous son contrôle, complétant ses efforts pour développer la région et encourager les Marocains d’autres régions à s’y installer.
L’agence française de développement allouera 25 millions d’euros (27 millions de dollars) pour financer le développement de Guelmim-Oued Noun, dont une partie se situe à l’extrémité nord du territoire contesté.
Dans le cadre de la visite visant à « accélérer » les partenariats entre la France et le Maroc, MGH Energy — une entreprise française spécialisée dans la décarbonisation des transports aériens et maritimes — prévoit également de s’associer à un distributeur de gaz marocain pour produire du carburant près de Dakhla, la deuxième plus grande ville du Sahara occidental contesté.
Le projet convertira l’énergie éolienne et solaire en hydrogène vert, utilisé pour transformer le dioxyde de carbone stocké en carburant synthétique. Le méthanol recyclé sera vendu comme carburant pour les navires, tandis que le kérosène recyclé sera vendu comme carburant pour les avions.
La production de carburants renouvelables pourrait aider l’Europe à atteindre ses objectifs de réduction des émissions et de neutralité carbone dans les années à venir. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les transports représentent plus de 20 % des émissions de carbone dans le monde.
Le président de MGH Energy, Jean-Michel Germa, a déclaré dans un communiqué que le projet « ouvrira la voie à la distribution à grande échelle de carburant synthétique renouvelable produit au Maroc ».
Pour lancer sa première phase d’opérations d’ici 2030, l’entreprise prévoit d’investir 4,8 milliards d’euros (5,2 milliards de dollars). L’année 2030 coïncide avec l’ouverture prévue du port atlantique en construction à Dakhla, permettant les exportations du Maroc et de ses voisins d’Afrique de l’Ouest.
Cependant, la légalité des exportations de produits fabriqués dans ce territoire contesté a été remise en question plus tôt ce mois-ci par une décision de la Cour de justice européenne annulant d’anciens accords commerciaux. La cour a statué que les accords entre l’Union européenne et le Maroc concernant les produits en provenance du territoire contesté doivent obtenir le consentement du peuple sahraoui.
On ignore comment les projets français comptent respecter les décisions et consulter les Sahraouis, dont beaucoup vivent dans des camps de réfugiés dans le sud-ouest de l’Algérie depuis 1975.
Associated Press
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