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Par Mohamed Habili
Yahya Sinwar est tombé mercredi dernier, à Rafah, dans un affrontement fortuit avec de quelconques fantassins israéliens, mais Israël n’a su sa liquidation que le lendemain, parce des soldats venus inspecter les lieux ont cru le reconnaître dans un corps à moitié enfoui dans les décombres. Ils ne seraient pas venus voir pour une raison ou pour une autre, Israël aurait continué à croire qu’il était encore vivant, à le chercher, à écraser sous les bombes tout endroit où il était susceptible de se trouver, à exiger sa reddition.
L’homme le plus recherché par lui, celui qu’il considérait comme son pire ennemi, et le cerveau du 7-Octobre, a été abattu sans qu’il le sache. Il a fallu qu’une photo de lui mort circule sur les réseaux sociaux, pour que les services israéliens s’en alarment, et fassent le nécessaire pour savoir si ce mort qui en effet ressemble tant à Sinwar est bien Sinwar.
Le combattant d’une cause juste mort les armes à la main, y a-t-il fin plus honorable, plus digne ? Jamais Netanyahou n’en connaîtra une de pareille, lui que tout le monde, Israéliens et non Israéliens, soupçonnent de prolonger la guerre entre autres pour ne pas finir en prison pour faits de corruption. Israël avait planifié pour son pire ennemi une tout autre fin.
Une force spéciale au sol, des avions volant à basse altitude et déversant des tonnes et des tonnes de bombes, les deux agissant de concert sur un renseignement fourni par un traître, comme cela s’était passé lors de l’assassinat de Hassan Nasrallah dans la banlieue sud de Beyrouth : voilà la mort qu’Israël aurait préféré lui donner.
Lui-même pour l’éviter, racontait-on, se trouverait tout le temps dans les tunnels de Ghaza entouré de captifs israéliens, comme d’autant de boucliers humains. Mais finalement, cela n’était que tromperie, calomnie, campagne incessante de dénigrement. Sinwar était à ce point un combattant comme un autre que lorsqu’il est tombé, Israël n’a pas su qu’il en avait fini avec lui. Avec lui personnellement, physiquement, car pour ce qui est de son héritage, et de son exemple, Israël devra encore compter avec eux.
Pas d’otages dans les parages, pas de garde prétorienne, mais juste deux compagnons tombés en même temps que lui. Sinwar de son vivant déjà appartenait à la légende. Personne n’ignorait qu’il ne s’en sortirait pas vivant. Qu’israéliens, Américains, et autres, travaillaient sans arrêt à sa perte, mettant en œuvre à cet effet tous leurs moyens de détection, payant grassement tout renseignement pouvant conduire jusqu’à lui.
Mais quand cet homme a rencontré son destin, ils n’étaient pas là pour relever le fait. Et maintenant qu’il n’est plus là, à quoi faut-il s’attendre ? Même parmi ceux qui ne le poursuivaient pas de leur haine, il s’en trouve pour l’heure qui pensent que sa disparition est une chance dont il faut tirer profit. Israël étant maintenant débarrassé de son pire ennemi serait maintenant plus disposé à accepter le cessez-le-feu réclamé par tout le monde mais que lui-même a obstinément refusé pendant toute une année de guerre.
Or si Israël arrêtait la guerre génocidaire qu’il mène à Ghaza depuis plus qu’une année, c’est la cause même à l’origine de la guerre avec le Hezbollah qui serait annihilée, si bien que la paix embrasserait également le Liban. Rien de tel n’a transparu dans le discours des responsables israéliens, qui tous au contraire ont tenu à dire que la guerre n’était pas finie.
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