Sahara Occidental : Ce que de Mistura a dit au Conseil de Sécurité

De Mistura propose de revoir les modalités de la facilitation par les Nations Unies du processus politique sur le Sahara occidental

Sur le Maroc et l’Algerie :

La situation actuelle entre l’Algérie et le Maroc, avec la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays et d’autres manifestations de tension. Celà est une source de préoccupation permanente et ne contribue pas à la résolution de la question du Sahara occidental.

Nous devons surmonter cet état d’hostilité si nous voulons renforcer l’intégration de la région dans son ensemble – un facteur qui pourrait à la fois faciliter et bénéficier des progrès sur le dossier du Sahara occidental.

C’est une priorité que j’entends régulièrement entre autres lieux à Nouakchott 🇲🇷, autre capitale régionale où je reste assuré de la ‘neutralité positive’ de la Mauritanie sur le dossier, et de sa disponibilité à aider le moment venu.

Sur la décision de la court de justice de l’UE :

En tant que fonctionnaire du Secrétariat de l’ONU, je ne suis pas en mesure de commenter le fond d’une décision juridique concernant les relations commerciales bilatérales.

Je ferais cependant observer que le simple fait qu’une telle décision ait été prise par la Cour européenne de justice rappelle une fois de plus que l’absence de résolution politique à la question du Sahara occidental, conformément à la résolution 2703 (2023), a des implications.

Sur sa rencontre avec Nasser Bourita :

Lors de notre dernière réunion, le ministre marocain des Affaires étrangères Bourita a insisté une fois de plus sur le fait que l’initiative d’autonomie de 2007 reste « la fin du jeu et non le point de départ du processus. »

Selon lui, cela devrait faire l’objet de négociations avec la participation du Front Polisario, de l’Algérie 🇩🇿 et de la Mauritanie 🇲🇷 en plus du Maroc

Sur le plan de partition:

Permettez-moi donc, dans un esprit de franchise totale, d’être plus précis sur certaines des options qui, selon moi, existent, sur lesquelles j’ai travaillé ces derniers mois.

D’une part, je dois vous informer que j’ai discrètement revisité et élargi avec toutes les parties concernées le concept de partition du territoire, déjà évoqué par mon prédécesseur, James Baker, il y a plus de 20 ans

Une telle option pourrait s’appuyer sur les limites de la partie du Sahara occidental contrôlée par la Mauritanie, dans le cadre d’un accord avec le Maroc, entre 1976 et 1979.

Plus précisément, la frontière était alors définie comme une ligne droite partant de l’intersection du littoral et le 24ème parallèle nord, en passant par l’intersection du 23ème parallèle nord et du 13ème méridien ouest, et en continuant jusqu’aux frontières préexistantes de la Mauritanie

Une telle option pourrait permettre la création, d’une part, d’un État indépendant dans la partie sud, et, d’autre part, l’intégration du reste du territoire au Maroc, dont la souveraineté serait internationalement reconnue.

Dans l’éventualité d’un tel compromis, cela pourrait être un moyen de concilier à la fois les revendications d’indépendance et le projet d’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine, tout en permettant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, qui bénéficierait dans ce cas de la possibilité de décider où ils veulent vivre et dans quel type d’environnement politique

Bien qu’au cours de mes consultations certains pays de la région et au-delà aient exprimé un certain intérêt pour cette possibilité de division du territoire, je dois signaler que je n’ai reçu jusqu’à présent aucun signe de volonté d’envisager une exploration plus approfondie de ce territoire, ni de la part du Maroc ni de Front Polisario

Je le regrette : cette idée de rapprochement me semble mériter d’être prise en compte, dans le cadre d’une éventuelle solution mutuellement convenue, et j’étais prêt à y travailler.

Je dois donc prendre note de la position négative actuelle du Maroc et du Front Polisario à l’égard d’une telle option, alors que, par souci de transparence, j’estime qu’il est de mon devoir d’en informer le Conseil

Sur le plan du Front Polisario:

Il nous reste donc les deux documents qui ont été publiés en 2007.

Celui remis par le Front Polisario reste très reflété dans les positions que le Secrétaire général Ghali m’a récemment répétées et que je viens de vous transmettre.

Comme vous le savez, le Maroc refuse de prendre en considération ce document.

Cependant, le Conseil de sécurité en a pris note dans ses récentes résolutions, et ses dispositions concernant l’autodétermination trouvent écho dans les positions prises par un certain nombre d’acteurs internationaux.

Sur le plan d’autonomie marocain :

Cependant, si le concept d’autonomie a suscité de l’intérêt et si le plan marocain de trois pages semble gagner du terrain au niveau bilatéral, je pense que cela crée également une attente, peut-être même un droit, de mieux comprendre ce que ce plan implique.

Un droit pour les personnes concernées de mieux comprendre ce qui est proposé. C’est un droit pour ce Conseil, le Secrétaire général des Nations Unies et moi-même d’évaluer les détails de la voie à suivre possible. Et même un droit pour les pays ayant exprimé leur soutien à l’initiative de savoir exactement ce qu’elle prévoit.

Il reste également à expliquer comment cette option, l’autonomie, permettrait au peuple du Sahara occidental d’exercer une forme crédible et digne d’autodétermination, et selon quelles modalités.

Je continue de croire, sans préjudice de la solution retenue pour un règlement de la question du Sahara occidental, que le moment est venu pour moi et pour tous les interlocuteurs d’explorer les modalités que le Maroc envisage concrètement.

Pour que cette exploration ait lieu, il est donc nécessaire que le Maroc détaille sa vision. Je me sens réconforté à cet égard par le fait que j’ai compris, lors de ma consultation individuelle avec le ministre Bourita à la fin de notre réunion à New York le mois dernier, qu’il apprécie le besoin urgent d’expliquer et de développer leur plan d’autonomie initial de 2007.

J’espère sincèrement qu’il sera possible de réaliser des progrès au cours de ces six mois, où nous pourrons envisager la réalisation d’une solution juste, durable et mutuellement convenue qui prévoit l’autodétermination des peuples des pays occidentaux.

Cela dit, s’il ne m’était pas possible de vous faire part de progrès significatifs et de clarifications en avril 2025, je crains que cela ne soulève à juste titre des questions quant aux modalités futures de la facilitation par les Nations Unies du processus politique sur le Sahara occidental, et pourrait fournir c’est pour moi une raison de suggérer au Secrétaire général de réévaluer si nous avons la possibilité et la volonté de continuer à être utiles dans de telles circonstances.

Par conséquent, les six prochains mois seront un test pour moi et pour tout le monde.

#SaharaOccidental #Maroc #Polisario #ONU #StaffanDeMistura

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