Au sujet du renforcement des capacités diplomatique du Maroc en Afrique

Dans le cadre du renouveau diplomatique du Maroc en Afrique, la dimension économique devra occuper une place importante, de par les possibilités qu’elle offre en matière de renforcement du positionnement et des interdépendances auprès des pays africains partenaires.

Rabat, le 3 juin 2013

Note à l’attention de Monsieur le Ministre

L’Afrique concentre l’attention du monde entier, qui a pu observer le rythme soutenu de la croissance économique de ce continent au cours de ces dernières années. L’Afrique est aujourd’hui, plus que par le passé, devenue la nouvelle frontière de l’économie mondiale.

Cette situation se reflète, en effet, dans le rush de toutes les puissances vers le continent africain. Le renforcement de la présence diplomatique et la multiplication des partenariats avec ce Continent (Chine-Afrique, Japon-Afrique, Brésil-Afrique, Turquie-Afrique, Union Européenne-Afrique..), en sont la preuve.

« Qui dominera l’Afrique, dominera le monde ». Cette citation prend aujourd’hui dans un monde en panne de croissance, toute sa dimension.

Pour notre pays, l’Afrique n’est pas seulement un débouché pour le commerce et l’investissement. Mais c’est en Afrique que le Maroc trouve la profondeur de son rayonnement stratégique et le lieu de son expression politique.

Les difficultés rencontrées par notre pays dans l’affaire du sahara trouvent leur origine, en grande partie, dans la position hostile prise dans les années 70 et 80 par nombreux pays africains. Cette tendance a certes été atténuée, mais il n’en demeure pas moins que 18 pays, soit le tiers des pays africains, continuent à reconnaître la soi-disant « rasd » et à la défendre farouchement.

Depuis son intronisation, Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, que Dieu l’Assiste, a hissé l’Afrique comme priorité stratégique de la politique extérieure du Maroc. Cette Haute Orientation et malgré les efforts engagés, n’arrive pas à trouver sa pleine traduction au niveau diplomatique, qui nécessite un renouveau conceptuel et un renouvellement des instruments d’accompagnement.

Les Ambassades du Maroc en Afrique continuent à être les moins bien dotées en ressources comparativement aux Ambassades, notamment, en Europe.

Le Sénégal, la Cote d’Ivoire, le Gabon, le Cameroun et le Burkina Faso sont pour notre pays d’une importance capitale.

Les postes en Afrique sont perçus encore comme une affectation de seconde zone, les indemnités et les dotations budgétaires ne sont pas motivants. Le budget « action diplomatique » est dans sa quasi-totalité affecté aux postes diplomatiques en Europe et en Amérique.

Les Ambassadeurs sont une pièce maîtresse de toute action diplomatique. Leur rôle est primordial et conditionne l’échec ou la réussite de toute entreprise d’envergure. Il convient donc que ceux affectés en Afrique soient en mesure de traduire dans les faits les ambitions diplomatiques de notre pays.

De plus, le Maroc ne peut indéfiniment continuer à tourner le dos à l’Afrique Australe et Orientale. Six Ambassades seulement pour vingt quatre pays, c’est un ratio très bas pour prétendre renverser le rapport de force actuellement très favorables au camp adverse.

L’inversion de cette situation et une condition sine qua non pour la réussite de toute stratégie vers l’Afrique. Il faudrait procéder à la nomination d’Ambassadeurs chevronnés et de personnel expérimenté partout où cela est nécessaire à Dakar, Libreville, Abidjan, Ouagadougou, Yaoundé et Addis-Abeba.

La Mission du Maroc à Addis-Abeba est réduite à sa plus simple expression alors qu’elle devrait être au diapason des représentations diplomatiques à Genève, Bruxelles ou New York.

De même qu’il faudrait doter ces Missions de moyens conséquents leur permettant de jouer pleinement leurs rôles.

Il faudrait également procéder à l’ouverture d’Ambassades, même embryonnaires dans un premier temps, en Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Rwanda, Namibie et Mozambique (le budget moyen d’une Ambassade ne dépasse pas trois millions de dirhams et n’est pas au dessus des moyens de notre pays).

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Mise en place d’un Conseil Stratégique pour les intérêts économiques du Maroc en Afrique

Objet : Mise en place d’un Conseil Stratégique pour les intérêts économiques du Maroc en Afrique

Dans le cadre du renouveau diplomatique du Maroc en Afrique, la dimension économique devra occuper une place importante, de par les possibilités qu’elle offre en matière de renforcement du positionnement et des interdépendances auprès des pays africains partenaires.

Ce renouveau diplomatique est certes dicté par les grands défis qui pèsent sur l’Afrique (sécurité, changements climatiques, migration, développement…), par le jeu de puissance et d’influence auquel se prêtent les « puissances locales » africaines, ainsi que par les convoitises que suscite l’Afrique auprès de puissances étrangères (anciennes et émergentes). Il n’en demeure pas moins qu’il permet de repositionner le Maroc à l’avant-garde d’un agenda africain moderne et de promouvoir sa vision d’un partenariat Sud-Sud, agissant et solidaire.

Le renforcement de la dimension économique de la diplomatie du Maroc en Afrique passe fondamentalement par la mise en place d’une sorte de Conseil Stratégique informel pour accompagner la projection d’intérêts économiques et commerciaux en Afrique.

Ce Conseil Stratégique qui pourra être placé sous l’autorité du Ministre des affaires Etrangères, pourra associer les départements ministériels concernés (Finances, Commerce et Industrie, Agriculture, Santé, Enseignement Supérieur, Transport, Energie et Mines), les établissements publics (Maroc Export, Office des Foires, ONEE, OCP, RAM, OFPPT), les représentants du secteur privé (CGEM, Groupement bancaire, grandes entreprises nationales), les universitaires (Centre d’études africaines).

Il aura pour missions principales :

(i) La définition d’une stratégie économique du Maroc en Afrique

(ii) L’examen des possibilités de coopération avec les entreprises françaises, espagnoles et européennes pour intervenir de façon conjointe et coordonnée en Afrique ;

(iii) La capitalisation sur les multiples possibilités de financements offertes par les bailleurs de fonds internationaux ( BAD, Banque Mondiale, UE, BEI …)

(iv) Le suivi des actions engagées pour renforcer la présence économique en Afrique

(v) L’accompagnement des entreprises marocaines

(vi) La promotion des instruments de coopération et des facilités

#Maroc #Afrique #Diplomatie #Economie

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