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6 Mai 2014 : Lettre annonçant au Conseil de Sécurité que Ban Kimoon vient de nommer la canadienne Kim Bolduc à la tête de la MINURSO
Objet : Sahara marocain/ lettre concernant la nomination au poste de Représentant Spécial.
Faisant suite aux correspondances citées en référence, j’ai l’honneur de vous faire parvenir ci-joint, la lettre que le Secrétaire Général vient d’adresser aux membres du Conseil de Sécurité, les informant de son intention de nommer Mme Kim Bolduc (Canada), au poste de Représentant Spécial et Chef de la MINURSO, en remplacement de M. Wolfgang Weisbrod-Weber, qui terminera son mandat le 31 Juillet 2014.
Cette intention de nomination est sous une procédure de non objection des membres du Conseil, jusqu’à Jeudi 8 Mai 2014, à Ih30 pm.
Le CV de Mme Bolduc est joint à cette lettre.
Haute considération
Représentant Permanent Adjoint
Abderrazzal Laassel
To His Excellency
Mr. Oh Joon
Président of thé Security Council
New York
6 May 2014
Dear Mr. Président,
I have the honour to refer to thé United Nations Mission for the Référendum in Western Sahara (MINURSO), established by Security Council resolution 690 (1991) of 29 April 1991, and most recently extended by resolution 2152 (2014) of 29 April 2014.
Following the usual consultations, I would like to inform you of my intention to appoint Ms. Kim Bolduc (Canada) as my Spécial Représentative for Western Sahara .and Head of MINURSO. She replaces Mr. Wolfgang Weisbrod-Weber .(Germany) who will complète his assignment on 31 July 2014. I would like to take this opportunity to express my gratitude to Mr. Weisbrod-Weber for his dedication and effective leadership of MINURSO.
I should be grateful if you would bring this matter to the attention of the members of thé Security Council.
Please accept, Mr. Président, the assurances of my highest considération.
BANKi-moon
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15 mai 2014 : Lettre du Maroc protestant contre la nomination de Kim Bolduc
Monsieur le Secrétaire Général,
J’ai l’honneur de me référer à votre lettre en date du 6 mai 2014 par laquelle vous informez de votre intention de nommer Madame Kim Bolduc comme Représentante spéciale pour le Sahara et chef de la MINURSO.
A cet égard, le Royaume du Maroc souhaite souligner les points suivants :
1- La nomination du Représentant spécial relève bien entendu de votre compétence. Toutefois, l’accomplissement de son mandat et le bon déroulement de sa mission demeurent tributaires de l’engagement et de la coopération des parties concernées. Aussi, un processus d’information et de consultation préalablement à cette nomination aurait été de nature à faciliter la réussite de cette mission.
2- Le Maroc a toujours considéré que la structure et la hiérarchie de la MINURSO, notamment la nomination de son chef, devrait, tout naturellement, tenir compte de l’évolution importante de son mandat qui est, aujourd’hui, essentiellement centrée sur la surveillance du cessez le feu, tandis que le processus politique est facilité par l’Envoyé personnel. De ce fait, la nomination d’un Représentant spécial devrait se faire à l’aune de la présence d’un Commandant des forces militaires (qui représente 85.12% de la MINURSO) et d’un Envoyé personnel qui gère le processus politique.
3- L’action du Représentant spécial et de l’Envoyé personnel, comme cela a été confirmé au cours de votre entretien avec Sa Majesté le Roi Mohammed VI, devrait se faire dans le strict respect de leurs mandats respectifs tels que définis dans les résolutions successives du Conseil de Sécurité sur le Sahara marocain. Plus particulièrement, le mandat de la MINURSO concerne deux aspects, à savoir, la surveillance du cessez le feu et l’appui logistique dans la conduite des mesures de confiance. Le Royaume du Maroc tirera toutes les conséquences qui pourraient s’imposer face à tout écart ou dépassement de ce mandat.
C’est dans ce contexte que le Royaume du Maroc prend note de cette nomination.
Veuillez agréer, Monsieur le Secrétaire Général, l’expression de ma haute considération.
M. Ban Ki–Moon
Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies
New York
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8 Septembre 2014 : Lettre d’Omar Hilale sur son entretien avec Chef de Cabinet du Secrétaire Général et Kim Bolduc, Représentant Spécial du Secrétaire Général pour le Sahara
Objet : Question nationale/Rencontre avec Mmes Susana Malcorra et Kim Bolduc.
Suite à ma correspondance citée en référence, j’ai l’honneur de vous informer que comme convenu,
j’ai eu, ce midi, une séance de travail avec Mmes Susana Malcorra, Chef de Cabinet du Secrétaire Général et Kim Bolduc, Représentant Spécial du Secrétaire Général pour le Sahara, et ce dans le bureau de la première. Cette rencontre avait un double objectif: mettre Mme Bolduc devant ses responsabilités en lui exposant clairement, devant témoin, les paramètres de la mise en oeuvre de son mandat et, sceller une compréhension identique de sa mission.
Ci-après le compte rendu détaillé de nos échanges durant cette réunion:
1. Introduction par Mme Malcorra :
* Mme Bolduc est une bonne amie, que je connais depuis longtemps. Elle a passé une longue période dans le système onusien et a fait des postes difficiles, comme ceux de l’Iraq et d’Haïti.
* Elle a informé Mme Bolduc des préoccupations du Maroc.
* L’Ambassadeur Hilale dit les choses telles qu’elles sont. Il est un « straight shooter ». Il est,
également, « un bon partenaire ».
* II convient de développer des canaux de communication et de maintenir le dialogue ouvert.
2. Mon cadrage de la mission de Mme Bolduc:
* Si nous sommes, aujourd’hui, dans ce bureau, c’est grâce à Mme Malcorra. Sinon, les choses
auraient été encore plus compliquées et plus difficiles.
* Je suis reconnaissant à Mme Malcorra pour sa confiance et son amitié. Elle est, également, un
partenaire avec lequel nous pouvons tout régler.
* L’objectif du Maroc est que Mme Bolduc commence son mandat sans malentendus, ni surprises.
Tout défi et/ou problème auxquels la MINURSO pourrait se heurter doivent être résolus par le dialogue et dans une totale transparence.
* Le souci du Maroc est de faciliter la mission de Mme Bolduc et d’assurer sa réussite.
* Le Maroc est prêt à travailler, la main dans la main, avec Mme Bolduc et développer un partenariat fructueux avec elle pour la mise en oeuvre du mandat de la MINURSO, qui se limite strictement à la surveillance du cessez-le-feu, au déminage et à l’assistance logistique aux mesures de confiance.
* La réussite du mandat de Mme Bolduc dépend de sa focalisation exclusive sur cette triptyque, et ce conformément aux engagements du Secrétaire Général auprès de Sa Majesté Le Roi, lors de leurs deux derniers entretiens téléphoniques.
* La MINURSO n’a ni vocation, ni mandat pour s’occuper des questions des droits de l’Homme,
que le Maroc traite avec le HCDH à Genève, dans le cadre d’un partenariat confiant et engagé. Les
Procédures Spéciales visitent régulièrement le Maroc, y compris le Sahara et travaillent en toute
indépendance et liberté. Plusieurs visites de détenteurs de mandats, dont le Rapporteur Spécial sur les défenseurs des droits de l’Homme, sont programmées pour le début de 2015.
* Le Maroc a pris l’engagement, avec le Secrétaire Général, de s’ouvrir sur les Procédures Spéciales.
Il met en oeuvre une feuille de route établie avec le HCDH et assure le suivi des visites des Procédures Spéciales.
* Mme Bolduc ne doit pas compliquer sa mission en essayant de s’ingérer dans les questions des
droits de l’Homme qui ne relèvent pas de son mandat. Sinon, elle risque de se heurter à des problèmes et des difficultés qui vont compromettre sa mission. Elle n’aura aucune excuse de surprise en cas de ferme réaction des autorités marocaines.
* Le Maroc n’acceptera jamais que les questions des droits de l’Homme soient instrumentalisées ni
par la M/NURSO, ni par l’Algérie ou le « polisario », et encore moins par la minorité de séparatistes qui profite du climat de liberté et de démocratie pour le critiquer et se déplacer à Genève, voire même à Alger et Tindouf.
* La MINURSO ne doit ni constituer un support aux allégations du « polisario », ni devenir un lieu de rencontres des séparatistes.
* Des instructions auraient été données de New York pour que les réunions des Procédures Spéciales se tiennent désormais au siège de la MINURSO. Le Maroc s’oppose à une telle décision et regrette que le Secrétariat cherche à accorder une reconnaissance aux séparatistes et à compliquer les visites des Procédures Spéciales qui se sont déroulées, jusqu’à présent, dans les meilleures conditions. Les droits de l’Homme sont du ressort de Genève. New York n’a pas à y interférer.
* Nous avons appris que quatre agents locaux (2 à Laayoune et 2 à Tindouf) auraient été recrutés par la MINURSO pour s’occuper des droits de l’Homme. Il s’agira d’un acte politique qui posera beaucoup de problèmes. Je souhaite que Mme Bolduc me confirme la véracité de cette information lors de notre prochaine rencontre.
* Le Maroc est prêt à régler toutes les difficultés potentielles à travers le dialogue, la coopération et
l’absence de surprises. A titre d’exemple, la question des plaques était presque réglée si ce n’était le contenu problématique du dernier rapport.
* Mme Bolduc doit s’engager à respecter le mandat de la MINURSO. C’est à cette condition qu’elle
bénéficiera de l’appui et de la coopération des autorités marocaines.
3. Engagement de Mme Bolduc:
* Durant sa longue carrière à l’ONU, elle a travaillé pour le bien des gens et pour la justice.
* La MINURSO est une Mission difficile, dont elle comprend la complexité. Elle fera l’effort de
mieux la connaître une fois sur le terrain.
* Elle souhaite travailler en tant que partenaire. Si un dialogue est établi, il n’y aura pas de
problèmes.
* Elle s’engage à respecter le mandat de la MINURSO tel qu’il émane des résolutions du Conseil de
Sécurité et des instructions du Secrétaire Général et de Mme Malcorra.
* « J’ai trop d’années dans la maison (Nations Unies) pour comprendre ce qui est utile et désirable, de ce qui n’est pas bénéfique à la MINURSO ».
* Elle a dirigé plusieurs processus de réconciliation nationale, ayant permis aux différentes parties de se réunir autour d’une table de négociations.
* Elle aura besoin d’une période d’apprentissage à la MINURSO. Tout ce que le Maroc lui dira aura
un impact particulier sur elle.
4. Insistance sur le respect du mandat et mise en garde contre son dépassement;
* J’ai remercié Mme Bolduc pour ses assurances et pour son engagement à respecter le mandat de la
MINURSO. Les autorités marocaines s’attendent à ce que Mme Bolduc se limite strictement à son mandat.
Je prends note avec satisfaction, devant Mme Malcorra, que c’est bel est bien l’intention de Mme Bolduc.
Cela sera de nature à rassurer les autorités marocaines.
* Le Maroc dialoguera et coopérera avec Mme Bolduc dans le cadre de son mandat.
* Les droits de l’Homme ne relèvent guère de la MINURSO. C’est une ligne rouge pour le Maroc.
Le premier défi de Mme Bolduc sera de s’assurer de l’absence de recrutement d’agents locaux pour s’occuper des droits de l’Homme.
* Le Maroc respecte l’initiative Rights Up Front du Secrétaire Général, qui n’est pas une règle de
droit international. Toutefois, elle ne doit pas être un prétexte pour tenter d’inclure, de facto, les droits de l’Homme dans le mandat de la MINURSO.
* Le Maroc ne souhaite pas que la mission de Mme Bolduc soit compromise par une
instrumentalisation des droits de l’Homme (interférence, déclarations, demande de réunions au siège de la MINURSO…), par l’Algérie et le « polisario ».
* S’agissant de rassembler les parties autour d’une table, cela relève du processus politique à New
York, mené par l’Envoyé Personnel et non de la MINURSO. Toute tentative de changement du mandat de la MINURSO aura un impact aussi bien sur la mission de M. Ross que sur celle de Mme Bolduc.
* Le Maroc a une opinion publique alerte, des partis politiques vigilants et un Gouvernement
comptable devant le parlement. Ce dernier l’interpelle à chaque fois qu’il y a débordement dans ce dossier.
Les conséquences seront désastreuses pour le processus politique et pour la MINURSO.
* Les autorités marocaines à Rabat, Laayoune et moi-même à New York seront ouverts à la
discussion et au dialogue avec Mme Bolduc pour assurer la réussite de sa mission.
5. Conclusions de Mme Malcorra :
* Mme Bolduc doit aller sur le terrain pour mieux comprendre la situation.
* II peut y avoir des difficultés à l’avenir, car on ne peut pas être toujours d’accord, mais le principe
de non surprise est fondamental pour les traiter.
* Quand Mme Bolduc a une compréhension divergente de celle du Maroc, il est important qu’elle en discute avec les autorités marocaines pour parvenir à une entendement mutuel.
* Les difficultés doivent être traitées sur la base d’une confiance mutuelle et dans le cadre du niveau
de travail approprié, avant qu’elles ne se transforment en problèmes.
* C’est comme cela que Mme Bolduc fonctionne: elle mettra toutes les questions sur la table et les
discutera de manière très ouverte.
6. Confirmation de l’entendement au terme de la rencontre:
* J’ai réitéré la volonté du Maroc de coopérer avec Mme Bolduc, si, et seulement si, elle respecte son mandat.
* J’ai réaffirmé l’engagement du Maroc, auprès du HCDH, en matière des droits de l’Homme et son
opposition à toute ingérence de la MINURSO dans ces questions.
* J’ai rappelé les défis sécuritaires liés à la montée, dans la région sahélo-saharienne, du terrorisme,
de l’extrémisme et du fanatisme, ainsi que des trafics de tous genres. Ce qui demande une vigilance et une mobilisation constantes. Mme Malcorra en a pleinement convenu.
7. Conclusions:
* Cette rencontre trilatérale m’a permis de mettre Mme Bolduc devant ses responsabilités, sans la
moindre ambiguïté, et en présence de Mme Malcorra.
* Les deux responsables ne pourront pas, par la suite, prétendre qu’elles n’étaient pas au fait de la
position du Maroc sur la nécessité du strict respect, par la MINURSO, de son mandat et des conséquences qui découleront de tout dépassement.
* J’ai, à chaque fois, tenu à mettre en garde Mme Bolduc contre toute ingérence dans les questions
des droits de l’Homme, au risque de mettre en danger sa propre mission.
* J’ai invité Mme Bolduc à déjeuner, à la résidence, le Mercredi 10 Septembre. Je compte lui
rappeler les lignes rouges du Maroc et sa détermination à prendre toutes les mesures pour les protéger.
Informations de dernière minute de la part du DPKO:
* Cette Mission vient d’être contactée par Mme Jody Hilton, assistante de M. Hervé Ladsous au
DPKO, pour apporter les clarifications suivantes au sujet de questions que j’ai posées à Mme Malcorra:
a. Il n’y a aucun changement dans les plans habituels de vols de la MINURSO (en réponse à ma
question au sujet du voyage du personnel de la MINURSO au Sahara à travers des aéroports du nord du Maroc).
b. Elle confirme que la MINURSO n’a embauché aucun agent local pour superviser les droits de
l’Homme, car elle ne peut recruter que pour des postes inclus dans son budget (en réponse à ma question si la MINURSO a recruté des agents locaux pour s’occuper des droits de l’Homme).
* Je vous saurai gré de bien vouloir s’assurer à Laayoune, de la véracité des réponses données au
sujet des deux préoccupations du Maroc.
Omar Hilale
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10 SEPTEMBRE 2014 : Compte-rendu de la rencontre entre Omar Hilale et Kim Bolduc
Objet : Déjeuner de travail avec Mme Kim Bolduc.
J’ai l’honneur de vous informer que j’ai eu, ce midi, un déjeuner de travail avec Mme Kim Bolduc, Représentante spéciale désignée du SG de l’ONU au Sahara.
Durant cette discussion, j’ai tenu à préciser clairement les points suivants :
* Elle ne pourra pas se rendre au Sahara, tant que tous les problèmes créés par le processus de sa nomination et les dérapages du rapport du SG de l’ONU ne soient réglés. Ajoutant que ces question feront fort probablement l’objet des discussions à New York entre Sa Majesté le Roi et le SG.
* Le triptyque du mandat de la Minurso depuis sa création ne doit en aucun cas être dépassé, au risque de compromettre sa mission.
* Les questions des droits de l’Homme ne relèvent nullement de son mandat, mais du ressort exclusif du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH).
Précisant que tout dépassement provoquera une réaction prompte et ferme de la part du Maroc.
* Le dossier du Sahara repose sur trois piliers distincts et bien clairs :
– le processus politique de négociations à New York ;
– la surveillance du cessez-le-feu, le déminage et le soutien logistique aux CBM à Laâyoune ;
– les questions humanitaires et des droits de l’Homme à Genève, dans le cadre du partenariat global du Maroc avec le HCDH et le HCR.
* La réussite de sa future mission à Laâyoune dépendra des paramètres suivants :
– gagner la confiance des autorités marocaines ;
– respecter scrupuleusement le triptyque de son mandat ;
– travailler dans la transparence et le respect de la spécificité du problème du Sahara, qui est totalement différent de ceux de l’Iraq ou de Haïti.
Elle m’a répondu ce qui suit :
* Elle est consciente de la complexité du dossier du Sahara et qu’elle est en train d’en saisir les difficultés suite à la crise depuis avril dernier.
* Elle a un grand respect pour le Maroc, car elle comprend l’importance de ce principe dans la culture et les civilisations millénaires du Maroc et de son pays d’origine le Vietnam.
* Elle compte s’astreindre à son mandat et aux instruction du SG de l’ONU.
Elle adoptera une posture à équidistance de toutes les parties.
* Elle rejette les surprises et la politique du fait accompli, car elle est une adepte du dialogue et en fera un credo dans ses futures relations avec les autorités marocaines, même en cas de désaccord.
* Elle sera à l’écoute des autorités marocaines et sensible à leurs préoccupations. Elle s’abstiendra de tout double langage, car il y va de sa crédibilité.
* Lorsqu’elle avait parlé dans le bureau de la Directrice de Cabinet du SG de l’ONU, Mme Susana Malcorra, de réunir les différentes parties autour d’une table, c’était juste pour illustrer son expérience passée et non pas son intention de le faire au Maroc. Ajoutant qu’elle a bien compris de mes propos qu’il y a déjà un cadre approprié à New York pour ces réunions.
* Elle avait déjà pris ses dispositions pour partir ce weekend à Laâyoune, mais elle respecte la décision du Maroc de ne pas le faire pour le moment dans l’attente des instructions du SG de l’ONU.
A la lumière de ce qui précède, une seule observation s’impose : Mme Bolduc a bien saisi la fermeté de l’attitude du Maroc, la complexité de la question du Sahara, les difficultés de son mandat et l’impératif de ne pas provoquer de réaction du Maroc.
Omar Hilale
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10 Septembre 2014 : Le Maroc informe l’ONU qu’il refuse de laisser Kim Bolduc de rejoindre son poste à la tête de la MINURSO
Objet : Mme Bolduc.
Conformément aux instructions de Monsieur le Ministre, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance que j’ai informé Mme Susana Malcorra, Chef de Cabinet du Secrétaire Général, que Mme Kim Bolduc ne pourra pas, pour le moment, rejoindre son poste à la tète de la MINURSO.
Son cas sera discuté dans le cadre du prochain entretien entre Sa Majesté Le Roi, et M. Ban Ki-Moon, durant le débat général de la 69éme session de l’Assemblée Générale.
Mme Malcorra m’a exprimé son étonnement et sa déception pour le retard dans la prise de service de Mme Bolduc. Elle m’a, également, reproché de l’avoir impliquée personnellement dans ce dossier.
Je n’ai pas voulu réagir à ses propos, sentant chez elle comme une amertume à l’égard du Maroc.
Omar Hilale
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29 Septembre 2014 : L’ONU demande au Maroc de laisser Kim Bolduc de rejoindre son poste
OBJET : Question Nationale/Appel téléphonique de M. Ladsous concernant la prise de fonctions de Mme Bolduc.
J’ai l’honneur de vous informer que j’ai été contacté ce soir, par téléphone, par M. Hervé Ladsous, Secrétaire Général Adjoint aux Opérations de Maintien de la Paix qui m’a fait part de son souhait que Mme Kim Bolduc, puisse rejoindre son poste à Laayoune, la semaine prochaine.
Je lui ai répondu qu’elle ne pourra pas s’y rendre sans l’accord préalable des autorités marocaines.
Ajoutant que la délégation marocaine a échangé, entre autres, sur cette question, avec M. Ross, en marge de la présente session de l’Assemblée Générale, en lui signifiant que le cas de Mme Bolduc fait partie des questions devant impérativement être réglées entre le Maroc et le Secrétariat.
Il m’a répondu, froidement, qu’il prend note de ma réaction.
Omar Hilale
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14 août 2014 : L’ONU propose à Omar Hilale de rencontrer Kim Bolduc
Objet : Le DPKO réitère sa proposition de faciliter une rencontre entre l’Ambassadeur
Omar Hilale et Madame Kim Bolduc.
J’ai l’honneur de vous faire parvenir, ci-joint, le fax émanant de M. Edmont Mulet, Sous-
Secrétaire général pour les opérations de maintien de la Paix, rappelant la disponibilité de
Madame Kim Bolduc, nommée récemment Représentant Spécial du Secrétaire général et Chef de la MINURSO à Rencontrer Monsieur l’Ambassadeur Omar Hilale et réitérant la disposition du DPKO à faciliter cette rencontre.
Ce fax, qui fait suite à la lettre du Secrétaire Général Adjoint pour les OMP, M. Hervé
Ladsous, objet de mon fax N° 404 du 4 août 2014, dénote de l’état de nervosité atteint par le
Secrétariat de l’ONU qui ne sait plus comment expliquer l’absence de réponse du Maroc à ses demandes répétées, aussi bien pour la visite de Christopher Ross dans la Région que pour l’entretien avec Madame Kim Bolduc.
Cette analyse est étayée par la coïncidence du fax d’Edmont Mulet avec la publication de
l’interview accordée par l’Ambassadeur Omar Hilale avec la MAP. D’ailleurs, juste après la
reprise de cette interview par les organes de presse nationaux, M. Ross s’est empressé pour
demander par téléphone l’assistante du Bureau de Monsieur l’Ambassadeur afin de s’enquérir s’il est à New York.
Vos instructions au sujet de la demande d’entretien avec Madame Bolduc avec Monsieur//
l’Ambassadeur Omar Hilale sont hautement souhaitables.
Haute Considération,
Abderrazzak LAASSEL
Représentant Permanent Adjoint
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22 AOUT 2014 : Analyse d’Omar Hilale des correspondances onusiennes sur le Sahara Occidental
MONSIEUR LE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DE LA COOPERATION RABAT
Objet : Tentative de délégitimation de la marocanité du Sahara.
J’ai l’honneur de vous informer que la lecture et l’analyse des documents internes du Secrétariat des Nations Unies de ces derniers mois, ainsi que du courrier adressé récemment à la MINURSO et au Haut Commissariat aux Droits de l’Homme, révèlent une stratégie insidieuse de délégitimation de la récupération du Sahara par le Maroc.
En effet, tant le DPKO que le DPI et la Direction des Affaires Juridiques distillent confidentiellement mais systématiquement, tantôt des avis tantôt des recommandations, visant à remettre en cause tous les acquis du Maroc depuis que les Nations Unies ont pris en charge le dossier du Sahara en 1989. Ils semblent avoir adhéré à la thèse polisario-algérienne, colportée par Ross, selon laquelle le statut-quo sert les intérêts du Maroc, consacre son contrôle sur le Sahara, et lui draine un soutien international grandissant, particulièrement dans l’actuel contexte politico-sécuritaire régional.
Le dernier rapport du Secrétaire Général au Conseil de Sécurité et ses dangereux dérapages ne sont que la partie visible de l’iceberg, qui menace notre cause nationale. Les écrits du Secrétariat interceptés, depuis, confirment que le Maroc fait face à un véritable complot visant à teintes d’illégalité tous les attributs de sa souveraineté sur ses provinces du Sud.
C’est un travail minutieux auquel se sont attelés les différents Départements du Secrétariat, devenus désormais parties prenantes au conflit et non plus un honnête brooker pour la facilitation d’une solution politique à ce conflit. Bien plus, ces documents attestent que le Secrétariat agit en supplétif de l’Algérie et du polisario en vue d’affaiblir sa position et in fine l’obliger à accepter l’inacceptable pour le règlement de ce problème.
I. La stratégie de délégitimation par les preuves:
Incidents fors de la mission technique du HCDH à Laayoune:
* Les pressions sur la mission du HCDH de tenir ses réunions avec ses interlocuteurs marocains au siège de la Minurso, et la minoration de la réussite de cette mission par le Secrétariat de New York du seul fait que ses réunions se sont déroulées en dehors de la Minurso étaient déjà des signes avant-coureurs -mon fax n. 1967 du 6 août 2014.
b- Dérapages du rapport de Secrétaire Générale
*La qualification du Sahara pour la première fois de « territoire non-autonome », ou les tentatives de mettre le polisario sur le même pied d’égalité que le Maroc et la reconnaissance de la soi-disant commission des droits de l’Homme à Tindouf ont dévoilé les véritables intentions du Secrétariat visant la présence du Maroc au Sahara et l’élévation du statut du polisario en tant qu’entité « étatique » -mon fax n. 366 du 14 juillet 2014.
Recommandations du SGA Jan Eliasson à la Minurso et au HCDH:
Le fax confidentiel adressé par le SGA à Mme Pillay, la Minurso et aux différents Département de l’ONU -mes fax de Genève n.1816 du 8 juillet 2014 et n.1967 du 6 août 2014- leur demandant de :
*Mentionner dans toutes leurs correspondances que le Sahara est un territoire « non- autonome ».
*Tenir toutes les réunions des procédures spéciales et des mécanismes onusiens au siège de la Minurso.
*Demander au HCDH d’exiger aux détenteurs de mandats d’indiquer dans leurs rapports le caractère non-autonome du Sahara.
C’est la première fois que le numéro 2 de l’ONU adresse des recommandations spécifiques visant à créer une situation nouvelle qui ne reconnaît plus ni les autorités marocaines ni l’espace de rencontre en dehors de la Minurso. L’objectif étant de consacrer le statut du Sahara en tant que « territoire non-autonome », et que seule l’ONU dispose de la légalité sur ce territoire. Ce qui est synonyme de contestation de toute autorité du Maroc sur le Sahara et sa population.
d- Attitude de la Direction des Affaires Juridiques:
* Le Département des Affaires Juridiques semble avoir cédé aux pressions du polisario et de l’Algérie au sujet des tampons sur les documents de voyage du personnel de la Minurso, lui suggérant de ne plus accéder à Laayoune par un aéroport étranger, dans le but d’éviter les tampons de la police des frontières marocaines et de passer dorénavant par Casablanca. La concession faite au polisario vise le double objectif, qualifié au Secrétariat par « Legal Status » c’est-à-dire « territoire non-autonome », et « Equal Treatment » en l’occurrence traitement similaire pour le Maroc et le polisario en ce qui concerne l’accès au Sahara, à Laayoune comme à l’Est du mur dans les prétendus territoires libérés -mes fax n.300 du 6 juin 2014 et n. 445/14 du 21 août 2014-.
e- Nomination de la Représentante spéciale de Secrétaire Général, Mme Kim Bolduc:
* L’absence de consultation avec le Maroc, avant, durant et après la nomination de Mme Bolduc par le Secrétaire Général n’était pas fortuite. Bien au contraire, elle traduit le traitement que le Secrétariat voudrait imposer au Maroc, pour lui signifier que le Sahara est un « territoire non- autonome », et par conséquent, il n’a pas à être consulté, à aucun moment du processus. Le Secrétaire Général ayant toute l’autorité juridique d’y nommer et envoyer qui il veut, et quand il veut, dès lors que le territoire relève de la responsabilité onusienne.
f- L’attitude de Christopher Ross:
L’Attitude de Ross depuis le printemps dernier, son rôle dans l’élaboration du rapport, sa menace de recourir à l’article VII de la Charte et sa tergiversation à répondre au questionnaire du Maroc s’inscrivent dans cette nouvelle posture du Secrétariat à l’égard de notre pays. Son rôle dans la mobilisation des différents Département onusiens et du Département d’Etat américain contre le Maroc procède de son objectif constant de faire plier le Maroc.
II. Que peut ou doit faire le Maroc:
– Face à cette tournure périlleuse dans la gestion du dossier du Sahara par le Secrétariat Général, le Maroc n’a d’autres alternatives que la fermeté, afin de déjouer ses manœuvres contre la marocanité du Sahara et afficher sa ferme opposition à tout changement des principes et paramètres présidant tant à la présence de la Minurso au Sahara qu’à la facilitation de la négociation politique.
– Parallèlement, le Maroc devrait maintenir le fil de dialogue avec le Secrétariat, afin que ce dernier soit constamment mis devant ses responsabilités et ce, en dévoilant son parti pris, et dénonçant son impartialité, tout en réaffirmant haut et fort l’attachement au processus de négociation politique.
– Cependant, la fermeté n’est pas une stratégie. Le Maroc doit disposer d’un plan sortie de crise et d’une vision pour l’avenir de ses relations avec l’ONU et ce, afin de déjouer intelligemment les manœuvres qui se trament contre lui sans jamais couper les ponts avec le Secrétariat.
En effet, notre pays ne peut pas tenir longtemps sur les deux fronts de Ross et de Bolduc. Les pressions seront crescendo. Celles de Washington et de Londres viennent s’ajouter à celles du Secrétariat. C’est pourquoi il serait dans notre intérêt de prendre l’initiative, particulièrement en ce qui concerne Bolduc.
– A cet effet, je voudrais vous proposer que je reçoive Bolduc,début septembre, en vue de la mettre devant ses responsabilités en ce que concerne les tentatives en cours et obtenir la confirmation de sa part que ses responsabilités se limiteraient à la mise en œuvre du seul triptyque du mandat fondamental de la Minurso. A défaut de ces garanties, il lui sera signifié que le Maroc ne peut pas coopérer avec elle, et par conséquent, elle ne pourra pas s’y rendre.
– L’obiectif de cette tactique est d’utiliser notre ouverture sur Bolduc comme soupape de sécurité face aux pressions de l’ONU et des capitales précitées et ce, afin de ne pas trop antagoniser M. Ban Ki-Moon, qui voit dans notre attitude un défi à ses attributions statutaires. D’autant que les trois lettres reçues de Malcorra, Ladsous et son adjoint démontrent que le message de fermeté du Maroc sur cette question a été bien reçu.
L’accalmie autour de la Minurso permettra au Maroc de se concentrer au front diplomatique de Ross. Il sera ainsi en meilleure posture pour mieux résister aux pressions des capitales précitées, et canaliser ses efforts pour isoler Ross, l’affaiblir et le pousser dans ses derniers retranchements au sujet de son agenda caché au Sahara.
– Cette stratégie d’ouverture sur Bolduc pourrait être testée lors de mes entretiens, à leurs demandes, avec Susana Malcorra, le 2 septembre prochain, et Jeffrey Feltman, le lendemain. Leurs demandes de me rencontrer trahissent un début de panic au sein du Secrétariat. J’ai sciemment retardé leurs rendez-vous afin de laisser passer le 1er septembre, date symbolique de la prise de fonction de Bolduc.
Lors du dîner d’adieu que j’ai donné hier soir pour Mme Navi Pillay, et auquel ont assisté M. Eliasson et Mme Malcorra, cette dernière m’a fait part de ses inquiétudes au sujet de l’affaire Bolduc « qui est en train de devenir une boule de neige pour l’ensemble du dossier du Sahara ». Elle m’a confié ne pas être au courant d’instructions du Secrétariat pour changer les règles du jeu au Sahara, et que M. Ladsous pourrait se rendre à Rabat début septembre pour discuter avec les responsables marocains de la nomination de Bolduc.
A cet égard il serait souhaitable de réserver toute concession possible du Maroc à Mme Malcorra qui est fiable, crédible femme d’engagement et d’influence au Secrétariat. Elle pourrait être la garante de tout accord avec Bolduc qu’elle connaît bien. Plutôt qu’à Hervé Ladsous qui est un menteur et affiche ouvertement sa réticence à coopérer avec le Maroc.
Je vous saurai gré de bien vouloir me communiquer vos instructions à cet égard.
Très haute considération
L’Ambassadeur Représentant Permanent
Omar Hilale
SOURCES :
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