Algérie, Maroc, Gazoduc,
L’Algérie cessera-t-elle d’envoyer son gaz à l’Espagne via le gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui traverse le territoire marocain ? La décision devrait être officialisée le 30 octobre c’est-à-dire dans cinq jours, au bout desquels le contrat arrivera à échéance. Mais, tout porte à croire que les autorités algériennes ont déjà tranché en optant pour la fermeture des vannes de cet ouvrage qui cessera alors d’être opérationnel, à compter du 1er novembre prochain.
L’agence britannique Reuters, qui est très en pointe sur les questions énergétiques a indiqué hier que les autorités algériennes ont bien décidé de ne pas renouveler le contrat d’exploitation, citant « trois sources ayant une connaissance directe du dossier », deux gouvernementales et une au sein de Sonatrach. Même si l’officialisation du non renouvellement du contrat n’est pas rendue publique, la décision était déjà dans l’air depuis plusieurs semaines, mais plus particulièrement depuis la dernière intervention médiatique du président Tebboune , en déclarant aux journalistes que « l’Algérie va assurer les approvisionnements en gaz de l’Espagne via le nouveau pipe qui traverse la Méditerranée, quitte à avoir dans un premier temps recours à des navires pour assurer la totalité de la commande.
L’Algérie s’y était engagée de manière solennelle en réaffirmant sa disponibilité à respecter rigoureusement sa part du contrat, lors de la dernière visite su ministre espagnol des Affaires étrangères José Mannuel Albares Bueno qui s’était dit « rassuré », à l’issue de sa rencontre avec le président Tebboune.
« L’Algérie est un partenaire énergétique de premier ordre pour l’Espagne. Elle a aussi été toujours un partenaire fiable qui a honoré ses engagements « avait-il déclaré, lors d’un point de presse en présence de Ramtane Lamamra.
Il est vrai que le Makhzen n’a rien fait pour que les choses s’apaisent, multipliant, au contraire les provocations en direction de l’Algérie sur fond de guerre de leadership dans la sous-région maghrébine. D’ailleurs, comme rappelé hier par TSA des sources algériennes avaient dû démentir les propos de Amina Benkhadra, directrice de l’office marocain des hydrocarbures, qui faisait état quelques jours plus tôt de la volonté de son pays à maintenir le gazoduc fonctionnel au-delà du 31 octobre 2021.
En fait, l’option du non-renouvellement du contrat se précisait de semaine en semaine, au fil des sorties de hauts responsables algériens, dont le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, qui mettaient à chaque fois en avant l’alternative de renforcer les capacités de l’autre gazoduc qui relie l’Algérie à l’Espagne, sans passer par le Maroc, le Medgaz.
Opérationnel depuis 1996, le gazoduc GME a une capacité de 13,5 milliards de mètres cubes et alimente l’Espagne, le Portugal et le Maroc. Le gros de ses livraisons est destiné à l’Espagne, avec un volume annuel légèrement inférieur à 10 milliards de m3.
Le Maroc tire de ce gazoduc environ un milliard de mètres cubes destinés à produire 10% de son électricité, en sus de près de 60 millions de dollars de droits de passage par an. Autant de bénéfices que le Maroc, en plein crise économique, perdra, à cause de sa politique agressive avec l’Algérie dont les responsables, sachant la versatilité politique du Makhzen, avaient pris le devants en réalisant le nouveau pipe qui ne passe pas par le territoire marocain .
H. Khellifi
L’Est Républicain, 27/10/2021
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