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Par Zine Haddadi
«Transporter le gaz jusqu’au client final à Madrid via le gazoduc transsaharien équivaudrait à ouvrir un robinet.» Cette expression tirée des déclarations accordées par le ministre algérien de l’énergie Mohamed Arkab au journal espagnol El Independiente, avant-hier, résume l’avantage réel du projet du gazoduc transsaharien face au projet utopique du gazoduc transatlantique rêvé par le Maroc.
Le Transsaharan Gas Pipeline (TSGP) provenant du Nigeria est déjà entré en phase de réalisation.
Sur les 4000 km de longueur, il reste à réaliser 100 km du Nigeria au Niger. 700 km de l’Algérie au Niger (Tebboune a déclaré que l’Algérie est prête à prendre en charge cette partie, NDLR). Et la partie nigérienne qui est de 1000 km, comme l’avait déclaré Mohamed Arkab en marge de la tenue du 7e sommet du forum des pays exportateurs de gaz qui s’est déroulé à Alger en mars dernier.
La capacité du TSGP va jusqu’à 30 milliards de m3 par an vers l’Europe pour un coût total estimé à 13 milliards de dollars pour l’ensemble du projet.
«Aussi facile que d’ouvrir le robinet»
Le ministre de l’énergie Mohamed Arkab est donc revenu sur le fait que le TSGP est un projet bien concret dont une bonne partie (2200 km sur 4000 km) est déjà une réalité.
« C’est que nos infrastructures sont prêtes, et il s’agit de compléter celle des deux pays voisins (le Niger et le Nigeria). Une fois fait, apporter le gaz au client final à Madrid serait une question d’heures. Aussi facile que d’ouvrir le robinet », a expliqué Arkab.
Depuis 2016, le Maroc tente de vendre un projet utopique de gazoduc transatlantique long de 7000 km et qui doit traverser 13 pays en partant du Nigeria et dont le coût s’élèverait à beaucoup plus que les 25 milliards de dollars annoncés.
Le Maroc veut à tout prix convaincre le Nigeria de laisser tomber le TSGP déjà entamé avec l’Algérie pour transporter son gaz vers l’Europe via un gazoduc qui traverserait l’Afrique de l’Ouest en passant par les côtes mauritaniennes, celles du Sahara occidental avant d’arriver au nord du royaume pour finir à Cadix en Espagne.
Néanmoins, le projet marocain risque de rester au stade de projet. L’adhésion du Sénégal, pays de passage du gazoduc rêvé par le Maroc, au forum des pays exportateurs de gaz lors du 7e sommet en Algérie a quelque peu douché les espoirs marocains de pouvoir réaliser le projet du gazoduc transatlantique.
Les déclarations du ministre d’Etat chargé des ressources pétrolières du Nigeria, Ekperikpe Ekpo, sur « l’engagement et la détermination de son pays à concrétiser ce projet vital et stratégique » qu’est le gazoduc transsaharien en collaboration avec l’Algérie, ont éloigné encore plus la concrétisation du projet du voisin de l’ouest censé contrecarrer le TSGP.
Le responsable nigérian a déclaré depuis Alger que le gazoduc transsaharien « renforcera les approvisionnements en gaz dans le marché mondial ».
«Il n’y a pas matière à parler de compétition»
Le Maroc veut croire et faire croire qu’il peut convaincre l’Espagne d’adhérer à son projet de gazoduc transatlantique, cependant le royaume chérifien ne peut rien changer au fait que l’Algérie est restée, malgré les turbulences qu’ont connues ses relations avec Madrid, le premier fournisseur de gaz de l’Espagne en 2023 avec 116.282 GWh, soit 29,2% du total reçu, et aussi de l’Italie, où il fournit 40% de la consommation.
L’Algérie s’est imposée comme fournisseur privilégié du gaz pour l’Europe, notamment depuis la crise avec la Russie provoquée par la guerre en Ukraine.
En Espagne, l’Algérie dépasse les États-Unis et la Russie dans le classement des fournisseurs de gaz en 2023.
Entre une installation en phase de construction et un projet difficilement réalisable pour des raisons techniques et géopolitiques, comme le soulignait Baba Ahmed Moulay, professeur de géopolitique et des ressources en eau de l’université Alfonso X El Sabio, il n’y a pas matière à parler de compétition.
Source : L’Algérie aujourd’hui, 30/04/2024
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