Mohamed VI entame à Abu Dhabi ses premières vacances depuis le séisme au Maroc

He has decided not to return to Gabon after the overthrow of his friend, President Ali Bongo, on August 30th by a group of coupist military. To France, his favorite destination, he also does not want to return for now because although the relationship is less tense in recent weeks, it does not have the cordiality of the past.

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Le monarque alaouite ne souhaite pas revenir, pour l’instant, au Gabon, où son ami Ali Bongo a été renversé par les militaires, ni en France, où persistent des tensions avec le président Macron.

Un jour de travail, puis le début de longues vacances. Le roi Mohamed VI du Maroc a effectué lundi 4 une visite de travail à Abu Dhabi, la capitale des Émirats arabes unis (EAU). C’était sa première mission officielle à l’étranger depuis cinq ans.

Ignacio Cembrero

Il y a été accueilli en grande pompe, sa suite royale étant escortée par un escadron de cavaliers, tandis qu’une salve de 21 coups de canon retentissait. Mohammed VI et le cheikh Mohamed Ben Zayed Al Nahyane, président des EAU, ont signé un mémorandum d’entente et ont discuté en tête-à-tête des « relations fraternelles historiques entre les deux pays (…), ainsi que des questions régionales et internationales d’intérêt commun », selon la version officielle.

Après quelques heures, la visite officielle s’est conclue, mais une autre a commencé. « Mohamed VI a décidé de rester quelques jours de plus dans ce pays ami et allié pour un séjour privé dont la durée n’a pas été déterminée », a annoncé mardi le journal numérique marocain ‘Maghreb-Intelligence’. Les « séjours privés », comme les décrit la presse officielle marocaine, correspondent en réalité à des vacances. Il est probable qu’Abu Dhabi ne soit que la première étape d’un périple de vacances qui conduira le monarque ensuite en Inde, où il s’est déjà rendu en 2001 et 2015 lors de visites officielles et de loisirs.

Le souverain alaouite n’avait pas mis les pieds à l’étranger depuis près de trois mois, depuis le samedi 9 septembre, où il avait dû interrompre ses vacances à Paris pour retourner au Maroc, frappé par un séisme qui a officiellement fait 2 946 morts et 6 125 blessés. Il a mis 19 heures pour rentrer.

Abu Dhabi est une destination atypique pour des vacances royales. Ses deux lieux traditionnels de loisirs en dehors du Maroc étaient jusqu’à présent la France, où il possède un château à Betz et un petit palais près de la Tour Eiffel, et le Gabon, où il dispose d’une résidence en bord de mer à Pointe Denis, dans l’estuaire du Komo.

Il a décidé de ne pas retourner au Gabon après le renversement de son ami, le président Ali Bongo, le 30 août dernier par un groupe de militaires putschistes. En France, sa destination favorite, il ne souhaite pas non plus revenir pour l’instant, car bien que les relations soient moins tendues ces dernières semaines, elles n’ont pas la cordialité d’antan.

Le point culminant du choc franco-marocain a été atteint au début de septembre. Le ministère de l’Intérieur marocain a rejeté l’aide offerte par la France après le séisme, alors qu’il a accepté, par exemple, celle de l’Espagne et du Royaume-Uni, ce dernier pays ayant beaucoup moins de liens avec le Maroc que l’ancienne métropole.

La presse proche du pouvoir au Maroc a également insulté et propagé des calomnies sur le président Emmanuel Macron. « Non seulement Macron semble être un homosexuel honteux, mais en plus, il entretient apparemment une relation extraconjugale, malgré son mariage avec Brigitte, de 24 ans son aînée, et elle doute de l’orientation sexuelle de son mari », a écrit le journal ‘Le 360’, propriété de Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi, selon des journalistes marocains en exil.

L’entretien entre Mohamed VI et le cheikh Mohammed Ben Zayed est quelque chose d’exceptionnel car le monarque ne se réunit généralement pas avec des personnalités étrangères. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, aurait aimé se rendre au Maroc peu de temps après son investiture le 16 novembre. Il voulait cependant avoir des garanties qu’il serait cette fois-ci reçu par le souverain, contrairement à ce qui s’était passé en février de cette année lors du sommet hispano-marocain à Rabat. Le palais royal ne les lui a pas données et, pour l’instant, il n’y a pas de visite.

Le monarque, qui était en vacances au Gabon en février dernier, n’est pas revenu dans son royaume pour accorder une audience à Sánchez. Pour compenser ce désagrément, le souverain alaouite a annoncé qu’il adresserait plus tard une invitation personnelle à Sánchez pour qu’il vienne le voir, selon le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, le 1er février. Plus de 10 mois se sont écoulés et cette invitation n’est pas encore parvenue à La Moncloa.

Le même mois de février, Mohamed VI a annulé une visite de travail au Sénégal, où il avait été invité par le président Macky Sall. Le roi était alors au Gabon, mais le 22 février dans l’après-midi, quelques heures seulement avant son déplacement, un communiqué de la Maison royale a annoncé qu’il était atteint d’une grippe et ne se rendrait pas à Dakar.

Pour ne pas participer au sommet des chefs d’État du monde islamique qui s’est tenu à Riyad le 11 février, Mohamed VI n’a avancé aucun prétexte. La réunion était consacrée à débattre de la guerre entre Israël et les Palestiniens, et la présence du roi aurait été plus que justifiée car il préside le Comité Al Qods, chargé de veiller à la protection des lieux saints de l’islam à Jérusalem.

Aziz Akhnnouch, le chef du gouvernement marocain, a représenté le roi à cette réunion et a prononcé un discours en son nom. Il a dénoncé « l’agression flagrante contre des civils désarmés » perpétrée par Israël, un pays avec lequel le Maroc entretient des liens étroits depuis décembre 2020. Il a ensuite lancé « un appel au réveil de la conscience humaine pour mettre fin au massacre de vies humaines (…) ».

La guerre au Proche-Orient avait éclaté il y a 34 jours, et c’était la première fois que le monarque abordait le sujet. Au début d’octobre et de novembre, il a prononcé des discours à Rabat devant le Parlement et à la télévision, mais dans aucun d’entre eux, il n’a mentionné la guerre.

El Confidencial, 10/12/2023

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