Par Alix
Quel lien y-a-t-il entre l’ancien ministre de la Culture Jack Lang et le criminel sexuel américain Jeffrey Epstein ? Le 5 octobre 2020, le site d’information américain Daily Beast révélait que Jeffrey Epstein, via son ONG Gratitude America LTD, avait fait en 2018 une donation de 57 897 dollars (environ 49 000€) à l’organisation française Association pour la promotion de la politique culturelle nationale menée dans les années 80 et 90 du XXe siècle. L’association, domiciliée 164, boulevard du Montparnasse dans le 14ème arrondissement de Paris, a été créée en juillet 2018. Si l’association, officiellement destinée à promouvoir la politique culturelle de la France des années 80 et 90, n’a ni site internet ni réseau social, elle est dirigée par des personnes liées d’une manière ou d’une autre à Jack Lang. En effet, Christophe Degruelle, le président, est conseiller municipal à Blois (Loir-et-Cher), dont Jack Lang a été le maire de 1989 à 2000. Jacques Renard, le trésorier, a été directeur adjoint et chef de cabinet de l’ancien ministre de la Culture quand celui-ci était en fonction dans les années 1980 et 1990. Cette mystérieuse association est l’une des trois dernières, -et la seule française- à avoir reçu une donation de la part de l’ONG de Jeffrey Epstein, peu de temps avant son arrestation le 7 juillet 2019 pour trafic sexuel de mineurs.
Homme d’affaires et pédocriminel
Né le 20 janvier 1953 à Brooklyn, Jeffrey Edward Epstein a fait carrière dans la finance. Millionnaire et personnalité mondaine, proche de l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton, du prince Andrew et du milieu du « show-business », il est soupçonné dès 1996 d’agressions sexuelles, accusé d’attouchements par l’artiste Maria Farmer et l’actrice Alicia Arden. En mars 2005, une femme contacte la police de Palm Beach (Floride), affirmant qu’Epstein a réclamé à sa fille de 14 ans un massage en sous-vêtements contre 300 dollars. Après 11 mois d’enquête, la police conclut que l’homme d’affaires avait payé plusieurs « escorts », dont certaines mineures, contre des relations sexuelles. Des caméras dissimulées dans sa propriété filmaient les relations sexuelles avec les filles et les personnalités qu’Epstein recevait chez lui, dans le but de les faire chanter par la suite. Une des raisons de sa fortune, estimée à 577 millions de dollars.
Après un procès favorable à l’accusé, uniquement mis en cause pour « sollicitation de prostitution », Jeffrey Epstein est condamné à dix-huit mois de prison… pendant lesquels il peut se rendre à son bureau six jours par semaine. Un scandale éclate suite à la divulgation dans la presse de courriels échangés entre le procureur Alexander Acosta et les avocats d’Epstein, forçant Alexander Acosta, devenu entre-temps secrétaire au Travail dans l’administration Trump, à démissionner en 2019.
En janvier 2015, Jeffrey Epstein est à nouveau accusé de viol sur mineures par Virginia Robert Giuffre, une Américaine de 31 ans qui affirme sous serment qu’elle a été abusée par Epstein et ses amis puissants, dont le Prince Andrew, alors qu’elle avait 17 ans. D’autres jeunes femmes témoignent, et le 7 juillet 2019, le milliardaire est arrêté pour trafic sexuel de mineurs.
Alors que son procès est fixé à juin 2020, il est retrouvé suicidé au centre de détention Metropolitan Correctional Center de New York le 10 août 2019. Fin août, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour « viols » et « agressions sexuelles », notamment sur mineurs, car l’homme d’affaires possédait plusieurs appartements à Paris, où il aurait reçu des « massages » rémunérés.
A Paris, Epstein aurait entretenu des liens avec diverses personnalités françaises ; le nom de Jack Lang a été cité par une source.
L’ancien ministre a expliqué s’être rendu une fois chez le multimillionnaire lors d’un dîner en l’honneur du réalisateur Woody Allen, accusé d’abus sexuels pédophiles sur sa fille adoptive qu’il a depuis épousée.
Jack Lang décrit Epstein comme un homme « charmant, courtois et agréable », et déclare n’avoir jamais eu le moindre soupçon sur les activités criminelles de ce dernier. Contacté par le site d’information Daily Beast, l’ancien ministre n’a pas souhaité répondre
Jack Lang, un homme politique soupçonné de pédophilie
Ce n’est pas la première fois que Jack Lang, actuellement président de l’Institut du Monde arabe, est soupçonné dans des affaires de pédophilie :
en plus d’avoir pris la défense de différentes personnalités accusées de pédophilie, comme les réalisateurs Roman Polanski et Woody Allen, son nom est cité à partir de 1982 dans l’affaire du Coral.
Le Coral était un « lieu de vie » éducatif dans le Gard, développé par des enseignants souhaitant rompre avec les pratiques éducatives classiques, après Mai 68.
A l’automne 82, des enfants vivant au Coral dénoncent des faits de pédophilies pratiquées par les éducateurs du Coral mais aussi des personnalités publiques.
Dans une allocution célèbre lors de l’université d’été du Front National en 1998, Roger Holeindre déclarait que « Monsieur Jack Lang, qui prétendait être candidat à la présidence de la république, -qu’on m’arrête à la sortie si ce que je dis n’est pas vrai- a été compromis dans l’affaire des lieux de vie et dans un lieu de vie tenu par des socialistes qui s’appelait le Coral.
Et là, des gamins étaient prostitués à des gens comme Jack Lang et un gosse a été trouvé mort sodomisé, la tête dans un seau de merde, que l’on m’arrête à la sortie si ce n’est pas vrai ! ».
Roger Holleindre n’a jamais été poursuivi pour ses propos.
Si l’ancien ministre de la Culture est innocenté dans l’affaire du Coral, il était également soupçonné d’avoir violé de jeunes garçons au Maroc.
Le 28 mai 2011, le Figaro magazine relate que quelques années auparavant, lors d’une descente nocturne dans une villa de la Palmeraie, les policiers marocains surprennent des Français en train de « s’amuser » avec des jeunes garçons.
Parmi eux, un ancien ministre. Si l’affaire est étouffée, le nom de Jack Lang circule pendant des années.
L’hebdomadaire Le Canard Enchaîné écrira que le ministre en question est Philippe Douste-Blazy, mais Yves Bertrand, ancien patron des renseignements généraux français, décédé de manière inconnue le 3 juin 2013, avait noté le 12 février 2002 dans ses carnets :
« Lang à la Mamounia en novembre s’est tapé des petits garçons ».
Des zones d’ombres troublantes subsistent donc, entre Jack Lang et Jeffrey Epstein, liés par cette étrange donation à une non moins étrange association…
TV Libertés, 10/10/2020
Soyez le premier à commenter