Maâti Monjib accuse la « police politique » marocaine d’avoir « fabriqué » des accusations contre lui

RABAT – « Les accusations portées contre moi sont fabriquées par la police politique », a déclaré l’historien et défenseur des droits de l’Homme marocain Maâti Monjib à sa sortie de prison après avoir bénéficié d’une mise en liberté provisoire.

« La raison directe de mon arrestation est un article intitulé +Une structure secrète menace la sécurité des Marocains+ », a affirmé l’intellectuel emprisonné en décembre dernier pour « fraude » et « atteinte à la sûreté de l’Etat ».

La « structure secrète » dont il est question, a-t-il expliqué, est formée « d’officiers de la sécurité, d’hommes politiques, de quelques membres du système judiciaire auquel ils sont étrangers, à l’origine, ainsi que des journalistes. Ils coordonnent leurs efforts pour terroriser la classe politique et la société civile marocaine ».

Maâti Monjib a promis, en outre, de profiter de la période de sa mise en liberté provisoire pour « militer en vue de la libération des autres détenus d’opinion », citant les noms d’intellectuels emprisonnés récemment mais également ceux de militants du Hirak marocain.

L’historien marocain a été jugé et condamné en même temps que six militants et journalistes. Le 4 mars courant, il avait entamé une grève de la faim exigeant sa mise en liberté, ce qui a fortement fragilisé son état de santé.

En janvier dernier, un comité de soutien créé pour défendre Maâti Monjib avait entamé des démarches pour recruter une équipe internationale d’avocats pour appuyer la défense de l’intellectuel au Maroc, engager des procédures en France et au niveau international.

Il y a quelques jours, Maâti Monjib qui détient également la nationalité française, avait fait déposer une plainte à Paris contre les autorités marocaines. Celles-ci sont accusées de « harcèlement moral », de « mise en danger de la vie d’autrui » et « d’atteinte à la liberté individuelle par des personnes exerçant une fonction publique ».

L’intérieur sous la coupe de la DST et la DGED

Les propos tenus par l’historien, à sa sortie de prison, ont fait réagir le ministère de l’Intérieur marocain qui a critiqué « les déclarations irresponsables » du dénommé Maati Monjib.

Dans un communiqué rendu public le lendemain de la libération de Monjib, le ministère de l’Intérieur a nié catégoriquement l’existence « d’une structure secrète menaçant la sécurité des Marocains ». Le ministère s’est évertué à critiquer le militant des droits de l’Homme qu’elle a accusé de vouloir ternir l’image du Maroc au niveau international.

De son côté, l’opposant marocain, Ali Lmrabet a vertement critiqué le communiqué du ministère de l’Intérieur aussi bien sur la forme que sur le fond.

« Le ministère de l’Intérieur s’en prend au « dénommé » Maâti Monjib, l’accuse « d’irresponsabilité » et de porter atteinte à « l’image » du Maroc.

Pourtant, s’il y a un « dénommé », c’est bien ce ministère qui est sous la coupe de la police politique (DST et DGED) », a-t-il affirmé jeudi dans un tweet.

« Pourquoi la police politique s’est fâchée et a « télécommandé » le ministère de l’Intérieur? Parce que Monjib a parlé d’une structure secrète formée de flics, de juges et de journalistes qui élaborent des dossiers et des persécutions contre les dissidents », a-t-il ajouté.

Interpellé le 29 décembre 2020 dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « blanchiment de capitaux », l’intellectuel a parallèlement été condamné à un an de prison le 27 janvier pour « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’Etat » au terme d’un procès ouvert en 2015.

En janvier dernier, l’ONG de défense des droits de l’Homme, Amnesty international avait appelé , à la libération « sans condition » de l’historien.

« Les autorités marocaines doivent libérer immédiatement et sans condition le défenseur des droits humains Maâti Monjib et abandonner toutes les accusations portées contre lui, y compris celles qui découlent d’un précédent procès en cours depuis 2015, en relation avec son travail sur la liberté d’expression », avait indiqué l’ONG dans un communiqué.

Amnesty International avait affirmé aussi que « les accusations portées contre lui sont liées à des activités protégées par le droit à la liberté d’association qui ne justifient ni poursuites ni placement en détention ».

Maâti Monjib a également bénéficié du soutien d’une vingtaine d’ONG tunisiennes des droits de l’Homme et auxquelles il a rendu hommage à sa sortie de prison.

Tags : Maroc, Maati Monjib, répression, presse, journalistes, Makhzen, DST, DGED, services secrets,

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