Invité, ce lundi soir, sur la chaîne sportive « L’Equipe TV », l’ancien président français, François Hollande, a eu cette phrase assassine en direction de son successeur à l’Elysée : « Oui Macron se concerte avant de décider, mais il se concerte avec les gens qui ont le même avis que lui ». Une phrase qui vaut ce qu’elle vaut, mais qui est lourde de sens dans un pays qui carbure à au moins une polémique par jour.
Mais ce n’est pas là notre sujet du jour. Ce lundi, le ministre de l’Enseignement supérieur a fait une importante annonce et décrété que, désormais, il a été adopté et à « titre permanent », le mode d’enseignement hybride (présentiel et distancé) dans les universités algériennes. M. Benziane ne dit pas si cette décision a été prise dans un large cadre de concertation ou (pour revenir à la pique de François Hollande) en concertation avec des gens qui ont le même avis que lui.
Dans une telle sentence, l’avis des étudiants et des enseignants, reste à notre humble avis, plus que nécessaire pour créer les mêmes conditions d’assimilation à des millions de jeunes, appelés demain à être les décideurs et l’élite de notre pays. Car il faut rappeler, qu’initialement, l’enseignement hybride était une décision exceptionnelle face à une situation exceptionnelle. La situation sanitaire imposait une telle mesure et elle a permis, il faut le reconnaître, de ne pas paralyser nos universités et de ne pas pénaliser nos étudiants.
La décision de l’enseignement hybride, aussi louable soit-elle, cela ne se discutant pas, pose néanmoins problème, car elle vient en pleine année universitaire. Une année toujours en cours et qui ne permet pas une évaluation profonde et précise de ce nouveau modèle d’enseignement. Il fallait, peut être, attendre la fin de l’année en cours pour connaître les résultats d’échec et de réussite, de juger les entraves (débit internet et autres) qui auraient constitués des grains de sable aussi bien pour les étudiants que pour les enseignants, et d’autres critères encore qui ne peuvent se faire qu’à la fin du cursus actuel.
Ensuite l’université n’est pas qu’un lieu de savoir. C’est trop réducteur pour ce grand espace de rencontres entre les enfants de toute l’Algérie. Qu’ils soient du sud, du nord, de l’est ou de l’ouest du pays, nos jeunes apprennent à se connaître et à connaître leur pays dans les universités. L’université forme les hommes et les femmes de demain à travers le brassage des enfants de toute la nation. C’est à l’université aussi que nous avons découvert la littérature mondiale (russe, latino-americaine, française, chinois et autres). Nous avons découvert le cinéma engagé. Nous avons compris et soutenu les causes justes dans le monde en Palestine ou au Sahara occidental.
Les jeunes ont besoin de se rencontrer et pas uniquement un ou deux mois par an. Ils ne doivent pas être que des anonymes derrière un micro. Ils ont leur vie à vivre et une vie à apprendre. L’université, si elle est d’abord et surtout un lieu d’assimilation de savoir, elle est aussi un merveilleux espace de rencontres, de curiosités et d’apprentissage de la vie.
Par Abdelmadjid Blidi
Ouest Tribune, 17 mars 2021
Tags : Algérie, université, éducation,
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