Décidément, le Maroc trône en tête de tous les classements des pays où les atteintes aux droits de l’homme constituent une règle et non pas une exception.
Quelques semaines après le rapport «sanglant» de la fondation Robert Kennedy (FRK) sur le traitement inhumain réservé aux militants sahraouis dans les territoires occupés, repris presque mot à mot par le Département d’Etat, voilà qu’un enquêteur de l’ONU enfonce le clou.
Juan Mendez, puisque c’est de lui, a affirmé aujourd’hui mercredi que le royaume de Mohamed VI utilisait la torture dans son propre pays et contre des opposants impliqués dans le conflit sur le Sahara occidental.
«Il y a de nombreuses preuves d’une utilisation excessive de la force», a déclaré à la presse Juan Mendez, le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, après avoir présenté son rapport à l’Assemblée générale. Chaque fois qu’il est question de sécurité nationale, il y a une tendance à utiliser la torture dans les interrogatoires.
Il est difficile de dire si c’est très répandu ou si c’est systématique, mais cela arrive assez souvent pour que le gouvernement marocain ne puisse l’ignorer», précise encore l’enquêteur.
L’enquêteur onusien est arrivé à ses conclusions au terme de son séjour au Maroc et au Sahara occidental durant une semaine le mois dernier.
Flagrant délit de torture
Son rapport est d’autant plus intéressant qu’il intervient au moment où le Conseil de sécurité débat sur la nécessité que la mission de l’ONU (MINURSO) dans la région ait un mandat pour enquêter sur des violations des droits de l’homme. Une perspective que ne souhaitent évidemment pas le Maroc et ses alliés.
Juan Mendez s’était rendu au Maroc sur invitation du gouvernement, membre non permanent du Conseil de sécurité. Il a ajouté avoir constaté des signes de changement au Maroc, où un parti islamiste modéré contrôle le parlement depuis novembre dernier.
«Le Maroc développe une culture de respect des droits de l’homme qui est un bon point de départ en vue de l’élimination de la torture dans un futur proche. Mais le pays est loin de pouvoir affirmer qu’il a éliminé la torture», écrit M. Mendez dans son rapport.
Le cauchemar n’est pas fini pour les détenus sahraouis
Faut-il rappeler que l’ONG américaine Robert F Kennedy (RFK) pour la justice et les droits de l’homme a fait presque le même constat en septembre dernier lors de sa tournée dans la région. Si elle a reconnu des «changements positifs» dans la Constitution marocaine, elle n’a pas manqué de pointer «l’importante présence policière et militaire au Sahara occidental et de «nombreux cas de brutalités policières» contre des manifestants pacifiques.
Et, le hasard faisant bien les choses, cette énième dénonciation du Maroc intervient le jour même (aujourd’hui mercredi) où la justice du roi a décidé, sans explication, de reporter le procès des 24 prisonniers politiques sahraouis dit «groupe Gdeim Izik», prévu hier devant le tribunal militaire de Rabat.
Comme d’habitude, aucune raison n’a été fournie sur ce report par le juge d’instruction aux familles des prisonniers, détenus à la prison locale 2 de Salé (ville jumelle de Rabat), depuis le démantèlement par les forces marocaines du camp de Gdeim Izik près d’El-Ayoun (Sahara occidental) le 8 novembre 2010.
Les malheureux détenus devront donc prendre leur mal en patience dans leurs geôles à la maison d’arrêt de Salé à Rabat en attendant que la «justice royale» veuille bien leur rendre leur liberté.
Hakim Merabet
Algérie1, 24 oct 2012
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