Manifs contre les dépenses de Mohamed VI

La police marocaine armée de matraques a dispersé dimanche dernier la première manifestation de rue contre les dépenses du roi Mohammed VI dans le budget de l’État dans un pays qui connaît des difficultés économiques, ont rapporté des témoins.
Les manifestants, au nombre de quelques centaines, s’étaient rassemblés devant le parlement. Ils ont été battus et molestés à coups de pied. Parmi ceux-ci figurait Abdelhamid Amine, président de l’Association marocaine des droits de l’Homme.
Selon la police, la manifestation n’avait pas été autorisée. «Honte à toi, tu as gaspillé le budget», scandaient les manifestants à l’adresse du gouvernement. Certains portaient des paniers à provisions percés de trous symbolisant la baisse du pouvoir d’achat du Marocain moyen.
«Nous voulions protester pendant le débat parlementaire sur le budget 2013 et les dépenses royales, qui sont en hausse, alors que le pays traverse une crise financière», a expliqué par la suite Abdelhamid Amine. La crise économique et financière que connaît l’Union européenne, principal partenaire économique du Maroc, a mis à mal les finances publiques du royaume.
Cette manifestation, estiment les observateurs qui suivent de près l’évolution de la situation interne au Maroc, marque une nouvelle escalade dans la fronde populaire contre le régime makhzenien.
La personnalité du roi, sacralisée, prétendument intouchable, incapable de se tromper et que l’on ne peut absolument pas critiquer, vient, ainsi, d’être très sérieusement «écornée» à la suite de cette manifestation, qui promet d’être suivie par d’autres, sachant que la situation sociale et économique n’est pas prête de s’améliorer au Maroc. En effet, les prétendues réformes engagées par Mohamed VI, dans le sillage du printemps arabe, n’étaient que leurre et poudre aux yeux. Ainsi donc, et même s’il a permis aux islamistes (modérés) du PJD d’entrer au gouvernement, et même d’en prendre le contrôle, il n’en a pas moins gardé en main l’ensemble des portefeuilles de souveraineté, gardant également l’ensemble de ses exorbitants pouvoirs et prérogatives dans la révision de la Constitution.
C’est ainsi qu’au moment où les capitales occidentales félicitaient le Maroc (ce docile vassal) pour ses prétendues réformes, les analystes objectifs voyaient venir la «bourrasque printanière». Les prémices de celle-ci s’étaient fait jour à la faveur des grandes manifestations populaires organisées par le fameux «Mouvement du 20 mars» au niveau de l’ensemble des grandes villes du royaume chérifien.
Selon les chiffres officiels, qui doivent être largement en deçà de la réalité, pas moins d’un quart des sujets de sa majesté Mohamed VI vivent dans le plus total dénuement. Maintenant, cette nouvelle escalade promet de faire chanceler un trône royal déjà bien mal en point, sans cela.
Rafik Bakhtini
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