Dans un entretien téléphonique avec Mohammed ben Salmane, dit «MBS», M. Pompeo a également appelé à la «fin des hostilités» au Yémen ainsi qu’à des négociations, a indiqué la porte-parole du département d’Etat, Heather Nauert.
Ce nouveau message s’apparente à un changement de ton de Washington, qui avait déjà pressé Ryad d’élucider l’affaire Khashoggi mais semblait, jusqu’ici, accorder le bénéfice du doute à MBS, un puissant allié des Etats-Unis au Moyen-Orient.
Jeudi, Mike Pompeo s’était ainsi dit publiquement satisfait de la coopération des autorités saoudiennes pour faire la lumière sur ce crime. Ce raidissement de Washington intervient au lendemain des déclarations du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a affirmé avoir communiqué aux Américains des enregistrements supposément réalisés au consulat saoudien d’Istanbul le jour de la mort de Jamal Khashoggi. «Ils ont écouté les conversations qui ont eu lieu ici. Ils savent», a assuré samedi le président turc lors d’une conférence de presse télévisée. Vendredi, M. Erdogan avait déjà soutenu, dans une tribune, que l’ordre d’assassiner le journaliste saoudien émanait «des plus hauts niveaux du gouvernement».
Le président turc avait écarté la responsabilité du roi Salmane, mais n’avait pas absous, en revanche, son fils, Mohammed ben Salmane, régulièrement mis en cause depuis plusieurs semaines par des responsables et des médias turcs. Vendredi toujours, la fiancée de Jamal Khashoggi avait appelé, dans une tribune publiée dans plusieurs médias, à «prendre des mesures réelles, sérieuses et concrètes pour mettre au jour la vérité et traduire les responsables en justice». Jamal Khashoggi a été tué le 2 octobre à l’intérieur du consulat saoudien à Istanbul.
Après avoir d’abord affirmé que le journaliste avait rapidement quitté le consulat, puis soutenu qu’il était mort dans une rixe, Riyad a fini par évoquer une «opération non autorisée» par le pouvoir. Désengagement au Yémen Lors de son entretien avec MBS, Mike Pompeo a également évoqué le dossier yéménite, renouvellant son appel à «la fin des hostilités» dans ce pays ravagé par une guerre civile. Le chef de la diplomatie américaine a aussi demandé que «toutes les parties viennent à la table pour négocier une solution pacifique au conflit».
La guerre au Yémen oppose des forces pro-gouvernementales aux rebelles Houthis, soutenus par l’Iran et qui se sont emparés en 2014 et 2015 de vastes régions du pays, dont la capitale Sanaa. En mars 2015, une coalition sous commandement saoudien est intervenue militairement au Yémen en soutien aux forces pro-gouvernementales.
L’Arabie Saoudite a été accusée, à plusieurs reprises, de bavures ayant coûté la vie à des centaines de civils. Vendredi, le Washington Post avait rapporté que les Etats-Unis avaient décidé de cesser de ravitailler les avions de la coalition militaire sous commandement saoudien, mettant ainsi fin à leur soutien le plus concret en trois ans de conflit.
Une première manifestation d’un virage diplomatique, confirmée, semble-t-il, par le regain de fermeté de Mike Pompeo dimanche. Le soutien logistique à la coalition était de plus en plus critiqué depuis le meurtre de Jamal Khashoggi.
Le ministre américain de la Défense Jim Mattis avait déjà appelé récemment les belligérants au Yémen à cesser les hostilités. M. Pompeo avait lui aussi demandé précédemment que cessent les frappes aériennes de la coalition menée par Riyad «dans toutes les zones habitées du Yémen», une reconnaissance en creux des pertes civiles causées par ces bombardements. AFP
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