La récente visite du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, au Sahara occidental et à Alger est considérée comme l’aboutissement des efforts visant à redéfinir de nouvelles pistes diplomatiques quant à l’autodétermination du peuple sahraoui. Dans l’intervalle, le Maroc, redoutant les conclusions de cette tournée de Ban Kimoon, après avoir tiré à boulets rouges sur celui-ci, et bien sûr, comme à l’accoutumée, sur l’Algérie, se tourne une fois de plus sur ses supports, Paris et Washington, pour venir à son secours. C’est d’ailleurs ce que vient de faire l’ambassadeur US à Rabat qui, dans une interview à la MAP, exprime le point de vue de son pays sur la question du Sahara. Un parti pris qui n’étonne personne : » Le plan d’autonomie du Sahara occidental est sérieux, crédible et réaliste « .
De tels propos offrent au Makhzen les arguments pour se faciliter sa tâche vis-à-vis du peuple sahraoui. C’est aussi un message pour enrayer les efforts de l’ONU pour résoudre cette question. Washington entend ainsi assumer de façon probante le rôle déterminant qui n’a jamais cessé d’être le sien dans ce conflit, dans le but de garder son hégémonie au Maghreb avec l’appui du Maroc, et ce, tout en restant le tuteur de cette guerre. Mais de-là à imaginer que le référendum d’autodétermination peut-être définitivement enterré, il y a une marge que le Maroc et ses soutiens ont franchi bien imprudemment. Ils s’exposent à être ballottés au gré des incidents et événements de parcours.
C’est ainsi que tous ceux qui ont voulu voir dans l’attitude du Maroc contre le SG de l’ONU pour le convaincre de céder sur sa thèse d’autonomie sont obligés de reconnaître, aujourd’hui, que ce manque de respect au SG entre dans le cadre d’une partie très serrée que joue le Makhzen pour ne pas perdre la face. Le palais royal, bradant l’honneur du peuple marocain et reniant ses engagements à négocier avec le Polisario, atteint un point de non-retour conforté par l’Arabie saoudite et sous la supervision de la France et des Etats-Unis.
A partir de-là, Ban Ki-moon compte rappeler au Maroc la réalité des rapports de force et le respect de la charte onusienne et lui imposer la nécessité de ne pas se laisser aller encore dans son intransigeance à vouloir coûte que coûte imposer sa thèse d’autonomie au Sahara au détriment du droit international.
Les observateurs les plus lucides se rendent compte de la portée directe des pressions que l’ONU compte imposer au Makhzen, surtout que Ban Kimoon a déjà le soutien de l’Union européenne et de l’Union africaine en vue de parvenir à la solution d’autodétermination. Le chef de la division Maghreb à la Commission européenne a déclaré il y a quelques jours : » La position de l’UE et de ses Etats membres sur le Sahara occidental n’a pas changé d’un iota. Nous réitérons, ici, notre soutien aux efforts du SG de l’ONU en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permettra l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, dans le cadre d’arrangements conformes au but et aux principes énoncés dans la charte des Nations-Unies « .
Par ailleurs, dans une tentative ratée de ramener le SG de l’ONU à changer sa position sur ce conflit, le Maroc a annoncé mardi qu’il allait réduire de manière importante la composante civile de la Minurso, en particulier la branche politique et cesser avec effet immédiat sa contribution financière à cette mission. Devant cet état de fait, la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuna, a averti que la nouvelle attitude du Maroc relative à ces mesures constituait » un précédent dangereux qui remet en question le mandat du Conseil de sécurité de l’Onu dans le maintien de la paix et la sécurité dans le monde « . Aussi, a-t-elle prié instamment le Conseil de sécurité de » réaffirmer le mandat entier de la Minurso, y compris l’organisation d’un référendum d’autodétermination », insistant sur la nécessité pour la communauté internationale de continuer à fournir un appui sans réserve aux efforts déployés par Ban Ki-moon et son Envoyé personnel, Christopher Ross, visant la concrétisation d’une solution au conflit conforme à la légalité internationale.
la tribune des lecteurs, 23 mars 2016
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