Il n’y a qu’une seule vérité (amère) à dire aujourd’hui : c’est l’entêtement du Maroc qui empêche une issue apaisée au douloureux conflit du Sahara occidental. L’occupation de ce territoire depuis plus de quarante ans par les armées du royaume ne peut être justifiée en cette deuxième décennie du XXIeme siècle où les systèmes colonialistes d’antan n’ont plus droit de cité. Et même, s’il s’agit d’un conflit, juridique ou autre, le recours au droit international et aux positions des instances internationales comme l’Onu et l’Union africaine, sont très explicites à ce sujet : le peuple sahraoui doit être maître de son destin. C’est à lui que revient le dernier mot pour décider de ce qu’il veut, en choisissant, librement, le système politique adéquat.
Ce que craint le Maroc, en allant dans le sens des propositions de l’Onu, c’est de voir les Sahraouis, un peuple jaloux de sa liberté des grands déserts, ayant combattu courageusement pour préserver celle-ci, rejeter massivement « l’allégeance » sous forme d’autonomie que lui propose Rabat.
Cette position du Front Polisario est confortée par celle de l’UA, qui a accepté la reconnaissance de la RASD, obligeant le Royaume à bouder ses sommets depuis plusieurs années.
C’est cette attitude, en conformité avec le Droit, qui a poussé le Front Polisario a salué la position constante de l’Union africaine (UA) en faveur de la décolonisation du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique.
L’UA, partenaire de l’ONU dans l’élaboration et la mise en place du plan de règlement du conflit du Sahara occidental et son accompagnement pour la décolonisation de la dernière colonie en Afrique, ne semble pas prête à céder aux pressions du Maroc et de ses amis sur le continent. Elle comprend que l’attitude hégémonique de Rabat pèche par le manque d’arguments et qu’elle justifie, a contrario, tous les crimes commis par la colonisation en Afrique, en Asie et en Amérique.
La position de l’UA a été réaffirmée par Joaquim Alberto Chissano, envoyé spécial de l’Union pour le Sahara occidental, lors d’une récente réunion avec les membres du Conseil de sécurité. Malgré les tentatives de Rabat d’empêcher l’UA de s’exprimer sur le dossier sahraoui, l’organisation panafricaine a fait entendre sa voix par M. Chissano. L’UA a dénoncé la signature par le Maroc d’accords avec d’autres États en incluant le territoire occupé du Sahara occidental, appelant «tous les États concernés» à «s’abstenir de conclure tout accord qui serait contraire à la souveraineté permanente du peuple sahraoui sur ses ressources naturelles». Le Front Polisario a également exprimé sa gratitude au mouvement de solidarité avec la cause sahraouie partout dans le monde pour son soutien et sa solidarité avec la lutte du peuple sahraoui pour la liberté et l’indépendance. D’autre part, des membres de l’intergroupe pour la liberté du Sahara occidental constitué dans le Parlement de Gallice (Espagne), empêchés d’entrer à Laâyoun (territoires sahraouis occupés) et expulsés par les autorités marocaines, ont dénoncé dans une lettre envoyée au Conseil de sécurité des Nations unies «l’attitude marocaine à leur égard», ont rapporté les médias espagnols.
Alors que le peuple sahraoui est prêt à mourir pour sa liberté, sa dignité et la préservation de l’intégrité de son territoire, le Maroc n’a d’yeux que pour les ressources naturelles du Sahara qu’il s’empresse à épuiser sachant, que tôt ou tard, il sera amené à les quitter. De gré ou de force. Une donne que le Maroc doit comprendre parce que, 43 ans après le déclenchement de la lutte armée, le 20 Mai 1973, le Front Polisario et le peuple sahraoui montrent clairement qu’ils n’accepteront pas de se renier en reniant l’intendance de leur pays.
Sid’Mhamed Ould Mhaymed
Journaliste mauritanien
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