La réaction du Makhzen au rapport du département d’Etat sur la situation des droits de l’Homme au Maroc, un mois après sa publication, se singularise par la violence de son contenu et les attaques ouvertes contre cette institution qui symbolise le pouvoir américain.
Une source très au fait du dossier a indiqué à Algeriepatriotique que le roi du Maroc tente de mobiliser le front intérieur pour sauver sa peau. Le régime de Rabat, qui fait face à des réactions de plus en plus critiques de la part des «voix autorisées» – intellectuels, journalistes, partis, députés, etc. – sur la gestion du dossier sahraoui, accuse le contrecoup de son échec dans sa tentative de maquiller la dernière résolution de l’ONU présentée par les Etats-Unis et votée à la quasi-unanimité par les membres du Conseil de sécurité.
Cédant à la panique et extrêmement embarrassé, le Makhzen et son gouvernement, qui essuient des critiques acerbes suite à la déclaration injurieuse du ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, envers les Etats-Unis, sentent la menace venir au-delà de l’Atlantique. Selon une source crédible, le roi Mohammed VI se sent particulièrement visé par l’Administration Obama et veut montrer que son peuple fait corps avec le Palais.
Dans le même temps, la pétromonarchie saoudienne, qui joue de plus en plus ouvertement le rôle de protecteur de la famille royale alaouite, pousse Mohammed VI à tenir tête aux Américains et l’utilise dans son conflit avec Washington. Mais cette manœuvre a un coût. En effet, le roi Salman s’est engagé à débourser la mirobolante somme de 20 milliards de dollars, dans le cadre d’un plan d’armement courant jusqu’à 2020.
L’Arabie Saoudite menace donc directement la sécurité de l’Algérie. Mohammed VI est également phagocyté par des «segments franco-israéliens» qui l’encouragent à «aller au clash» et à entretenir une «diplomatie belliqueuse», relèvent encore nos sources, qui pensent que le roi du Maroc, malade et peu expérimenté, est «complètement dépassé par les événements». Nos sources en veulent pour preuve ses tentatives de rapprochement avec la Russie et la Chine. «Du jamais vu dans les relations internationales», s’étonnent-elles, notant, en effet, que «les alliances stratégiques ne s’improvisent pas».
Selon un ancien diplomate marocain issu d’une famille influente, «tout allait bien» pour le régime marocain, conforté dans ses convictions par ce qu’il considère être un «affaiblissement du pouvoir» en Algérie, par le renforcement de sa présence dans les villes sahraouies occupées sans en être inquiété par la communauté internationale et une «revalorisation» de l’image du Maroc épargné par le «printemps arabe», et ce, «malgré quelques fausses notes». Selon ce diplomate, la situation a commencé à connaître une autre tournure à partir de 2012.
Selon elle, «Hassan II savait qu’une guerre contre l’Algérie signifierait la fin de la dynastie alaouite et qu’une guerre prolongée contre le Front Polisario ruinerait le pays». Le Maroc est, ainsi, dans une impasse totale, d’autant plus que «ni les Etats-Unis ni l’Europe n’ont intérêt à déstabiliser durablement la région» du Maghreb. Nos sources craignent, cependant, que l’Arabie Saoudite et le Qatar «œuvrent à instrumentaliser le jeune roi marocain, non seulement pour porter atteinte à la sécurité de l’Algérie, mais aussi et surtout pour devenir les maîtres absolus de tout le Maghreb.
Karim Bouali
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