Encore une fois, le machiavélisme des conseillers indiscrets et attitrés des autorités marocaines a agi. En les écoutant pour piétiner le cessez-le-feu instauré depuis trois décennies entre le Maroc et la République sahraouie, le monarque alaouite a pensé profiter d’une conjoncture particulière pour bafouer une trêve qui ne tenait qu’à un fil, sans présager des conséquences lourdes qui en résulteraient. La guerre est bel et bien déclarée et on connaît d’avance les gravissimes risques qui planent sur une région déjà lourdement perturbée et à bien les appréhender, ce sera le peuple marocain qui en payera le lourd prix.
Tout prête à penser que le Maroc a décidé d’utiliser une stratégie vieille comme le monde qui consiste à crier au loup pour guerroyer hors de ses frontières en planifiant une recette guerrière connue. Sérieusement empêtré dans une situation sociale et économique hautement dégradée, le pouvoir marocain planifie une dangereuse diversion et devra s’alourdir d’un pesant effort de guerre. Une telle bravade ne pouvait être initiée sur la seule base des griefs annoncés officiellement par le royaume et si tel était le cas, les raisons invoquées auraient pu se dissiper par une sage entente diplomatique pour garantir le maintien du cessez-le-feu en attendant que le peuple sahraoui décide de son avenir. Il en a été autrement et tout porte à croire que le roi a bénéficié de secrets encouragements en ces temps sombres pour la sous-région pour torpiller tous les efforts de paix déployés depuis déjà près d’un demi-siècle.
La pandémie désastreuse avec ses affres et les prémices de déstabilisation qu’elles annoncent avec les jeux des armes dans le Sahel aidant, le royaume du Maroc a cru bon de s’inscrire dans la mêlée des canons. Sa dangereuse initiative n’est sûrement pas isolée. Elle rejoint d’autres initiatives du même acabit qui semblent dans l’ombre méthodiquement planifiées mais dont les gains pour les peuples de la région ne sont pas assurés.
Le Quotidien d’Oran, 15 nov 2020
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