Procès des prisonniers sahraouis de Gdeim Izik : Bataille judiciaire entre la défense et le tribunal militaire marocain

Après la fin des auditions des prisonniers sahraouis, ce fut au tour de leurs avocats de requérir leur libération pure et simple en plaidant leur innocence, estimant que l’Etat marocain est le seul responsable des évènements de Gdeim Izik.
En réponse à la requête du représentant du parquet général qui avait requis «des peines à la mesure de la gravité des faits» aux 24 prisonniers sahraouis poursuivis, les avocats de la défense ont plaidé avant-hier jeudi devant le tribunal militaire de Rabat l’innocence des prévenus quant aux charges retenues contre eux et demandé leur mise en liberté. Ils ont imputé la responsabilité des évènements du camp de Gdeim Izik à l’Etat marocain, ont indiqué des sources judiciaires.
Les avocats ont affirmé que les six défenseurs du collectif des avocats ont demandé dans leurs plaidoiries l’abandon des chefs d’accusation contre les accusés, en leur rendant justice par l’acquittement dans un procès «sans fondement juridique», et ce, afin d’éviter un retour aux pratiques des années de plomb au Maroc. Ils ont notamment insisté sur le fait que les prévenus étaient des militants politiques pacifiques et des défenseurs des droits de l’Homme, tout en soulignant que la mise en place à l’automne 2010, à Gdeim Izik, proche d’El-Ayoun occupé, d’un camp de quelque 3 000 tentes était une opération «légitime et pacifique» pour les quelques 40 000 Sahraouis qui y avaient élu domicile afin de «défendre leurs droits politiques, économiques et sociaux» avant d’en être délogés, le 8 novembre 2010 par les forces marocaines.
Les avocats ont rappelé que le porte-parole du gouvernement marocain de l’époque avait reconnu devant la presse que les revendications des Sahraouis étaient «légitimes» et «pacifiques». Ceci étant, le président du tribunal a rejeté la demande d’expertise médicale des prévenus ayant subi, selon eux, des pratiques inhumaines et des actes de torture, estimant que la requête est «dépassée» par rapport aux évènements qui ont en lieu il y a plus de 27 mois. Pour rappel, les 24 prisonniers qui ont été auditionnés durant quatre jours (9-12 février) ont rejeté en bloc tous les chefs d’accusation les désignant comme une «bande de criminels», dénonçant un «procès politique» en rapport avec la question du Sahara occidental.
Les cinq témoins présentés par la défense avaient notamment affirmé à propos de trois accusés qu’ils ne pouvaient pas avoir participé aux crimes commis le 8 novembre 2010 puisque deux d’entre eux avaient été arrêtés par la police la veille alors que le troisième était à l’hôpital. Dans la même audience, le président avait annulé l’audition des neuf témoins à charge présentés par le parquet dès la comparution du premier d’entre eux. Celui-ci avait indiqué qu’il n’avait pas assisté personnellement à des actes criminels lors du démantèlement du camp mais qu’il avait, par contre, aperçu des hommes encagoulés sans pour autant pouvoir affirmer qu’il s’agissait des 24 accusés en question. Les prévenus sont notamment accusés d’«atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat, formation d’une bande criminelle et atteinte aux fonctionnaires publics dans le cadre de l’exercice de leur fonction».
Plusieurs ONG internationales de défense des droits de l’Homme, des intellectuels et avocats ont réclamé la libération «inconditionnelle» des prisonniers, condamnant la comparution de civils devant un tribunal militaire. Des observateurs européens, pour la plupart des magistrats, avocats et militants des droits de l’Homme ainsi que des ONG marocaines assistent au procès.
reportes.dz, 15/02/2013
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