Algérie : Que faire de la Ligue arabe ?

L’ORGANISATION EST TRANSFORMÉE EN OUTIL AUX MAINS DES MONARCHIES DU GOLFE

Que faire de la Ligue arabe ?
Les positions qu’affichent aujourd’hui un grand nombre de pays arabes à l’égard des événements en cours au Sahara Occidental font inévitablement ressurgir la cruciale question de la présence de l’Algérie au sein des organisations arabes.Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Toutes les monarchies du Golfe se sont, une nouvelle fois, et sans exception, alignées derrière le Maroc, soutenant publiquement l’attaque menée par ses soldats à Guerguerat. L’Arabie Saoudite, Oman, Bahreïn et les Émirats arabes unis ont publié, à quelques heures d’intervalle, des communiqués à travers lesquels ils légitiment l’agression perpétrée et la présentent comme un acte de défense pour la préservation d’un territoire occupé par la force et sous contrôle des Nations-Unies, une institution auprès de laquelle les deux parties en conflit ont signé un accord interdisant strictement tout déplacement de civils et de militaires dans cette zone. 
Avant ce fait, et dans une situation extrêmement tendue, marquée par l’intensification des manifestations pacifiques de Sahraouis contre les déplacements de convois marocains à Guerguerat, les Émirats arabes unis ont pris la décision de procéder à l’ouverture d’un consulat à Laâyoune, capitale occupée du Sahara Occidental. Même si sur le terrain cette annonce se limite à la mise en place de locaux vides, tout au plus, le fait était chargé d’une symbolique à la portée évidente. Par ce geste, Abou Dhabi voulait également ouvrir la voie aux autres États arabes et les encourager à en faire de même. Le résultat ne s’est pas fait attendre. Jeudi, la Jordanie a annoncé, à son tour, son intention d’ouvrir une représentation diplomatique à Laâyoune à l’heure où la guerre bat son plein. 
Les monarchies du Golfe ne sont pas les seules à soutenir la guerre qui se déroule aux portes de l’Algérie. Au lendemain de la reprise des hostilités, l’ambassadeur palestinien à Rabat a affiché son soutien au Maroc. Cette réaction, pour le moins inattendue, a été suivie de vives critiques. Bizarrement, l’ambassadeur a démenti quelques heures plus tard avoir déclaré son soutien au Maroc, un démenti suivi par un communiqué du département des affaires étrangères palestinien se désengageant des propos tenus par son représentant. Les premières déclarations ont, cependant, induit une suspicion à Alger où l’ambassadeur a été convoqué et invité à s’expliquer, croit-on savoir. Le fait est considéré comme étant grave, très grave venant d’un pays pour lequel l’Algérie ne ménage aucun effort en matière de soutien diplomatique et financier et demeure l’un des rares États à verser annuellement.
Pour Alger, les évènements qui se déroulent à ses frontières sont considérés comme relevant de la sécurité nationale qui ne saurait souffrir aucune tergiversation. Depuis plusieurs années, l’opinion interne algérienne, appuyée par plusieurs partis politiques, a invité cette dernière à reconsidérer sa place au sein de la Ligue arabe et même de l’Organisation islamique à la composante et positions identiques à la première. Les membres les plus influents, les dirigeants de ces organisations convergent vers des intérêts totalement opposés à ceux de l’Algérie. Car c’est en matière d’intérêt que les accointances, rapprochements et adhésion à des structures régionales ou internationales sont entrepris.
Au sein de la Ligue arabe, la voix de l’Algérie a été étouffée lorsque ses représentants ont tenté de s’opposer à la réaction trop timide après les frappes américaines contre Damas, toutes tentatives de s’exprimer sur le massacre commis par l’Arabie Saoudite contre les civils yéménites sont aussi vaines. Plus grave encore, en mai 2018, la Ligue arabe avait pris officiellement et publiquement position en faveur du Maroc qui accusait alors Alger d’avoir fermé les yeux sur une opération d’acheminement d’armes aux Sahraouis par l’intermédiaire d’un diplomate iranien, basé en Algérie, et affilié au Hezbollah.
Rabat, qui entretient d’étroits liens d’intérêts de solidarité avec les monarchies qui règnent au sein de la Ligue arabe, a appelé à une réunion urgente de l’organisation qui s’est soldée par un communiqué vicieux soutenant la rupture des relations diplomatiques du Maroc avec Téhéran et condamnant la mystérieuse opération. La question de savoir si une réaction identique sera observée par rapport aux évènements en cours au Sahara Occidental ne se pose plus.
Les États qui tiennent les rênes de la Ligue arabe ont annoncé la couleur, et de là à publier un communiqué portant le sceau de ces structures, il n’y a qu’un pas. À quoi doit, donc, s’attendre notre pays de cette ligue otage des monarchies et, surtout, l’Algérie doit-elle continuer à y servir de caution ?
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