Sahara Occidental : Un tournant diplomatique au Conseil de sécurité

Le Maroc est à nouveau au pied du mur aux Nations unies pour sa colonisation violente du Sahara occidental. Et ce n’est pas sa propagande mensongère, sa fausse lecture du rapport du Secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon, qui insiste sur le processus de décolonisation inachevé d’un territoire et de sa population abandonee par l’Espagne aux griffes de la monarchie marocaine, pour de méprisables intérêts mercantiles. Et pour une fois le Secrétaire général met les members du Conseil de sécurité devant leur responsabilité pour ce qui est de l’application effective du plan de Paix, bloquée par le Maroc depuis son adoption à l’unanimité en 1990. Ainsi et comme le souligne le représentant du Front Polisario aux Nations unies la question du Sahara occidental pourrait entrer dans une «phase décisive» au Conseil de sécurité en Avril 2015, le dead-line imposé par Ban Kimoon au Conseil de sécurité pour une remise à plat des accords de Houston, conclus sous la houlette du secrétaire d’État américain de l’époque James Baker.
Pour Ahmed Boukhari, qui réagissait au nouveau rapport du Secrétaire général de l’Onu sur la question sahraouie, le Conseil devrait se réunir en octobre 2014 pour une première évaluation de la démarche de l’envoyé personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, entreprise dans le cadre du processus de négociations, basé sur des consultations bilatérales et des navettes diplomatiques, comme il a invité les deux parties au conflit -Le Front Polisario et le Maroc- à «s’engager sérieusement » sur deux questions fondamentales que sont «le contenu de la solution politique et la forme de l’autodétermination» pour le peuple sahraoui. Mais si aucun progrès ne se réalisera avant avril 2015, Ban Ki-Moon a avancé que les members du Conseil de sécurité devraient alors procéder à une «révision totale» du cadre du processus des négociations entre le Front Polisario et le Maroc. Selon Boukhari, cela signifierait que «le chef de l’Onu ferait assumer au Conseil de sécurité une lourde responsabilité, et ce, soit pour aller de l’avant et á résoudre définitivement le dossier sahraoui, dernier cas de colonialism en Afrique, soit jeter l’éponge et ouvrir, par conséquent, les portes à l’inconnu dans une région qui a besoin de paix, de stabilité et de certitude pour son avenir».
«Ban Ki-Moon a dit, d’une manière explicite, qu’il pourrait alors engager le Conseil de sécurité à réviser le cadre des négociations que cet organe de decision de l’ONU avait défini en 2007 à travers sa résolution 1754», selon le représentant sahraoui. En conséquence, commente Boukhari, la question du Sahara occidental pourrait alors entrer dans une «phase décisive» au Conseil de sécurité dès avril 2015. Sur un autre plan et pour ce qui est des droits de l’homme au Sahara occidental, un territoire considéré comme non autonome par l’Onu depuis 1960 et la question du pillage de ses ressources, le Maroc n’ayant jamais été considéré comme une puissance mandataire le rapport du SG de l’Onu souligne les aspects de leur violation et la nécessité de protéger les sahraouis et a insisté sur leur surveillance et la condamnation de leur violation.
Ban Ki-moon a réaffirmé la nécessité de surveiller de manière «durable, indépendante et impartiale» le respect des droits de l’homme au Sahara occidental, tout en concédant que le Maroc a fait des gestes. Mais précisément et ce que le Secrétaire général ne peut dire ouvertement est que le Maroc jette un os en ne jugeant plus les sahraouis -qu’il considère comme ses citoyens- par des tribunaux militaires. Il ferme la porte à la volonté internationale d’étendre la protection des sahraouis dans les territoires occupés et réprimés au quotidien et surtout laisse le champ libre à son protecteur français pour bloquer toutes initiatives en ce sens. D’ailleurs Paris dont le Quai d’Orsay qui n’a jamais démérité dans son soutien zélé à Rabat, vient de sanctionner son ambassadeur à Washington qui sera remplacé en juin prochain, pour avoir révélé la vraie nature de la relation qui unit Paris et Rabat. 
Les Américains qui avaient propose un projet de résolution prévoyant l’élargissement du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation du referendum au Sahara occidental (Minurso) aux droits (des Sahraouis) depuis retire faute de soutiens suffisants, remettront-ils la question sur le tapis directement ou indirectement oeIl faut l’espérer d’autant que Aminatou Haider a fait un travail formidable de sensibilisation. Qui plus est, la diplomatie française est attendue au tournant, elle qui a défendue bec et ongle l’Ukraine et l’intangibilité des frontières.
Quand à l’Éspagne qui est confrontée à la question de la volonté des catalans d’aller à un référendum d’autodétermination, elle a de nouveau l’occasion de revenir sur une faute historique vis-à-vis des sahraouis.
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 13/04/2014
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