Sahara Occidental : L’ONU à l’épreuve de la décolonisation

 

La célébration du 60e anniversaire de la résolution 1515 du 14 décembre 1960 portant octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples colonisés permet d’évaluer le recul des libertés fondamentales dans un monde soumis à la loi du plus fort et à la résurgence de l’idéologie néocoloniale. 

Sur les cendres du «printemps arabe» chaotique et des avatars du déni de légalité, fragilisant les fondements de l’ONU, représentative de la conscience mondiale, la dérive a sacrifié les droits des peuples à une existence souveraine. A l’avant-garde du mouvement de décolonisation, l’Algérie combattante, porteuse des espoirs de liberté de Bandung, a permis la consécration internationale du droit à l’autodétermination entériné par l’ONU, trois jours seulement après les manifestations pacifiques du 11 décembre 1960. 

Cette avancée, pleinement soutenue par l’Amérique de John Fitzgerald Kennedy, plaidant, il y a 63 ans, dans son «discours algérien», pour l’indépendance de l’Algérie, a permis l’accélération du processus de décolonisation dans le monde. 

A l’heure des reniements et du marchandage, aux antipodes des principes fondateurs inscrits dans les 14 points de Wilson, l’Amérique de l’Administration Trump s’enfonce dans une crise de valeurs, en tournant le dos à un héritage anti-colonial. Vouée à un isolement de plus en plus profond, elle subit de plein fouet les retombées d’un troc honteux désavoué par des personnalités influentes des camps républicain et démocrate, condamné par l’ONU et rejeté par l’Union africaine, qui a procédé à l’inscription de la question sahraouie dans l’agenda du Conseil de la paix et de la sécurité. 

Deux anciens émissaires onusiens pour le Sahara occidental, l’ancien secrétaire d’Etat James Baker et l’ancien ambassadeur des Etats-Unis en Algérie Christopher Ross, ont dénoncé fermement le «compromis cynique» et une décision «irréfléchie et insensée». 

De son côté, l’ancien conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, a estimé que Trump a «tort de renoncer à 30 ans de politique américaine au Sahara occidental». Face à l’abandon des «voies multilatérales légitimes de règlement des conflits», évoquées par le président de la Chambre des représentants, le Démocrate Elliot Engel, la responsabilité de la communauté internationale et l’ONU est clairement posée. 

«La commémoration, aujourd’hui, du 60e anniversaire de la résolution 1514 de l’Assemblée générale des Nations unies offre une opportunité d’évaluer le chemin parcouru en matière de décolonisation et de prendre la mesure des défis pour achever cette œuvre partout dans le monde», a indiqué, dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères. 

Le cas des 17 territoires non autonomes et, particulièrement, «le dernier reliquat du colonialisme» en Afrique, le Sahara occidental, victime d’une inertie totale de l’ONU et d’un chantage immoral, appelle à une «réaction internationale plus ferme» et à une «action soutenue» pour parachever le processus de décolonisation inéluctable.

Horizons, 15 déc 2020

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