Tchad, Idriss Déby, Barkhane,
Par Mohamed Abdoun
La mort subite, ce mardi, du président tchadien Idriss Déby itno, touché au front par un projectile lancé par un membre de la rébellion à laquelle il a dû faire face dès samedi passé rebat du tout au tout les cartes sécuritaires et géostratégiques de ce pays meurtri. Mais pas que.
C’est toute la vaste bande sahélo-saharienne qui s’en trouve chamboulée du tout au tout. Déby, allié indéfectible de Paris, est l’incarnation-même de cette notion complexe et vague de « Françafrique ».
Lorsque les rebelles du front pour l’lternance et la concorde, arrivés en force depuis a Libye, étaient littéralement arrivés aux portes du palais présidentiel de N’Djamena, en février 2019, c’est en effet la France qui, une nouvelle fois, avait sauvé la mise de ce défunt président qui se maintenait au pouvoir depuis soixante longues et interminables années.
L’ironie du sort a même voulu qu’il se fît élire pour un… sixième mandat en date du 11 avril passé. La proclamation officielle des résultats n’en a même pas été faite. Pour comprendre la complexité de ce qui se passe dans la région, plusieurs ouvrages encyclopédiques n’y suffiraient pas. Je vais donc tâcher de résumer les choses et d’aller droit à l’essentiel.
La stabilité du Tchad, de par ses particularités ethniques et géographiques, est directement tributaire de celle de la Libye. Des mouvements rebelles, peu importants, et sommairement armés, y font le coup de feu régulièrement, lai sans jamais constituer de réelle menace sur N’Djamena.
Le défunt Kadhafi, assassiné sur demande instante de la France, a toujours veillé au grain. Ce n’est pas le fruit du hasard si le chef du groupe terroriste, auteur de l’enlèvement d’une trentaine de touristes européens -principalement allemands- au début des années 2000, Abderrezak El Para, se soit retrouvé entre les mains de ces rebelles.
L’armée tchadienne aguerrie sur le terrain, s’est rendue célèbre lors de l’opération Serval de François Hollande. Les fameux « Fatim (forces armées tchadiennes d’intervention au Mali), avaient en effet joué un rôle majeur dans la récupération de la partie septentrionale de ce pays des mains des terroristes d’AQMI et de Daech.
Mais ce traitement, exclusivement sécuritaire, mené par Paris contre l’avis d’Alger, avait de sérieuses et sévères limites. Sans traitement de fonds, à la racine, la menace terroriste persiste. Les rebelles touaregs, quant à eux, restent sur les dents à cause de la non-application du fameux accord d’Alger.
Là encore, c’est Paris qui a poussé Alpha Omar Konare, Amadou Toumani Touré et Ibrahim Boubakar Keita, les présidents maliens successifs, à ne pas mettre en branle le processus d’application de cet accord. La situation, aujourd’hui, en est devenue plus explosive que jamais.
Après le Serval de Hollande, et le Bakhane de Macron, la France avait fondé tous ses espoirs sur le G5-Sahel, force armée locale internationale, sous équipée et peu efficace sur le terrain l’arrivée sur le terrain de renforts tchadiens étaient supposée soulager la France, et en finir avec les attentats et les massacres qui se produisent dans la zone dite des trois frontières, située à chenal sur le Mali, le Niger et le Burkina Faso. La situation au Sahel risque donc d’aller de mal en pis.
La poursuite de l’ingérence française au Tchad risque également de compliquer une situation qui l’est déjà bien assez sans cela.
Espérons que la mort de Déby va fermer définitivement la parenthèse de cette Afrique aux mains de dictateurs gargantuesques, et autorisant le pillage des ressources de leurs pays par l’Occident, à commencer par la France.
La Patrie News, 20 avr 2021