par Mohamed Kebci
Ils sont nombreux, les partis à «butiner» en dehors de leurs rangs pour confectionner leurs listes de candidats dans la perspective des élections législatives anticipées du 12 juin prochain.
M. Kebci – Alger (Le Soir) – Il n’est pas rare, à l’occasion de rendez-vous électoraux, que des partis ouvrent leurs listes de candidats pour des personnes en dehors de leurs rangs. Une pratique qui, cela dit, était quelque peu marginale pour ne concerner, jusque-là, que des cas d’exception, généralement des compétences reconnues localement ou à l’échelle nationale ou des acteurs de la société civile fortement impliqués dans la vie de la collectivité nationale. Encore qu’elle est plus visible lors des élections portant renouvellement des Assemblées populaires communales et de wilaya où la compétence et les capacités de gestion priment le plus souvent sur le parcours militant. Ceci, même si la proportion des candidats extra-partis est au-dessous de celle des cadres et militants des partis.
Mais dans la perspective des élections législatives anticipées du 12 juin prochain, ces cas «isolés» semblent prendre le caractère de «phénomène» avec des partis qui ouvrent grandement leurs portes à des citoyens pour se porter candidats sur leurs listes.
Et ce ne sont pas le mouvement el Binaa et Tajamoue Amel Jazair qui nous contrediront, eux dont les présidents viennent d’avouer et fièrement que leurs listes au rendez-vous du 12 juin prochain sont, respectivement constituées de 85% et de 95% de candidats en dehors de leurs rangs respectifs.
Cela voudrait-il dire que ces deux partis et certainement bien d’autres ne sont que des coquilles vides ? Ce qu’on réfute, néanmoins, au niveau du mouvement que préside Abdelkader Bengrina. «Notre parti n’appartient plus à ses seuls militants», affirmait, hier mercredi, le chargé de la communication d’El Binaa.
Pour Salah Hocine, «le mouvement a gagné le statut de première force politique du pays à l’issue de l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 quand son président est venu deuxième derrière le Président élu qui s’est présenté comme candidat indépendant. Et, de ce fait, il appartient à tous les Algériens». D’où, a ajouté notre interlocuteur, la «résolution prise à la base même du parti, d’ouvrir les portes du mouvement pour tous les Algériens qui voudraient se lancer dans l’expérience électorale».
Du côté du TAJ, le chargé de la communication du parti explique cette option d’ouverture aux compétences hors-parti par le grand rush que connaît le siège du parti ces derniers temps. «De nombreux citoyens nous sollicitent au quotidien pour nous rejoindre», affirme Mérouane Benmadani qui relève que «l’opération de collecte des souscriptions des électeurs s’est déroulée sereinement et sans problèmes». Une assertion que réfute un ex-cadre du TAJ qui explique la démarche de la nouvelle direction par le fait que «le parti soit déserté par le gros de ses militants».
Ceci dit, du côté de Jil Jadid, on s’inscrit a contrario de cette démarche adoptée par nombre de partis. Pour le chargé de la communication au sein du parti que préside Soufiane Djilali, cette «ouverture excessive à l’endroit des non-militants étale au grand jour la faille d’une grande partie de la classe politique».
Une classe politique qui, selon Habib Brahamia, «ne forme plus, ne conscientise plus», ajoutant que Jil Jadid «n’a ouvert ses listes que petitement, et ce, à seulement des acteurs du Hirak dans une option en parfaite adéquation avec notre stratégie d’insuffler l’âme du mouvement du 22 février dans les institutions de l’État».
Une démarche adoptée également par le Rassemblement national démocratique dont le secrétaire général a affirmé, samedi dernier, que le parti ouvrirait ses listes à des compétences de divers horizons mais sans que cela se fasse au détriment des cadres et militants du rassemblement, majoritaires à défendre ses chances à l’occasion du scrutin du 12 juin prochain.
Le Soir d’Algérie, 15 avr 2021
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