L’ONG “IFOR” appelle Joe Biden à annuler la décision de Trump sur le Sahara Occidental


Une démarche décriée par plusieurs pays : L’ONG “IFOR” appelle Joe Biden à annuler la décision de Trump sur le Sahara Occidental

Le Mouvement international de la réconciliation”IFOR” a exhorté lundi le président élu des États-Unis, Joe Biden, à annuler la décision du président sortant Donald Trump de reconnaître la souveraineté prétendue du Maroc sur le Sahara occidental et d’œuvrer à appuyer les principes du droit international, en tant que base de règlement des conflits internationaux.

De l’avis des observateurs, la décision de Trump de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, en échange de la normalisation des relations entre Rabat et Tel Aviv, est insensée pour plusieurs raisons, sachant que le 45e président américain s’apprête désormais à quitter la Maison Blanche et que son successeur n’est pas sur la même longueur d’onde que lui en ce qui concerne les questions de la politique extérieure.

Le Mouvement a indiqué dans un communiqué, relayé l’agence de presse sahraouie (SPS), que cette décision a été critiquée par plusieurs pays et instances internationales, dont les réactions sont “encourageantes”.

IFOR a lancé appel au reste des pays membres des Nations Unies à «œuvrer conjointement pour afficher leurs engagements de se conformer au droit international».

L’ONG a exhorté également l’Assemblée générale des Nations Unies à tenir une session extraordinaire en vue de prendre une nouvelle résolution, réaffirmant la priorité du droit international face à l’annonce de Trump qui constitue, selon elle,  « un autre exemple d’une action unilatérale négligeant le droit international, comme sa décision précédente de reconnaître Jérusalem capitale d’Israël ».

Le secrétaire général de l’ONU est appelé, selon toujours l’ONG, à désigné ‘’en urgence’’ un nouvel envoyé personnel au Sahara occidental pour relancer le processus de paix devant aboutir  à une solution définitive au conflit et mettre fin à « l’escalade négative» enclenchée le mois dernier.

Le communiqué tient à rappeler aussi bien à l’ONU qu’à la communauté internationale la promesse faite en 1991 au peuple sahraoui quant à l’organisation d’un référendum d’autodétermination ‘’libre et transparent’’. «Les derniers développements de reprise des hostilités et les actions unilatérales prouvent qu’il y une urgence réelle d’exécuter cette solution basée sur le droit à l’autodétermination », soutient IFOR.

Le Mouvement a réitéré son attachement aux principes sur lesquels est fondée l’organisation depuis 100 années, à savoir la diversité en tant que moyen pour une intégration de la communauté internationale.

En réaction à la décision américaine

Christopher Ross: «Le Maroc a entravé le travail des émissaires de l’ONU»

L’ancien émissaire de l’ONU pour le Sahara Occidental, Christopher Ross a affirmé dimanche que le Maroc a fait preuve d’un « manque de respect » et a entravé le travail des émissaires de l’ONU.

Le diplomate américain a indiqué sur sa page facebook que l’autre ancien émissaire de l’ONU, Horst Kohler n’aurait pas démissionné de son poste pour des raisons de santé mais plutôt « parce qu’il était dégoûté par le manque de respect du côté marocain et les efforts déployés pour entraver son travail comme cela a été le cas pour moi ».

Christopher Ross critique en effet l’attitude du Maroc qui, selon lui, a poussé plusieurs émissaires de l’ONU à jeter l’éponge dont James Baker. Ce dernier a démissionné en 2004 lorsque Rabat avait annoncé qu’une solution impliquant un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui était une atteinte à sa souveraineté (supposée). Le Maroc avait pourtant accepté la solution du référendum en 1991, rappelle l’ancien diplomate américain.

Ross informe, en outre, que le secrétaire général de l’ONU est actuellement à la recherche d’un autre émissaire pour le dossier sahraoui, mais « tous ceux qui ont été approchés jusqu’ici ont hésité probablement parce qu’ils savent que le Maroc cherche en réalité quelqu’un qui soit susceptible de devenir son avocat plutôt que de rester neutre ».

La décision de Trump “insensée” et “irréfléchie”

Par ailleurs, l’ancien émissaire onusien pour le Sahara Occidental a critiqué la reconnaissance par Donald Trump de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. « Cette décision insensée et irréfléchie va à l’encontre de l’engagement des États-Unis à l’égard des principes de l’annexion de territoires par la force et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, tous deux inscrits dans la Charte des Nations unies ».

« Il est vrai que nous avons ignoré ces principes en ce qui concerne Israël et d’autres, mais cela n’exonère pas de les ignorer au Sahara occidental et d’encourir des coûts importants en termes de stabilité et de sécurité régionales et de nos relations avec l’Algérie », prévient-il.

Il estime  également qu’elle risque de « dissuader le Sahara occidental de rester dans le processus de négociation » et menace les relations américaines « avec l’Algérie qui soutient le droit du peuple sahraoui de décider de son avenir à travers un référendum ».

La décision de Trump garantit la poursuite des tensions

Cette décision pourrait également, selon lui, « menacer le développement des liens existants entre Alger et les Washington sur les plans énergétique, commercial et en matière de coopération sécuritaire et militaire ». Pour ce diplomate chevronné, « la décision du président Trump garantit la poursuite des tensions, de l’instabilité et la désunion en Afrique du Nord ».

Le Front Polisario a démontré sa capacité à faire fonctionner un gouvernement

« Le Front Polisario a démontré qu’il était capable de faire fonctionner un gouvernement de manière organisée », a indiqué, sur un autre plan, Chistopher Ross.

Il a également fustigé ceux qui ont mis en doute la capacité des Sahraouis à mettre en place un Etat dans les territoires du Sahara Occidental. Il a réfuté “l’argument” avancé par certaines sphères à Washington, selon lequel un « Etat indépendant au Sahara Occidental serait un autre mini-Etat failli ».

Selon Christopher Ross : La décision de Trump sur le Sahara Occidental est “insensée”, “irréfléchie” et “dangereuse”

L’ancien envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, a déclaré que la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, prise par le président américain sortant Donald Trump, «est insensée, irréfléchie et dangereuse».

Dans un entretien accordé ce lundi à la chaîne III de la Radio nationale, dans “L’émission Questions internationale”, Christopher Ross a assuré qu’ «il est évident que la proclamation du président Donald Trump reconnaissant une souveraineté marocaine sur le Sahara occidental n’appartient ni à lui, ni au Maroc, est insensé, irréfléchi et dangereuse».

L’ex-diplomate américain a souligné que «cette décision ne change rien à l’approche de la communauté internationale sur le dossier du Sahara Occidental, et il y a une nécessité urgente d’appliquer les résolutions successives du conseil de sécurité».

Pour l’ancien envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental (janvier 2009 – mars 2017), l’administration Biden -qui prendra ses fonctions le 20 janvier prochain- fera bien d’annuler la décision de son prédécesseur, soulignant que les intérêts de l’Amérique en Afrique du Nord exigent une approche prudente et équilibrée.

Rappelons que l’administration Trump a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental en échange de la reprise des relations diplomatiques entre Rabat et Tel Aviv.

La position de l’ONU reste inchangée

La position du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres sur la question du Sahara occidental reste inchangée en dépit de la reconnaissance par Washington de la souveraineté du Maroc sur l’ensemble de ce territoire, a annoncé jeudi son porte-parole.

L’Assemblée générale (AG) de l’ONU a adopté samedi une nouvelle résolution concernant le Sahara occidental.

Le dossier sahraoui inscrit à l’agenda du Conseil de paix et de sécurité de l’UA

Le retour de la question du Sahara Occidental à l’agenda du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) réhabilite l’organisation panafricaine en tant qu’acteur clé dans la résolution de ce conflit de plus de 40 ans, après l’échec de la troïka africaine en charge du dossier depuis 2018, selon les observateurs.

Moscou: “la décision de Trump sort du cadre du droit international”

La Russie, par la voix de son vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a déclaré que la décision “unilatérale” de Trump sort complètement du cadre du droit international.

« La décision ne respecte pas non plus les décisions de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, avec lesquelles les Américains eux-mêmes étaient d’accord », a ajouté le responsable russe.

L’Afrique du Sud condamne la position américaine

De son côté, le parti au pouvoir en Afrique du Sud a condamné la position américaine. L’Afrique du Sud a réaffirmé son soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

L’Algérie réitère son appui à la cause juste du peuple sahraoui

L’Algérie, dont la position s’adosse à la légalité internationale contre la logique de la force et des marchés douteux, réitère son appui indéfectible à la cause juste du peuple sahraoui.

Malte réitère son soutien au droit du peuple sahraoui

La République de Malte a affirmé que sa position sur le statut du Sahara occidental n’a pas changé et réitéré son soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, a indiqué le ministère des Affaires étrangères maltais dans un communiqué.

L’Alliance de gauche au Parlement européen rejette la décision de Trump

L’Alliance de gauche au Parlement européen a de son côté exprimé son rejet “catégorique” de la décision du président américain sortant, qualifiant cet acte provocateur de flagrante violation de la légalité internationale.

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