Appel du CNAPESTE à deux jours de grève
Est-ce un hasard que le ministre de l’Education ait ordonné hier, comme par enchantement aux inspecteurs de procéder « dans les plus brefs délais » à la titularisation, avant la fin de l’année, de tous les enseignants en attente de cet examen professionnel qui leur ouvre la voie à la montée dans les échelons ? Le fait est là et il intervient au moment où le CNAPESTE décide unilatéralement de mettre fin à la trêve syndicale en appelant à une grève de deux jours (aujourd’hui et demain) dans les trois cycles de l’enseignement où ce syndicat est majoritaire. Son porte -parole, Messaoud Boudiba, qui s’est exprimé hier dans les médias on line a expliqué que le choix de la grève, acté par le Conseil national, le 03 avril était inévitable pour « secouer la tutelle qui prend la trêve syndicale, à cause de la situation sanitaire, comme une reddition des représentants des travailleurs ».
Il s’agit donc pour le responsable du CNAPESTE d’envoyer « un message de fermeté et d’alerte » pour les autorités et les interpeller sur « la situation dramatique que vit l’enseignant qui a vu ces derniers mois son pouvoir d’achat laminé à cause des effets concomitant de l’envolée des prix et de la dévaluation clandestine de la valeur du dinar » Aujourd’hui les adhérents du CNAPESTE et assez probablement d’autres enseignants, tant la grogne touche tout le monde, seront nombreux à débrayer pour mettre sur la table et à nouveau leurs revendications déjà vieilles de plusieurs années.
La revendication phare reste l’augmentation des salaires, qui n’ont pas bougé depuis l’époque de Benbouzid, mise à part le régime indemnitaire, un levier que le ministère à souvent utilisé pour désamorcer la tension. En corrélation avec les salaires, le syndicat exige aussi la révision du point indiciaire en fonction duquel est calculé les salaires bruts des enseignants tous paliers confondus.
Le CNAPESTE revient aussi à la charge sur la retraite anticipée considérée comme « un droit de tout travailleur ayant fait ses 32 années de service indépendamment de son âge » Hasard du calendrier cette revendication, qui est l’apanage de tous les syndicats, y compris de l’UGTA, s’est vu opposer un niet catégorique jeudi passé par le ministre du Travail qui a fait valoir le déficit abyssale et chronique de la Caisse de retraite. Alors que les syndicats pensent, à contrario, que la retraite anticipée permettra de libérer des postes d’emplois aux sortants des universités qui s’enferrent dans le chômage endémique.
La priorité au logement fait partie des revendications du CNAPESTE qui, par ailleurs, réclame des autorités la protection des enseignants contre les agressions dont ils sont la cible par leurs élèves, notamment dans les lycées ou par leurs parents au niveau du cycle primaire.
Au vu de la situation financière du pays, il paraît difficile que les revendications portées par le CNAPESTE puissent trouver un écho positif auprès des autorités. Et pour cause ! Sauf que l’école qui a connu une année relativement calme, à la faveur de la trêve syndicale, unilatéralement décrétée, à cause de la situation sanitaire, risque de sombrer à nouveau dans le chahut.
H. Khellifi
L’Est Républicain, 13 avr 2021
Etiquettes : Algérie, enseignement, école, éducation, CNAPESTE,
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