Ça bouge du côté des syndicats de la Santé. Un mouvement nourri par le mécontentement général, face auquel la tutelle est maintenant avertie. Abderrahmane Benbouzid, doit cette fois-ci, au même titre que ses prédécesseurs, Mokhtar Hasbellaoui et Abdelmalek Boudiaf, se confronter aux problèmes engendrés par le sacro-saint service civil tel qu’il est appliqué aujourd’hui. ‘‘Vidé de ses forces vives, déserté par les compétences, incapable de fournir les soins de qualités que le citoyen est en droit d’attendre à travers le territoire national’’.
Terrible constat extrait d’un témoignage livré à TSA par un syndicat des personnels soignants. Le délabrement matériel et surtout professionnel du système de santé algérien est devenu aujourd’hui le principal vivier où vient se régénérer « une profonde crise de confiance », relate le même syndicat. Une population qui désespère d’un système de santé ayant perdu savoir-faire et éthique, et des professionnels de la santé, qui refusent de prendre comme argent comptant les discours de l’Etat.
En clair, ce tableau sombre traduit le malaise généralisé des structures de santé publique, dénoncé par 3 syndicats du secteur, qui ont décidé de passer à l’action, en actant une grève d’une journée, le 7 avril prochain. C’est donc dans un tel contexte, dominé par la déception, l’exaspération et la colère, que s’est manifesté le syndicat des praticiens de la santé publique, dont le président a décidé cette fois de s’adresser directement au président de la République.
Le docteur Mohamed Yousfi demande une « intervention urgente » de la part d’Abdelmadjid Tebboune pour mettre un terme au « statut quo mortifère et débloquer une situation » critique. Tout en soulevant la suspension de la prime spéciale Covid-19, pourtant renouvelable tous les 3 mois jusqu’à la fin de l’épidémie, le SNPSP avance sur la table d’autres problèmes liés aux carrières (fonction publique et finances) et ajoute que ces dossiers sont « ficelés, mais restent en souffrance depuis plusieurs années, suspendus à un feu vert du Premier ministre pour leur règlement ».
Le même syndicat critique ouvertement la tutelle, rappelant que les textes d’application de la nouvelle loi sanitaire n’ont toujours pas vu le jour. Poursuivant son escalade, le SNPSP décrète l’Algérie, zone d’ombre sanitaire, à cause de choix inopportuns ou inopinés, pour ne pas dire l’absence totale d’une stratégie adaptée aux conditions du pays dans leur diversité. Le verdict est sans appel. Du coup, la tutelle se retrouve à court d’arguments pouvant éventuellement l’aider à se défendre. Qui a décidé de stopper le versement de la prime spéciale Covid-19 et pour quelles raisons ?
La tutelle est interpellée sur cette question et à propos d’autres revendications : « la généralisation de la prime dite du service civil à l’ensemble des praticiens spécialistes exerçant dans le sud et Grand sud, les Hauts-plateaux et les zones enclavées, la mise en conformité » de la prime d’intéressement avec les différents grades du statut et la fin de la discrimination en matière d’imposition. Au-delà de toutes ces revendications, le malaise que vit aujourd’hui le système sanitaire est profond, et son règlement ne pourrait se faire en dehors des autres questions sociales.
Mohamed Mebarki
L’Est Républicain, 5 avr 2021
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