par Reghis Rabah*
Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage, c’est selon toute vraisemblance ce qui arrive en ce moment à ceux qui tentent de créer une descension pour s’incruster dans la cohésion entre le peuple et son armée. En quoi cela générait certaines ailes que l’armée face appel à la justice pour déterrer des dossiers que Bouteflika disposant d’un pouvoir constitutionnel et institutionnel de part son statut de président de l’Organe National de Prévention et Lutte contre la Corruption (ONPLC) les a mis en hibernation pour couvrir son entourage comme. Il n’est pas des habitudes de l’armée de s’immiscer dans ces affaires mais c’est à une insistante demande du peuple dans des circonstances particulières en s’engageant conformément à l’article 28 de la constitution qui confère le devoir de l’armée de défendre la souveraineté, laquelle souveraineté appartient de droit au peuple. Il se trouve et cela personne ne pourra le contester que le peuple a choisi conformément à l’article 8 de cette constitution, l’armée pour l’exercer en toute liberté. L’armée n’a pas instruit les magistrats et elle n’a pas le droit de le faire mais elle a uniquement exprimé une demande populaire pour sensibiliser les magistrats au moment même où eux sont sortis soutenir le Hirak pour une justice « juste et équitable ».
Sur le plan pratique, la défense nationale fait partie des organismes sur lequel s’appuie l’ONPLC par l’intermédiaire de la gendarmerie nationale et le service central de la police judiciaire (SCPG), considérés les deux comme instruments pour les enquêtes à mettre à la disposition des magistrats. Ce qui a été fait à l’époque mais l’ordre établi a décidé de les mettre de côté pour des raisons qu’on connait. Donc dans les faits, même si ce n’est pas le moment opportun, l’armée a le devoir de mettre fin à la dilapidation des richesses du peuple qui lui a fait confiance que ces oligarques vont certainement accélérer leur saignée à l’extérieur du pays. Ce n’est pas l’armée qui a transmis la convocation ou rendu public ses affaires d’arrestation mais le secteur judiciaire lui-même. Il est impensable que l’armée ait voulu tout ce bruit autour de ces tribunaux mais circonstances obligent, lorsque le peuple sort, il est difficile de l’arrêter et c’est compréhensible lorsqu’on le vide de son sang pendant plusieurs décennies.
Maintenant si certains pôles pour des desseins occultes mais faciles à deviner poussent les avocats à exiger plus de discrétion, c’est à la justice de la demander mais certainement pas à l’armée. Maintenant s’il est vrai que la détention est réservée à un état exceptionnel, on est y est par excellence. Pourquoi ? Tout ce beau monde est susceptible de quitter le pays à la moindre occasion et par tous les moyens possibles. La position dans laquelle on a arrêté Haddad à Oum T’Boul : jean, casquette, cache-nez etc, les interventions en faveur de Rebrab de l’intérieur comme à l’étranger en sont des preuves irréfutables de douter de leur civilité et citoyenneté. Dans ce domaine précis. Les juges d’instructions qui ont pris cette décision encore une fois et non l’armée n’ont aucun complexe à se faire. Les avocats quant à eux devraient se focaliser sur le fond des dossiers au lieu de rester sur la forme et c’est déjà peine perdue étant donné la pression actuelle du Hirak. Préserver la présomption d’innocence est plus que nécessaire mais la prévention pour un jugement équitable reste de mise pour garantir le secret pour se permettre de laisser ces prévenus dehors avec toutes les relations qu’ils ont. Pourquoi cet assainissement des dossiers par le bas et monter progressivement vars le haut ? Parce qu’il y a urgence étant donné l’alerte lancée par l’Espagne sur des transferts de fond douteux en provenance de l’Algérie.
1- Ces nouveaux riches ne sont ni oligarques et encore moins des industriels
Certains diront mais où se situe la différence, combien même Rebrab sort du lot de part sa capacité potentielle de créativité. Désormais, elle est de taille. L’industriel donne à ses projets une portée stratégique, dans ce cas ces gains évolueront en dents de scie doucement mais surement et pour plusieurs générations. L’homme d’affaire par contre recherche le gain facile et s’appuie sur un « pay out time » le plus court possible pour amasser des capitaux qu’il fructifie par diversification dans tous les domaines. L’objectif est seulement de gagner plus. Il n’est pas loin du spéculateur. C’est la raison pour laquelle l’actif de ces hommes d’affaire est passé à une vitesse exponentielle. Même si sur le plan éthique et moral, cette évolution reste discutable, elle est humaine.
Selon une étude toute récente de New World Wealth (NWW), une ONG qui donne des informations sur les richesses dans les pays africains, quatre pays du Maghreb figuraient en 2018 dans le top 10 des pays qui comptent le plus de millionnaires en dollars sur le continent africain. La Tunisie viendrait en tête avec 6500 millionnaires, suivie de la Libye (6400), le Maroc (4900) et l’Algérie (4100). Les toutes premières places du top africain reviendraient à l’Afrique du Sud avec 48 800 millionnaires, suivie de l’Egypte (23 000), le Nigeria (15 900) et le Kenya (8400). L’étude New World Wealth définit le millionnaire comme étant un individu ayant des actifs nets de plus d’un million de dollars. Dans ce cadre justement l’Algérie mi 2018 compte plus 40 milliardaires. Il est clair que ces informations s’appuient sur les données compilées au moyen d’enquêtes diligentées à cet effet et les chiffres fournis par des institutions transnationales comme la Banque mondiale et l’OMC etc. Si en Tunisie, au Maroc, ou en Egypte pour ne citer que ceux là, ce nombre de millionnaires se justifie par plusieurs décennies de libéralisme, d’autres par l’extraversion de leur économie depuis plus d’un demi siècle, en Algérie la poussée de l’informel fausse et biaise ces résultats.
En effet, si comme le prévoit l’étude New World Wealth le millionnaire est un individu ayant des actifs nets de plus d’un million de dollars, les Algériens savent pertinemment que les barons de l’import-export et du marché informel qui disposent d’énormes sommes en liquide (s’hab echkara) et d’actifs non déclarés sont nombreux et politiquement très influents. Aucune étude ne leur est consacrée, seuls les services de renseignement algériens et, dans une moindre mesure, le fisc, ont une idée assez précise de l’immensité de leurs richesses et, bien entendu, de leur capacité de nuisance. Ces donnés échappent donc complètement à ces organismes et viendraient gonfler le nombre de milliardaires et millionnaires en Algérie et qui sont amassés dans le processus de spéculation dans des importations sans exportation. Toutes ces raisons et bien d’autres n’ont pas favorisé des actions efficaces des programmes gouvernementaux malgré un bon diagnostic. Les objectifs « prioritaires » assignés au gouvernement actuel, combien même remanié, risquent de l’éloigner encore plus longtemps des aspects économiques. Ceci va certainement creuser le fossé et pourra mener vers l’irréparable.
2- La relation jeunesse algérienne avec l’armée est intacte
En effet, plus de 62% de la génération facebook ont une confiance totale dans l’armée nationale populaire (ANP). Ce n’est pas une lecture et encore moins une analyse mais une étude qui rentre dans le cadre d’une préoccupation mondiale de sa jeunesse, intitulée « génération what » et financée par l’union européenne. La partie algérienne à été faite par un sondage sur une population se situant dans une tranche d’âge entre 18-34 ans et conduite par le professeur en sociologie, Belkacem Mostefaoui.(01) Comme le hasard fait bien les choses, ces résultats ont été publiés quelques jours seulement avant le 22 février, date du déclenchement du mouvement national. Ce Hirak, qu’on veut l’appeler ainsi, a confirmé cette symbiose entre le peuple et son armée par différentes formes ; cris, appels, pancartes, symboles etc. Pourtant de nombreuses forces occultes ont réduit cette institution à un pseudo- charisme d’Ahmed Gaid Salah pour certainement créer la zizanie en faisant croire que l’Algérie évoluait vers un scénario égyptien. L’élite d’abord politique ensuite celle universitaire qui s’appui sur des lectures loin de la réalité du terrain n’ont désormais rien pu ramener à la solution de cette crise mais parfois, bien au contraire une tentative de la complexifier saute aux yeux. Ainsi, les tables rondes se multiplient autour d’un débat sur l’issue possible à la crise qui secoue le pays et le cheminement qui mettra la transition en selle. Plus, le temps passe, plus ces analyses et discussions, parfois anxiogènes se sont avérées improductives. Dans un mouvement de l’ampleur de celui du 22 février, il était prévisible que des intérêts étroits veuillent se placer par un lobbysme dans ces différentes formes aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur du pays. Ainsi, pendant qu’aucun signe ou pancarte apparaissent les vendredis sur la constituante, des groupuscules qui se disent d’initiative citoyenne organisent des réunions pour en parler voire parfois influencer par considérer que c’est la voie unique pour refonder un Etat de droit , républicain et même citoyen. De l’extérieur, quelqu’un qui se dit professeur d’université, double nationalité, ayant choisi délibérément de vivre outre- mer parce qu’il s’y plait et on le comprend est allée très loin en proposant des noms précis dans une liste non exhaustive où il ne manque que lui mais implicitement espère s’imposer par cette initiative comme il le fait chaque année dans dautres forums avec les oligarques algériens. Partant du principe que l’environnement démocratique dans lequel il évolue lui-même, le choix se fait par les urnes même s’il doit confirmer un charisme, mais pour l’Algérie, dans son cher pays, tout est possible lorsqu’il y a une brouille. Pourtant, ce Hirak ne veut pas une représentation et insiste pour ne pas en avoir et ne veut pas non plus rentrer dans les débats stériles qui l’éloignerait de l’essentiel. Il ne s’agit donc plus d’un simple réaménagement de façade d’un Etat mais éminemment et fondamentalement un changement en profondeur que le « Hirak » revendique quelqu’en soit les conséquences pour en finir une fois pour toute avec cet ordre établi sans aucune négociation possible lorsqu’on leur dit ouvertement «dégagez tous.» les jeunes n’ont jamais remis en cause leur sentiment d’apparence à un territoire, à une religion, à une langue et surtout et ils insistent sur l’unicité de la nation. Dans toutes leurs sorties, ces jeunes, n’ont montré aucun complexe d’appartenance à la nation, acceptent les constantes nationales. Pourtant, lit-on dans ce rapport le 1/3 des garçons et les 1/4des filles se sentent heureux sans croyance mais la majorité soit les 2/3 interrogés disent ne pas vouloir la politique se mêler à la religion pour permettre tout cela. C’est exactement ce que prévoit la constitution actuelle. Par contre ce qui rempli leur cœur d’amertume c’est sans aucun doute leur rapport aux institutions de l’Etat et plus acide à la politique en général. Or, l’Etat n’est pas la nation, celle algérienne est déjà fondée en 1962 mais le rouage administratif qui permet un vivre ensemble respectueux de la liberté de chacun n’était pas approprié pour une jeunesse qui a démontré qu’elle pouvait prendre son destin sans l’aide de personne. Pendant plus de cinq décennies, lorsque l’Algérien ne se plait pas dans son pays, il prend le large au péril de sa vie. C’est la preuve par 9 qu’il ne veut pas de tuteur pour lui montrer le chemin de sa destinée. Bien que prés des ¾ de jeunes algériens peuvent trouver leur bonheur ailleurs, il leur est arrivé cette fois ci de prendre la décision de déblayer le terrain par des moyens pacifiques dans leur propre pays. La preuve statistique est qu’il n’y a plus de Harragas depuis le 22 février dernier.
Donc cette élite qui s’ennuie dans ses laboratoires pour les influencer à un débat et l’orienter vers une constituante dont l’objectif est la désunion par l’éclatement de ce front uni pour refonder un système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit. L’environnement de gouvernance contiendrait des normes juridiques hiérarchisées de telle sorte que cette puissance publique s’en trouve balisée. Un tel système assurera une justice « juste et équitable » avec une juridiction indépendante. La souveraineté appartient au peuple, lequel peuple exerce le pouvoir public directement ou par l’intermédiaire de ses représentants qu’il aura à choisir lui-même en toute liberté et transparence. Dans ce système c’est l’initiative citoyenne qui permettra à la jeunesse de se sentir bien dans son pays. Pour cela, il devient évident qu’on a pas besoin de rentrer dans des débats stériles et de parler plutôt d’une « révision de la constitution » qui permettra dans un temps relativement court, 6 à 9 mois de s’attaquer à l’équilibre du pouvoir, les mécanismes pour assurer une échéance transparente, le verrouillage de la constitution au tripotage etc. Dans les conditions actuelles, ce sondage n’a pas tort, seulement l’Armée Nationale Populaire restera la seule institution qui permettra au peuple d’exercer sa souveraineté sans déviation possible.
Renvois :
Voici des sites à visiter pour les détails
arab.generation-what.org
https://dz.generation-what.org/fr/.
* Consultant, économiste pétrolier
Le Quotidien d’Oran, 17 mai 2019
Etiquettes : Algérie, Hirak, ANP, armée,