Désemparé, le Makhzen l’est à coup sûr. Sinon comment expliquer tout le tapage médiatique qu’il a organisé des jours durant autour d’un événement qui, au final, n’a pas eu lieu. Alors qu’elle devait couronner la visite au Sahara Occidental occupé de David Schenker, sous-secrétaire d’Etat chargé des questions du Proche Orient et de l’Afrique du Nord au département d’Etat, l’inauguration d’un consulat étasunien à Dakhla a été carrément passée sous silence par les deux délégations.
Selon El Portal diplomatico (Le Portail diplomatique), un site proche du Front Polisario, ni le diplomate américain, ni le chef de la diplomatie marocaine, l’inénarrable Nacer Bourita, n’y ont, en effet, fait allusion lors de la conférence de presse qu’ils ont conjointement animée dans la ville précitée. Les deux se sont, plutôt, longuement étalés sur la profondeur historique des relations existantes entre les deux pays et sur, selon, les heureuses perspectives de développement qui les attendent. Un “oubli” qui a toutefois ses raisons. Qui, pour le site précité, tiennent au pragmatisme étasunien.
Se sachant sur le départ: il quittera son poste dès la prise, le 20 du mois en cours, par Joe Biden, le président élu, de ses fonctions présidentielles, et instruit de la nomination déjà de son successeur – il s’agit, toujours selon El Portal diplomatico, de Brett McGurk, un diplomate connu pour son appui constant au mouvements de libération nationale chement – David Schenker a, à l’évidence, préféré ne pas trop s’engager sur un “terrain” qui pourrait, après la date sus-indiquée, connaître des changements qui ne s’accommoderaient pas de l’existence d’un consulat américain au Sahara Occidental occupé: des sources concordantes font, en effet, état de la volonté du président élu de revenir, au plus tôt, sur les décisions prises par le président sortant à propos du Sahara Occidental.
Ce qui a fait dire à Mustapha Bachir Sayed, membre de la direction nationale du Front Polisario et conseiller du président de la RASD chargé des Affaires politiques, dans une déclaration à l’agence de presse nationale, APS, que la visite de la délégation américaine, dirigée par le désormais ancien sous-secrétaire américain chargé des questions du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, dans les territoires occupés s’est réduite, au final, “à une tournée touristique de propagande organisée par le guide touristique marocain au profit d’une administration dont le mandat prendra fin dans moins de deux semaines”.
Un constant, tout aussi ironique que sans appel, que les surprenantes déclarations de l’ambassadeur étasunien à Rabat ne font que conforter. David Fischer, c’est son nom, a justifié la non ouverture du consulat américain à Dakhla par une raison des plus farfelues; qui renseigne sur le peu de considération que l’Administration américaine de Trump accorde au Makhzen. Sinon comment expliquer que l’ambassadeur susnommé ait justifié la non inauguration de ladite représentation consulaire par le fait saugrenu que “la recherche d’un édifice adéquat devant l’abriter se poursuit toujours”; “saugrenu”, du fait que l’inauguration en question avait été annoncée, à grands bruits et depuis plusieurs jours déjà, par toute l’armada médiatique, locale et internationale, au service du Makhzen.
Ce qui supposait que le consulat était déjà prêt: on n’inaugure pas, en effet, quelque chose qui n’est pas encore sortie de terre ou pour laquelle on n’a pas encore trouvé de construction pour l’abriter. Comme explication méprisante, il n’y a pas mieux. Que le Makhzen a préféré ignorer – pouvait-il en faire autrement, lui, qui s’accroche à l’Administration américaine comme le ferait une personne en danger de noyade à une planche qui se présenterait à elle au milieu de l’immensité de la mer? – occupé qu’il était, selon le témoignage du journaliste d’AP (Associated Press), une agence de presse américaine, qui avait couvert la “tournée touristique de propagande” de deux jours, de David Schenker au Sahara Occidental occupé, “à empêcher la presse internationale à entrer en contact avec la population sahraouie des villes visitées”.
Selon les propos de ce journaliste rapportés par El Portal diplomatico, les autorités marocaines ont déployé, pour ce faire, “d’importantes forces de police et armées”. Ce qui constitue la meilleure preuve que le Makhzen, en dépit de ce que pensent Donald Trump et son Administration, aujourd’hui, tous deux sur le départ, n’est pas chez lui au Sahara Occidental…
Mourad Bendris
Dzair-tube, 11 jan 2021
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