Sahara Occidental : Le Maroc mise sur l’escalade

L’armée marocaine a mené, hier, une agression militaire à Guerguerat, dans l’extrême sud-ouest du Sahara Occidental. Par cette offensive, le roi Mohammed VI met un terme définitif au cessez-le-feu signé entre le Maroc et le Front Polisario en septembre 1991.
Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Mohammed VI a choisi d’engager son pays dans une nouvelle guerre contre le Front Polisario un vendredi 13, mettant ainsi fin au cessez-le-feu qui dure depuis 31 ans.
Hier matin, des unités de l’armée marocaine ont mené une opération militaire en ouvrant trois brèches dans la zone de Guerguerat. Selon une source diplomatique sahraouie, l’attaque s’est produite dans la zone où des civils sahraouis manifestent depuis le 21 octobre pour exiger la fermeture d’une brèche illégale ouverte dans le mur de défense marocain. «Nos militaires ont réussi à mettre à l’abri tous les civils avant de riposter par des tirs aux agresseurs», assure notre source.
De son côté, le Maroc a tenté de justifier cette attaque comme «opération du génie militaire visant à colmater une brèche», rapporte l’AFP en citant un responsable du ministère marocain des Affaires étrangères.
Rabat profite depuis de nombreuses années de ce passage ouvert illégalement pour faire transiter des marchandises vers la Mauritanie et les pays d’Afrique de l’Ouest.
Une situation que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) dénonce officiellement auprès de l’ONU depuis 2001. Mais la communauté internationale s’est montrée incapable d’imposer au Maroc la fermeture de cette brèche.
Lundi 9 novembre, le gouvernement sahraoui avait averti, dans un communiqué officiel, que l’entrée du Maroc sur le territoire libéré sera considérée comme une «agression flagrante» et enclenchera «une nouvelle guerre dans la région».
«De nouveau encore, le gouvernement sahraoui avertit et réitère fermement que l’entrée de tout élément militaire, sécuritaire ou civil marocain, dans cette partie des zones libérées de la République sahraouie, ou la soi-disant bande de séparation, sera considérée comme une agression flagrante, à laquelle la partie sahraouie répliquera énergiquement, en légitime défense et en défendant sa souveraineté nationale. Ce qui signifiera, également, la fin de l’accord de cessez-le-feu et enclenchera une nouvelle guerre dans toute la région», précise ce communiqué.
À ce titre, notre source indique que toutes les unités combattantes des 7 régions militaires se trouvent «en état d’alerte rouge» depuis plusieurs jours. «Il est évident que l’attaque marocaine donnera lieu à une riposte armée sur toute la ligne de front.
Le statu quo imposé par Rabat avec la complicité de ses alliés fait que le peuple sahraoui n’a absolument rien à perdre. Mohammed VI vient de déclencher une guerre qui aura des conséquences désastreuses sur le Maroc», indique notre interlocuteur.
Brahim Ghali, le Président sahraoui, a saisi officiellement le secrétaire général des Nations-Unies Antonio Guterres ainsi que Rhonda King la représentante permanente de Saint-Vincent-et-les Grenadines auprès des Nations-Unies, qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité, pour dénoncer l’agression marocaine.
Pour le gouvernement sahraoui, la communauté internationale porte l’entière responsabilité de la situation qui prévaut depuis une trentaine d’années au Sahara Occidental.
L’ONU a montré son incapacité à organiser un référendum d’autodétermination, seul objectif de l’accord de cessez-le-feu signé le 6 septembre 1991 entre le Front Polisario et le Maroc.
T. H.
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