Un avion militaire pour transporter l’Aston Martin du roi du Maroc

L’Aston Martin du roi Mohammed VI.

Un roi en or massif.

Sous ce titre a été publié un article dans un quotidien espagnol édité à Barcelone[1]. Il est un des documents qui ont servi à l’élaboration de mon écrit-ci.

« Quelque chose ne va pas dans l’Aston Marti DB7[2] de Mohammed VI. La luxueuse voiture de sa collection a besoin d’une révision. Pour le roi du Maroc ni les frais, ni la distance ne peuvent le dissuader. Il n’est pas le type à lésiner sur les moyens. Sa majesté a fait embarquer son précieux véhicule à bord d’un avion des forces aériennes marocaines et l’a envoyé, à 2.000 Km de Rabat, vers l’Angleterre. À son arrivée sur à l’aérodrome de Cranfield où s’est posé le Hercules, la voiture a été embarquée sur le camion approprié pour être acheminée vers les ateliers mécaniques de la compagnie constructrice au village Newport Pagnell. Le quotidien de Londres, The Sun a rapporté l’information dans son édition d’hier (Pour le 24-09-09) tout en illustrant, avec plusieurs photos, les circonstances du débarquement de l’Austin Marti, fabriquée il y a 10 ans de ça et qui avait été acquise par le roi pour la bagatelle de 102.000 euros.

Le caprice royal excessif a laissé stupéfaits les écologistes. Le porte-parole de l’organisation des Amis de la Terre, Tony Bosworth, a qualifié « toute l’opération d’absurde. Les avions constituent un des moyens de transport les plus contaminants, a-t-il affirmé. C’est sûr ajouta-t-il qu’on aurait pu régler la voiture dans un lieu beaucoup plus proche ». L’endroit le plus proche de Rabat, aurait été, évidemment les ateliers que la compagnie possède à la ville de Marbella. (Espagne) En effet la ville se trouve à 400 km seulement de la capitale marocaine. Ça aurait pu être beaucoup plus raisonnable et moins coûteux. Mais pour ses raisons particulières, le souverain a préféré éviter d’envoyer son précieux gadget en Espagne. D’autre part Mohammed VI aurait pu émuler, pour l’équilibre écologique, le prince héritier anglais, Carlos, qui lui aussi est un grand passionné des voitures de grand luxe. Le futur roi d’Angleterre n’a jamais renoncé à rouler au volant de l’Austin Marti qu’il avait reçu de sa mère, la reine d’Angleterre, en cadeau pour son 21ième anniversaire. En effet, afin de réduire les émissions de carbone dans l’atmosphère, le prince héritier anglais a fait remplacer le moteur traditionnel à essence par un autre qui fonctionne avec de l’alcool.

Le roi du Maroc, un des hommes les plus riches du monde. Il possède – selon l’hebdomadaire Al Ayam de Casablanca – quelques une collection de 600 voitures. Beaucoup d’entre elles il les a héritées de son père, Hassan II. Ce qui ne l’a nullement empêché d’en ajouter à son impressionnante écurie plusieurs autres pièces de grand luxe. Par ailleurs le parc automobile officiel du Palais Royal dispose d’un budget, pour le service d’entretien et de maintenance, de 7.000.000 d’euros par an et les frais de déplacements s’élèvent à 30.000.000 d’euros. Si jamais il y a quelque chose pour laquelle, le monarque n’est pas disposé à épargner d’effort, c’est bien sa passion multimillionnaire pour les voitures de luxe… En tout cas il n’est jamais alarmé par les factures astronomiques. » La fameuse revue US, Forbes, qui, entre autres, publie chaque année la liste des monarques les plus riches du monde, à part la liste des personnes tout court, les plus riches de la planète, classe le roi du Maroc, en 7ième position avec une fortune estimée à 2,5milliards de dollars[3]. Loin derrière lui arrive par exemple la reine Beatrix de Hollande avec une « maigre fortune » de 300millions de dollars. Le roi d’Espagne, Juan Carlos quant à lui, il n’apparaît ni sur une liste ni sur l’autre. Ses biens, à côté des grands, doivent être insignifiants. Non plus Carl XVI Gustaf, le roi de Suède. La liste des quinze souverains les plus riches, sont pour la plupart les rois et émirs du Golfe[4]. Selon toujours la revue Forbes, Mohammed VI a fait beaucoup mieux que son propre père Hassan II. En dix ans de règne, il a multiplié la fortune héritée (500 millions de dollars) par cinq. Et encore ce n’est que la partie visible de l’iceberg. En effet la fortune royale a toujours été enveloppée d’un halo de mystère. Rares sont les personnes qui ont osé faire des estimations de celle-ci. Dans les années 1970 Abdelmoumen Diouri, un opposant au régime, avait tenté de faire l’inventaire des biens de Hassan II. L’estimation, fortement contestée par le palais, établissait la fortune royale à quelques 10 milliards de francs en dépôt dans les différentes banques européennes et américaines. Elle comprend, au Maroc, une vingtaine de palais, plusieurs milliers d’hectares de terres agricoles qui ont été pour la plupart confisquées aux colons à la suite de la « marocanisation » instaurée par Hassan II, le groupe Omnium nord-africain (ONA : mines, agro-industrie, communications, assurances, distributions), la Savam (emballage, embouteillage), Primarios (mobilier), la Compagnie chérifienne des textiles (CCT : textiles, films de serre agricole)… Plusieurs immeubles à Paris et à New York, de nombreuses propriétés en France et aux Etats-Unis. Au début de son règne l’entourage du monarque avait peaufiné pour lui l’image de « roi des pauvres » qui a vite cédé la place à celle d’un roi amasseur de fortune. Aujourd’hui, il est plus que jamais présent dans le paysage économique du pays. Détenteur de la plus imposante fortune du pays, le roi est à la fois premier entrepreneur, premier banquier, premier exploitant agricole, etc. « Monarque exécutif, serviteur de son peuple », comme il insiste à le rappeler dans certains de ses discours, il bénéficie de pouvoirs constitutionnels lui conférant le statut hégémonique de juge et partie. La prévalence de la monarchie dans le secteur économique n’a jamais été aussi forte. Elle s’est accentuée depuis la mort de Hassan II. L’argument qui veut que le chef de l’état soit aussi aux commandes de l’économie pour mener la locomotive d’un royaume à la croissance présente plusieurs limites. La manière déséquilibrée dont sont menées ses affaires et la prédation de ses holdings depuis son accession au trône battent en brèche cette argumentation. À ce sujet tous les dictateurs arabes, certains plus fortunés encore que le roi du Maroc et d’autres un peu moins, sont parfaitement aux commandes de l’économie avec le même argument cité. (Voir la référence nº 4 au moins en ce qui concerne les monarques du Golfe).

La fortune royale a toujours été un grand tabou. D’ailleurs on n’en sait pas plus sur les fortunes des homologues arabes du roi du Maroc.

Pour plusieurs observateurs l’estimation de la revue Forbes reste bien en deçà de la réalité. Et pour cause : du peu que l’on connaît à travers la cotation en Bourse (holding ONA, SNI et autres), on atteint allègrement 1,5 milliard de dollars. Qu’en est-il du patrimoine foncier hérité de Hassan II, des nombreuses propriétés en France, aux Etats-Unis et en Amérique Latine ? « C’est plutôt grâce à ce patrimoine foncier que la fortune du roi a été multipliée par deux en l’espace d’une année, déclare un observateur. La flambée de l’immobilier qu’ont connue le Maroc et le reste du monde en 2006 et 2007 a fortement contribué à remplir les caisses de la monarchie. La montée en puissance du roi dans les affaires ces dernières années n’est que le prélude à des visées plus gargantuesques. Avec toutes ces colossales propriétés immobilières, financières, industrielles, agricoles etc. l’État marocain (Ce qui veut dire, enfin de compte, les membres de l’élite, où qu’ils se trouvent, dans le secteur commercial, dans l’appareil policier ou militaire, dans l’appareil judiciaire, dans l’appareil bancaire, dans l’appareil administratif, dans l’appareil religieux acquis au système, etc. qui arrivent tous sans grand effort à se tailler leur propre part du gâteau et privilèges. Une élite en parfaite consonance avec, dans ce cas le roi du Maroc ou avec les émirs dans le Golfe ou avec les dictateurs au pouvoir dans les autres régions du monde arabe), trouve le culot comme le rapporte le « Journal hebdomadaire », du Maroc de prévoir institutionnellement une pension et une rente mensuelles de 1,8 de dirhams (160.000 euros). Ce montant englobe seulement les pensions versées au roi Mohammed VI et à certains de ses frères et sœurs. Le demi-frère du roi, Moulay Rachid et ses sœurs, de mère différente, reçoivent aussi de forme institutionnelle leurs propres « salaires », versés aussi en contrepartie de leurs « fonctions officielles ». Toute une toile d’araignée ou circulent des milliards de dollars au niveau mondial qui appartiennent au roi, à ses frères et sœurs aux dépens de tout un peuple de presque 35 millions d’âmes, de son présent, de son avenir, de son patrimoine moral et de tous ses droits.

Dans le même article la revue Forbes, souligne encore que l’entretien et la maintenance des vingt palais royaux, répartis sur tout le territoire marocain, nécessitent une dépense évaluée à 1 million de dollars par jour. Car le palais est un grand employeur, avec pas moins de 1.100 postes budgétaires pour une masse salariale annuelle d’environ 70 millions de dollars.

Le roi du Maroc étant un des hommes les plus riches du monde règne dans un pays où plus de cinq millions de personnes (Sur les 34.435.719 d’habitants recensés en 2008) survivent avec moins d’un euro par jour, 10 dirhams/jour, c’est-à-dire 0,88 euro. Autant ou beaucoup plus d’autres millions survivent avec un peu plus de deux euros par jour. En pour plus de précision le salaire minimum légal est fixé, on ne sait en fonction de quel critère, à 55dirhams par jour [5 euros]. Le Maroc est classé 126ième sur la liste de 178 pays établie dans le rapport mondial de la PNUD sur le développement humain. Il précède l’Inde de deux places. La pauvreté extrême dans le pays se situe à 18,1 %. La dette extérieure publique du Maroc a enregistré une augmentation de 10% par rapport à 2007 pour atteindre la somme de 11,9 milliards d’euros.[5] Ce qui représente 20% du PIB et 39% des recettes courantes de la balance des paiements. Ce qui équivaut à dire que tout l’argent, théoriquement transféré par les plus de trois millions de marocains immigrés en Europe, ne quitte jamais le sol européen ou mieux dit les banques centrales européennes. Ainsi d’ailleurs va de même pour l’argent ou les fameuses devises qu’on suppose rapportées par le tourisme ou l’exportation du phosphate ou d’autres produits manufacturés. Les célèbres images de ces dernières années montrant Mohammed VI en tenue de néoprène sur sa moto aquatique ou en veston et chapeau de chasseur sur la tête, pointant d’un rifle, continuent toujours d’occuper leur place sur les couvertures des revues. Pour sa passion des sports de vitesse et pour son apparente modernité, on l’appelle le Roi Cool.

Les vacances du roi restent le secret le mieux gardé au Maroc. La presse indépendante affirme que Mohammed VI a l’habitude de se rendre fréquemment au cœur des Alpes françaises. Au moins une fois par an il passe par la station de ski de Courchevel. Une station connue pour la haute qualité de ses logements et de ses pistes, accueille toute la crème mondiale à laquelle se côtoie le monarque. Et si jamais il lui reste du temps, il fait un saut à Paris là où se trouve son tailleur préféré, l’italien Gianfranco Ferré. Ce qui ne veut pas dire que le souverain ne porte que des vêtements coupés par Ferré. Tout dernièrement – comme le rapporte l’hebdomadaire indépendant Tel Quel – le roi s’est fait faire des costumes et des vestons en laine de lama, des tissus considérés parmi les plus chers du monde. Le coût de la dernière commande a dépassé les 43 millions d’euros. C’est vrai que Georges Clooney ait aussi fait une commande semblable. Mais l’étoile de Hollywood n’est ni roi, ni encore moins, il se fait appeler l’acteur des pauvres.

À propos de vacances, il vaut mieux parler d’absences ou disparitions prolongées du roi. En effet dans son livre « Le prince qui ne voulait pas être roi » Ferran Sales, le correspondant au Maroc du journal El Pais, rapporte entre autres le suivant : «…Depuis 1999, à sa prise du pouvoir, le roi Mohammed VI a fait entre 80 et 100 déplacements hors du Maroc. Beaucoup de ces voyages qui avaient commencé comme missions de chef d’État se sont convertis peu après avoir commencé en déplacements privés. Ce qui implique nécessairement l’abandon de certaines obligations inhérentes à un gouvernant. Parmi ces obligations abandonnées se trouve l’annulation pure et simple des rendez-vous et d’entretiens prévus. Les du monarque voyages sont si fréquents et si longs que des pages de certains journaux ont a fini par le baptiser du surnom « le roi nomade » alors que de certains autres on a préféré utiliser une circonlocution et parler, simplement et non sans ironie, « de souverain qui se trouve dans une zone sans couverture » et c’est pour cela que son portable ne répond pas. Il est impossible de déterminer où il se trouve.

(…) Les disparitions et absences de Mohammed VI ne cessent de se répéter. Les premiers symptômes de l’envie de s’échapper du roi ont été détectés très peu de temps après son arrivée au pouvoir. Lors d’une visite officielle en Espagne, au printemps de 2000, le roi avait laissé savoir qu’il n’assistera pas au dîner officiel parce qu’il se sent fatigué. Pourtant cette même nuit, il avait organisé une fête privée au Palais du Pardo [6] à laquelle il a invité ses intimes. Cette effronterie envers le roi Juan Carlos sera le commencement d’une série d’insolites attitudes dirigées, entre autres, envers le président du gouvernement espagnol José Rodriguez Zapatero, le président français Nicolas Sarkozy ou la Secrétaire d’État nord américaine Condoleeza Rice. Il y a eu d’autres sessions d’escapades en 2003 à Kuala Lumpur où le souverain marocain s’était déplacé pour le sommet des chefs d’état des Pays Non Alignés. Avant la fin des séances du sommet, il a préféré abandonner les lieux pour aller faire des achats et se promener dans les rues touristiques de la capitale. C’est ce qu’il a fait aussi à Alger quelque temps avant lors d’une visite officielle pour s’entretenir avec le président Abdelaziz Bouteflika. Il a décidé de prolonger son séjour dans la capitale algérienne de cinq jours. Ses destinations favorites sont dans l’ordre : La France, l’Asie o l’Amérique Latine. En 2004 il a fait un voyage, qui en principe était de caractère officiel, en Amérique Centrale et en Amérique du Sud. Ce voyage a duré plus d’un mois et demi. Des visites au Mexique, au Pérou, au Chili, en Argentine et au Brésil étaient programmées. Et quand il était sur le point de retourner à la maison, brusquement il a fait marcher arrière et décidé de prolonger son périple et aller à Sant Domingue entraînant avec lui une cohorte de presque trois cents personnes pour lesquelles il a fallu n’importe comment, louer plusieurs dizaines de chalets dans la zone est de l’île. La même chose se renouvellera l’année d’après, 2005, lors d’un voyage officiel au Sénégal pour assister à la séance de travail de l’Organisation de la Conférence Islamique. Un séjour qui s’est aussi prolongé au-delà que prévu… Ce n’est pas fini, en 2008 Mohammed VI a effectué quatre voyages de villégiature. L’un d’eux qui a dépassé 45 jours ce qui lui a permis de parcourir la Thaïlande, le Vietnam, la France et le Brésil. Et toujours au cours de la même année il a séjourné pendant trois semaines aux Etats-Unis sans pour autant qu’il soit possible pour les services de protocole de définir la caractéristique de ce jour, s’il était privé ou officiel. Et ainsi avec l’arrivée de l’été, toujours de la même année, il s’est déplacé au petit village méditerranéen des pêcheurs de M’diq, près de la ville de Tétouan pour rejoindre la Jet-set internationale. Tous ces voyages et déplacements sont à l’écart de ses continuels va-et-vient à Paris où séjourne la plus grande partie de l’année, sa mère Latifa. Ou encore à la station de ski Courchevel où il possède une villa tout près des pistes. Ce qui lui permet d’avoir comme voisin le principe Walid Ben Talal Ben Saoud[7] et ainsi ensemble ils s’adonnent à danser à leur guise les dernières versions de la musique infernale où se mélange, le hip-hop avec le « rhythm and blues ».

Mohamed Ziane, l’ancien ministre des Droits Humains dans la décennie quatre vingt dix, durant le gouvernement de M. Abdellatif Filali, le seul dans l’histoire du Maroc qui a été capable de renoncer volontairement à son poste et ainsi avoir démissionné pour être en désaccord avec la politique du gouvernement, ne sait que dire quand on lui pose la question : où croyez-vous que le roi a passé la dernière nuit ? – Le roi ? Le seul que je puis vous dire à ce sujet, c’est qu’il sort beaucoup et continuellement. Mais il ne reçoit pas. Il ne reçoit personne. Il est, par exemple, l’homme qui ne dialoguer jamais avec l’opposition. Il n’accorde aucune entrevue à personne. Mohammed VI est un homme d’état comme son père. Pouvez-vous vous imaginer ça ? (…) Non. Moi je ne dirai pas que l’actuel roi ne soit pas intelligent, ni têtu, mais ce que je puis vous assurer, c’est quand il était encore prince, il n’avait jamais fait preuve d’intérêt pour le pouvoir ou de régner. Il est entouré d’une équipe de technocrates sans aucune vision nécessaire à tout projet politique. C’est une équipe de boursiers dirigée par un homme dont l’ennui contamine à tous. Et en plus il a eu l’audace de confabuler pour condamner son père…»

Et comme tous ses autres homologues arabes au Maghreb ou Machrek il porte aussi le titre mystificateur d’« émir des croyants » et de « Président du Comité Al-Quds », un comité qui serait chargé de veiller à l’intégrité de la ville sainte Al-Quds en attendant sa libération un jour de l’occupation sioniste ! Tout comme le roi des Saoud qui porte le titre de « Serviteur des deux lieux saints » titre inventé par les anglais au début du vingtième siècle afin d’affermir le nouveau roi qu’ils viennent d’introniser dans la Péninsule Arabe (Devenue depuis Arabie Saoudite). Ce dernier est aussi supposé veiller sur les lieux saints de Médine et de la Mecque.

Le roi du Maroc, pour toutes les raisons objectives inhérentes à un homme de son poids d’or avec toutes ses propriétés dans les plus importants pays occidentaux et tous ses intérêts financiers aussi dans ces mêmes pays, ne peut s’attirer l’hostilité ni des puissances occidentales, ni celle des sionistes. Personne n’a le moindre doute sur le contrôle absolu de ces derniers sur l’économie mondiale et sur la géopolitique planétaire à travers leur mainmise sur les Etats-Unis, le reste de l’Occident et pratiquement toutes les institutions dites internationales.

Tous les dictateurs ou les régimes arabes, et, d’un extrême de la géographie à l’autre il n’y a que ça. Tous sont logés sous la même enseigne que le roi du Maroc. Ils se soucient très peu ou guère du sort de leur peuple. Car pour ce faire il aurait fallu voir dans leur politique un projet de construction. Hors aucun n’a ni ne peut avoir ce genre de projet. Un projet de construction réelle d’une société souveraine, libre de toute dépendance occidentale, prospère et en constant progrès. Comme on le sait aucun projet d’une telle nature n’a la moindre chance de recevoir l’agrément de ceux qui dominent la planète et de leurs instruments déguisés en institutions internationales. Tous ceux qui ont, à un moment de l’histoire récente, tenté de le faire se sont exposés à leur foudre et ont été d’une manière ou d’une autre rapidement éliminés politiquement et souvent aussi physiquement. Que l’on sache, dans le monde arabe aujourd’hui, il n’y aucun régime arabe ou dictateur qui se trouve aux prises avec ces institutions ou leurs maîtres. Ce qui prouve, si preuve est nécessaire, qu’il n’y a aucun projet de construction en cours et par conséquent hostile à la volonté des dominants ou menaçant leurs énormes intérêts et leur système. Tout à fait l’inverse, tout roule comme sur des roulettes à leur grande joie et au désespoir des peuples arabes.

« Les peuples du Sud, écrit Jean Ziegler[8], haïssent leurs oligarchies locales au même titre, et pour les mêmes raisons, qu’ils haïssent l’Occident. Aussi puissantes qu’elles soient les oligarchies du Sud reproduisent, en effet, le même système mondial de domination et d’exploitation mis en place par les occidentaux.» Évidemment en reproduisant le système occidental dans des sociétés qui ne le sont pas, on ne fait que consolider la domination occidentale à perpétuité. D’autre part il est vrai que la reproduction de ce système profite à la couche infime de la société locale qu’on appelle l’élite au pouvoir et surtout à l’oligarchie. « Les oligarques du Sud, écrit encore J. Ziegler, les plus puissants habitent Londres, Paris, New York ou Genève. En avril 2008, la presse financière britannique a publié la liste des cent résidents les plus fortunés du Royaume-Uni. Le premier Anglais n’apparaît qu’à la vingt et unième place. Un magnat indien de l’acier occupe la première place du palmarès. Il s’agit du milliardaire hindou Lakshmi Mittal. Celui qui a dépensé pour le mariage de sa fille, en juin 2004, organisé à Vaux le Vicomte, à 55 kilomètres de Paris, et à plus de sept mille kilomètres de Mumbay, la bagatelle de 70 millions de dollars[9]. La vie à Vaux le Vicomte se trouve à des années lumières de la vie à Uttar Pradesh en Inde ou Tan-Tan au Maroc. Ainsi Mittal aura battu le record tenu par son compatriote, un autre magnat du diamant, Vijay Shah, qui a transformé la ville belge d’Anvers en Bollywood (le Hollywood indien) pour le mariage de ses deux filles. Des cérémonies qui ont coûté la frivolité de 29 millions de dollars. Quoique qu’on raconte sur les spectaculaires progrès et performances économique de l’Inde, la situation dramatique de l’écrasante majorité de la population n’a guère changé. « Près de la moitié des personnes les plus gravement (et en permanence) sous-alimentées de la planète vivent dans les bidonvilles de Mumbay (Bombay), Calcutta, New Delhi, dans les Tribal Areas ou les campagnes reculées d’Orissa, d’Uttar Pradesh ou du Bengale. En tout, sur un total mondial de 854 millions (Ils sont plus d’un milliard à présent), 382 millions de personnes souffrent là-bas du manque de nourriture régulière et suffisante. Écrit encore J. Ziegler[10]. « Entre 2001 et 2007, ajoute le même auteur, 125.000 paysans indiens se sont suicidés, tant la libéralisation de l’agriculture [dictée par le système NDR] les a appauvris. Un étrange rituel préside au suicide. Le paysan s’isole de sa famille pendant plusieurs jours. Il ne quitte plus sa hutte. Il ne parle plus. Il ne mange plus. Sa femme, ses enfants assistent, angoissés mais impuissants, à sa déchéance. Puis un matin, au lever du soleil, il sort de la hutte et avale un bidon de pesticide. Comme s’il voulait mourir par l’effet de la substance qui l’a ruiné. Il meurt lentement dans de grandes souffrances. Les paysans endurent ces souffrances comme pour se punir de n’avoir pas été capables de nourrir leurs enfants, leur femme, leurs parents. C’est la honte qui les tue… Enfin dans l’indice de développement humain du PNUD, l’Inde figurait, comme cité plus haut, en 2007 à la 128ième position sur le total de 178 pays pour lesquels est établi la liste.»

L’influence des oligarchies du Sud dans le système capitaliste mondial ne fait que progresser. En l’espace de sept ans (2001-2008, le poids des entreprises multinationales originaires du Sud au sein des mille premières capitalisations boursières mondiales a progressé de 5% à 19%». Mathématiquement, il est impossible de voir ces oligarchies du Sud amasser des fortunes colossales en dehors du système en vigueur, le système de production occidental dans sa version actuelle de « mondialisation ». Bien que le cataclysme financier de ces dernières années signifie bien la faillite et la mort du libéralisme le plus barbare, on refuse son enterrement et on s’attelle à son ressusciter par tous les moyens. En passant la facture sur le compte des peuples du Sud, comme il se doit.

Donc les seuls projets qui existent pour chaque dictateur à part ou en collaboration avec un ou plusieurs autres de ses homologues, sont des projets commerciaux qui leur profitent à eux-mêmes et à leurs proches. Des projets que les sorciers et les acrobates du verbe, recrutés au sein de l’élite, aux services de chacun de ces régimes, habillent d’emballages publicitaires plus au moins grotesques et plus au moins diaboliques, pour les présenter comme des grandioses réalisations à la gloire de tel ou tel dictateur. Alors qu’en réalité il ne s’agit que de juteuses affaires destinées à les enrichir et enrichir leurs partenaires occidentaux au détriment de la population. Ces affaires ont pris ces derniers temps des dimensions financières vertigineuses.

Finalement, contrairement aux tenants du système, la question n’est pas une question de riches et de pauvres, ni de pays sous-développés par rapport à d’autres, soi-disant plus développés, industrialisés ou, selon le contexte, « civilisés », la question est une question de mode de vie unique, une question d’un ethnocentrisme occidental imposé par la force et la terreur aux autres peuples de la planète et particulièrement à la société arabo-musulmane dont les valeurs, les aspirations et la finalité de la vie sont aux antipodes de tous les crédos occidentaux. Cette philosophie que Jean Ziegler appelle le mode de production ou système occidental, depuis cinq siècles que ça dure, ne sait plus continuer autrement qu’aux dépens de tous les autres peuples de la planète et particulièrement ceux qui se trouvent, comme les peuples arabes, dans les régions du monde qui regorgent des ressources naturelles indispensables et par conséquent condamnés à être des misérables et inoffensifs « spectateurs » pendant que leurs richesses sont systématiquement saccagées devant leurs propres yeux les livrant aux mains impitoyables des dictateurs et leurs bourreaux.

Bien avant que naisse le roi actuel du Maroc, en 1963, le système était en vigueur. Des dizaines de millions d’arabes et musulmans étaient nés avec le sort déjà scellé. Sans aucune chance dans la vie. Pourtant pour le roi tout était déjà prévu. De la même manière aujourd’hui tout est en place pour que les dizaines de millions de personnes qui vont naître chaque jour, le même misérable, sinon pire, les attend. Ne s’échappent à la « malédiction » que les progénitures de l’Elite nourrie matériellement et spirituellement par le système.

On termine avec cette citation d’Edgar Morin : « La domination occidentale est la pire de l’histoire humaine dans sa durée et son extension planétaire[11].

[1] El Periodico de Catalunya du 25-09-09

[2] http/img.thesun.co.uk/multimedia/archive/00895/SNN2415B_682_895024a.jpg

[3] La revue Forbes 2008

[4] Le premier souverain musulman est le sultan de Brunei avec une fortune de plus de 22 milliards $. Le deuxième est l’émir des Émirats Arabes Unis, Khalifa bin Zayad El Nahyan avec plus de 21 milliards $. Le troisième le roi Abdallah de l’Arabie Saoudite avec plus de 19 milliards $. Le quatrième, le premier ministre des E.A.U Mohammed Rached El Maktoum avec plus de 16 milliards $ etc. (Pour le reste voir sur le site : http:www.forbes.com/2007/08/30/worlds-richest-royals-biz-royals07-cx_lk_0830royalintro_slide_8.html? thisSpeed=15000) ou celui de 2008

[5] Voir http:// www.courierinternational.com/…/Mohammed VI…

[6] Le Palais du Pardo se trouve à Madrid et est généralement destiné pour accueillir les hôtes de marque du souverain espagnol.

[7] Le prince Walid Ben Talal, qui compte aussi parmi les hommes les plus riches du monde est de mère libanaise dont on ignore exactement son classement dans le harem néanmoins elle peut être fière de son fils qui est le seul parmi tous ces riches à posséder l’avion palais le plus vaste et le plus luxueux, un Airbus A380 construit spécialement pour lui. Sans compter ses autres avions de différentes capacités qu’il utilise selon le nombre des passagers, la distance à parcourir ou autres considérations du genre.

[8] La Haine de l’Occident de Jean Ziegler Éditions Albin Michel, 2008 p. 109

[9] The Daily Telegraph de Londres du 03 juin 2004.

[10] La Haine de l’Occident Éditions Albin Michel, Paris 2008

[11] Edgar Morin, Vers l’abîme?, Paris, Éditions de l’Herne 2007, p.117 (cité dans le livre de Jean Ziegler)

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