John Bolton : « Le Maroc est isolé »

L’ancien Conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, John Bolton, a déclaré que la décision de l’ex-président américain Donald Trump de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental était « une erreur », car, elle « ne reflète pas la politique américaine de longue date sur ce dossier « .

Il a estimé que cette décision peut être annulée par le président Biden. Dans un entretien accordé au Centre algérien de diplomatie économique (CADE), M. Bolton a indiqué que » l’administration Trump avait commis une erreur en reconnaissant la revendication marocaine sur le Sahara occidental ». C’est une erreur, car, dit-il, elle a entrainé « plus de tension et de danger en Afrique du Nord et au Sahel au moment où nous devrions essayer de résoudre la question et de ramener la stabilité ». Il rappelle, à cette occasion, avoir contribué à la rédaction de la résolution du Conseil de sécurité en 1991 en vertu de laquelle a été créée la mission de l’ONU pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso), comme son nom l’indique, note l’ancien diplomate américain, le but de la mission n’était pas simplement de surveiller le cessez-le-feu entre le Front Polisario et le Maroc, mais surtout d’organiser le référendum en vue de résoudre le statut du territoire du Sahara occidental.
L’ancien ambassadeur américain à l’ONU affirme qu’au printemps 1991, la communauté internationale pensait que l’organisation du référendum d’autodétermination au Sahara occidental ne pouvait pas être très difficile à faire. Puisque, argue-t-il, le recensement effectué par les Espagnols pouvait servir de base pour l’élaboration de la liste des électeurs potentiels en 1992 et pourtant, constate M. Bolton, dès l’automne 1991, les Marocains empêchaient la Minurso de valider les recensements espagnols pour inscrire les électeurs afin de prendre les mesures nécessaires pour préparer le vote. Et ce procédé qui a commencé quelques mois après la création de la Minurso « s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui », a-t-il regretté.
«Que l’administration Biden agisse rapidement pour inverser la décision de Trump»
Dans cet entretien, l’auteur de « The Room Where It Happened: A White House Memoir », a fait savoir qu’en 1997, il était revenu comme volontaire pour aider James Baker lorsqu’il est devenu l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental. « James Baker a travaillé très dur pendant toute cette année jusqu’à ce que nous atteignions ce que nous avons appelé les accords de Houston, où le Maroc s’est à nouveau engagé de manière ambiguë à organiser un référendum, avant de l’entraver de nouveau », révèle Bolton. Il rappelle que Baker est en fait revenu une fois de plus, à ce moment-là, et lui-même, a intégré l’administration George W. Bush, mais Baker a continué en tant qu’envoyé personnel et a fait de nombreux efforts depuis lors. Donc, d’après lui, « c’est une politique de longue date des États-Unis sur le statut du Sahara Occidental et le retour des réfugiés sahraouis après un référendum libre et juste était la politique américaine de base, nous n’avons pas reconnu la souveraineté marocaine sur le territoire ». Et de poursuivre : « Comme nous le croyons la souveraineté vient du peuple et le peuple du Sahara occidental aurait dû avoir l’opportunité de décider de son sort « . « Je pense donc que tout cela est un exemple de près de 30 ans d’incapacité de l’ONU à faire quelque chose que tout le monde avait accepté en 1991″, a-t-il dit.
Il s’est réjoui par ailleurs, que l’administration Biden ait déclaré qu’elle allait revoir ce qui s’est passé et arriver à sa conclusion. M. Bolton a souligné que la position de tous les pays de la région et de l’Union africaine dans son ensemble indique clairement que « le Maroc est très isolé sur ce point ». L’ancien diplomate américain, ajoute que l’Afrique rejette le fait que « le Maroc insiste pour maintenir son contrôle sur le Sahara occidental, dont il contrôle environ 2/3 du territoire », soulignant que le mur de sable qu’il a construit risque de provoquer une réelle instabilité en Afrique du Nord.
Le Front Polisario a déjà exprimé clairement sa position sur ce point, rappelle-t-il, et que la position marocaine va conduire à plus de problèmes en violation de l’engagement qu’ils ont pris de tenir le référendum. « Je suppose qu’il est important que l’administration Biden agisse rapidement pour inverser la décision de son prédécesseur. Nous avons eu près de 3 décennies au cours desquelles le Maroc a empêché les Nations unies de tenir un référendum au profit du peuple sahraoui. S’il n’y aura pas de référendum d’autodétermination au Sahara occidental (…)si le Maroc ne veut pas qu’il soit organisé, alors il ne devrait pas avoir de cessez-le-feu, l’ONU ne peut pas devenir partie au différend et pourtant, en confirmant le cessez-le-feu et en empêchant le référendum, elle prend le parti du Maroc », argumente l’ancien conseiller à la sécurité des États-Unis. Pour ce qui est de l’Europe, M. Bolton pense que les pays européens « doivent avoir une vision plus forte en faveur du référendum ».
M. Bendib
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