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by Djilali B & Abdellah B
Les personnalités qui accompagnent le président français Emmanuel Macron lors de sa visite de trois jours en Algérie à partir de ce jeudi, renseignent à tout le moins sur les dossiers qui seront au menu.
Le dossier économique avec en tête l’approvisionnement en gaz algérien de la France et de l’Europe, les visas et les Algériens en situation irrégulière en France et enfin la question mémorielle.
Le dossier régional concernera la question sahraouie et le Sahel avec au centre le Mali. La presse française, dont Libération, le JDD et le Point, met l’accent sur la question énergétique considérant que l’Algérie est un grand pays gazier appelé à augmenter ses volumes destinés au marché européen. C’est le rôle du ministre de l’économie, Bruno Le Maire ; présent dans la délégation de M. Macron. L’Algérie est aussi en attente des investissements français qui accusent un retard devant l’offensive des Chinois et des Turcs.
Le président français pourrait aller encore plus loin dans le traitement du dossier de la mémoire. Ce qui explique la présence dans sa délégation de l’historien et conseiller à la mémoire, Benjamin Stora. Il est question également de la venue du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dont les chiffres sur les émigrés clandestins algériens en France avaient irrité le président Tebboune, attendu au sujet de la réduction drastique des visas, estimé, y compris par la presse marocaine, comme un moyen de faire pression sur les pays du Maghreb, tous les trois concernés par la mesure sur les visas.
Raison, entre autres, pour laquelle, le Point a titré «Trois jours à risque pour Emmanuel Macron». Autre dossier litigieux, le Sahara occidental. Mais il est du ressort des Affaires étrangères représentées par sa cheffe de la diplomatie, Catherine Colonna, qui évoquera également avec son homologue algérien Ramtane Lamamra la situation dans le Sahel, particulièrement au Mali après le retrait des forces françaises de ce pays.
L’impact «anticipé» de cette visite est ressenti du côté de l’Espagne où l’on estime que le président Macron va refaire le coup du président du Conseil italien Mario Draghi au sujet de l’approvisionnement de son pays en gaz algérien.
L’enjeu du gaz laisse l’Espagne à la traîne
C’est ce que semble déceler le journal espagnol El Espanol qui voit que la volonté du président Macron de calmer le climat de tension entre Alger et Paris découle de cet objectif : garantir pour la France un approvisionnement en gaz sans risque de rupture. «Ainsi, Emmanuel Macron prend les devants vis-à-vis de l’Espagne, qui entretient des relations figées depuis des mois après avoir reconnu l’autonomie du Sahara», s’est désolé le journal dans son édition d’hier. Pour la publication, «Macron entend suivre la voie de Mario Draghi qui, en deux visites, a réussi à faire de l’Algérie le premier fournisseur de gaz de l’Italie».
La préoccupation majeure de l’Europe demeure le gaz, le vieux continent cherche à tout prix des alternatives au gaz russe, mais chaque pays semble agir seul. Autre argument pour El Espanol, le rejet du projet de construction du gazoduc Midcat, la France estimant que le projet serait trop long à construire et qu’il ne serait pas en mesure de répondre à la crise énergétique actuelle. Pour le journal, la France étudie la possibilité de «devenir un partenaire privilégié pour obtenir du gaz algérien, comme l’a fait l’Italie».
Un autre écho de cette visite est venu du Maroc par le journaliste Ali Lmrabet qui a estimé qu’Emmanuel Macron est fâché contre le Maroc et a décidé de se rendre en Algérie, selon Maroc Confidentiel repris par Moroccomail. «Pour preuve, écrit le journaliste, il y a quelques semaines, Macron n’a pas voulu appeler le roi Mohamed VI pour s’enquérir de son état de santé quand celui-ci s’est rendu à l’hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce pour un petit souci».
Le scandale Pegasus dans lequel, selon Lmrabet, les Français ont confirmé auprès des Israéliens son utilisation par le Maroc pour «écouter» des responsables français dont le président Macron. Il a également évoqué un réseau d’espionnage marocain en France qui travaille pour le compte d’Israël. Des activités qui ont fâché Macron au point d’ignorer le Maroc et son souverain. Sa visite en Algérie est perçue de ce point de vue, comme une punition pour le Maroc.
Trois ministres, des personnalités religieuses et un historien l’accompagneront
Pour sa première visite en tant que président français réélu, Emmanuel Macron se rendra en Algérie du 25 au 27 du mois courant, accompagné de trois ministres en gestion de dossiers très lourds.
En effet pour aborder la question des visas, un dossier qui avait suscité de vives tensions diplomatiques durant plusieurs mois entre l’Algérie et la France, le président français sera accompagné de son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, mais l’une des questions principales de sa visite, semble-t-il, est liée au secteur énergétique et la crise qui prévaut actuellement dans le vieux continent dont la France d’Emmanuel Macron assure la présidence.
De ce fait, Macron a fait appel à Catherine Colonna, sa ministre des Affaires étrangères et des Affaires européennes, et son ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, qui seront chargés d’étudier la possibilité d’ouvrir une «nouvelle page» de la relation franco-algérienne et surtout de trouver une solution à la crise énergétique qui sévit en Europe après la menace russe de couper tout approvisionnement de l’Europe en gaz.
Pour ce qui est du dossier de «la mémoire», le président français sera accompagné de l’historien de l’Algérie, Benjamin Stora, et d’autres experts du monde arabe Jean-Pierre Filiu et l’islamologue Gilles Kepel.
Parmi d’autres personnalités citées par le Journal du Dimanche pour l’accompagnement de Macron en Algérie, on trouve le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Mohamed Hafiz, et «le grand rabbin de France, Haïm Korsia, qui serait la première personnalité juive au sein d’une délégation officielle à visiter l’Algérie», rapporte la même source qui met en avant les origines algériennes du rabbin. «Ce dernier, né en France n’a jamais connu le pays de ses parents», ajoute la même source.
D.B & A.B
L’Algérie aujourd’hui, 22/08/2022
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