Maroc, Union Africaine, partenariats bi-régionaux,
Note
à l’attention de Monsieur le Ministre
Objet : Partenariats en relation avec l’Afrique.
J’ai l’honneur de porter à la connaissance de Monsieur le Ministre que, par quatre fois et en l’espace de quelques jours, l’Union Africaine (UA) a reporté, sine die, des réunions préparatoires ou de suivi entre l’Afrique et certains de ses partenaires bi-régionaux. Il s’agit de :
Une rencontre de concertation conjointe pour préparer le 3ème Sommet Pays Arabes-Afrique au Koweït, qui était prévue pour le 22 juin 2013 au Caire, a été ajournée à l’initiative de l’UA ;
Une réunion sur la Stratégie Conjointe du partenariat Afrique-Union Européenne, prévue les 20 et 21 juin 2013 à Las Palmas, a été annulée ;
Une réunion ad hoc du Groupe de travail sur les mécanismes de financement du partenariat Amérique du Sud-Afrique (ASA), qui était programmée les 20 et 21 juin 2013 à l’Ile Margarita au Venezuela, a été reportée pour la deuxième fois consécutive ;
La réunion de Haut niveau préparatoire du 2ème Sommet Afrique-Turquie, qui s’est déroulée le 19 juin 2013 à Addis-Abeba, n’a pas donné les résultats escomptés en termes de fixation des dates de réunion des instances préparatoires de ce partenariat, ni du lieu du prochain Sommet, prévu en 2013.
Aussi, est-il permis de penser que la nouvelle direction de la Commission de l’Union Africaine (CUA) souhaite orienter le volet partenariat de la coopération de l’Afrique vers le Plan stratégique de la Commission 2014-2017 et avancer ainsi l’agenda continental vers des projets sélectifs dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, des transports, de l’industrie et de la santé.
Le report de ces réunions, au motif de tenir des consultations approfondies entre les pays africains, laisse peser de fortes présomptions que le véritable motif concerne le format de la participation des pays africains à ces fora, en le calquant sur le Format de Banjul.
La CUA exige, en effet, de plus en plus ouvertement, et conformément aux décisions prises lors des trois derniers sommets, l’application du Format de Banjul aux différents forums impliquant l’Afrique ; ce qui, par voie de conséquence, exclut notre pays de toute participation à ce genre de rencontres.
Aussi, sauf objection, un courrier circonstancié vous est proposé, en annexe, pour être adressé à nos Ambassades concernées par les différents partenariats en rapport avec l’Afrique en vue de les inviter à entreprendre les démarches visant à contrecarrer ces nouvelles manœuvres de la CUA.
Un aide mémoire, joint en annexe, est établi pour cadrer ces démarches.
Très haute considération
L’Ambassadeur,
Directeur des Affaires Africaines
Moh Ouali TAGMA
Le Maroc et les partenariats régionaux
Aide-mémoire
1. Présentation
2. Objectifs
3. Problématique
4. Perspectives
Le Maroc et les partenariats régionaux
1. Présentation
Le Maroc participe à la quasi-totalité des fora régionaux en rapport avec l’Afrique, en l’occurrence :
Forum de coopération Pays Arabes-Afrique
Forum de coopération Afrique-Union Européenne
Forum de coopération Afrique-Chine
Forum de coopération Afrique-Japon
Forum de coopération Afrique-Amérique du Sud
Forum de coopération Afrique-Turquie
Des exceptions demeurent, pour des raisons spécifiques, au niveau des exercices suivants :
Le Forum de coopération Afrique-Inde ;
Le New Asian-African Strategic Partnership (NAASP) ;
Le Forum de coopération Afrique-USA.
2. Objectifs :
La participation du Maroc se décline selon un schéma triptyque, comme suit :
Assurer une présence effective et dynamique du Maroc ;
Renforcer la place du Maroc et défendre ses intérêts supérieurs en faisant face aux tentatives d’exclusion diligentées par la Commission de l’Union Africaine et les pays de « l’axe Alger-Abuja-Prétoria » ;
Impacter les processus préparatoires et de suivi.
Cette participation ambitionne, au-delà des contingences politiques à assurer, de manière ciblée, un accompagnement et une implication directe des départements techniques et autres intervenants nationaux à :
Ouvrir de nouvelles perspectives pour les échanges commerciaux marocains et rechercher de nouvelles opportunités de promotion et d’appui à l’économie marocaine ;
Encourager les investissements extérieurs ;
Promouvoir les grands projets nationaux ;
proposer l’expérience marocaine au niveau de la coopération tripartite.
3. Problématique :
Des difficultés, autour de cette participation, sont le fait de l’Union africaine dans la mesure où :
« Le format de Banjul » est admis par l’UA pour gérer le volet partenariats de sa politique extérieure et de coopération. Ce format, qui prend pied dans certains exercices, est incompatible avec les intérêts de notre pays et l’exclut de toute participation aux exercices partenariaux ;
volonté délibérée de la Commission de l’Union Africaine de réduire la participation de notre pays à sa simple expression protocolaire, si ce n’est son exclusion.
Cette participation est, par ailleurs, affaiblie par les facteurs subjectifs suivants :
Absence ou participation minimaliste du processus préparatoire et de suivi de certains fora importants ;
Sauf quelques exceptions, la communication reste insuffisante entre les postes diplomatiques concernés par les partenariats et le Département à l’occasion des processus préparatoires et de suivi.
4. Perspectives
Cet état des lieux étant dressé, il est proposé d’initier des actions ciblées dans une perspective qui peut se décliner comme suit :
Asseoir une attitude uniforme par rapport à tous les fora qui mettent côte à côte notre pays et l’Union africaine, en veillant à ce que le format et les actes émanant de ces partenariats ne prêtent pas à des détournements ou intrusions qui pourraient profiter aux adversaires du Maroc ;
la participation aux travaux préparatoires est primordiale en ce sens que ces travaux sont l’occasion de la définition des documents fondamentaux (Plan d’action, Déclaration politique…) ; lesquels actes balisent la philosophie et le champ d’action de ces partenariats;
Etablir un schéma de communication, mettant au centre le Département et en orbite les Ambassades du Maroc en relation directe avec la thématique des partenariats pour un échange d’informations continu et actualisé de ces fora ;
Rentabiliser la participation du Maroc en termes de « Marketing » des potentialités sectorielles que recouvre le pays en incitant à l’implication des opérateurs économiques publics et privés et ceux de la société civile à ces exercices.