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La crise sociale multidimensionnelle qui frappe le Maroc de plein fouet s’aggrave de jour en jour. Au moment où l’inflation ne fait qu’augmenter, sans que le régime ne daigne réagir, les chiffres publiés hier par le Haut commissariat marocain au plan (HCP) suscitent l’inquiétude quant à l’évolution économique et social au Maroc marqué par une forte hausse du taux de chômage. Le bilan du HCP publié à l’occasion la Journée internationale de la jeunesse, célébrée le 12 août chaque année, fait état «d’un taux de chômage chez les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur au Maroc qui dépasse les 60%».
«Cela illustre, selon des observateurs, la grave crise de l’emploi qui sévit au Royaume », a ajouté l’ instance. Le même rapport a précisé, par ailleurs, que «près de 5 millions de jeunes Marocains âgés de 15 à 24 ans sont en dehors du marché du travail», précisant que «la hausse du taux de chômage est plus accentuée en milieu urbain et chez la gente féminine». Ils sont aussi plus de 4 jeunes actifs occupés sur 10 (41,9%) à exercer un emploi non rémunéré, selon cet organisme, précisant que «14% des jeunes actifs occupés exercent un emploi précaire de type occasionnel ou saisonnier».
En outre, plus de 7 jeunes salariés sur 10 (73,2%) ne disposent d’aucun contrat formalisant leur relation de travail avec l’employeur, alors que 13,2% disposent d’un contrat à durée déterminée, 6,5% d’un contrat à durée indéterminée et 7,1% d’une entente verbale. Autre précision, et non des moindres, évoquée par la même source, est le fait que le chômage des jeunes Marocains est de longue durée et de première insertion. Ces derniers représentent, selon le même rapport, 70,4% des jeunes en chômage depuis un an ou plus, et près de trois quarts n’ont jamais travaillé, soit un taux de 73,4%.
Ces chiffres illustrent, selon la presse locale, «la situation difficile que traverse cette tranche de la société sur le marché du travail et sa marginalisation». Des instances internationales et régionales avaient pointé du doigt, à maintes reprises, la situation sociale jugée «explosive» au Maroc et l’existence d’inégalités criardes, en raison de nombreuses défaillances et de l’absence de prise en charge par les services de l’Etat, notamment de la frange juvénile, livrée à elle même, dans le dénuement total. Une situation qui ne fait que s’aggraver et qui est vertement dénoncée au Maroc.
Compte tenu de l’inaction du gouvernement dans la mise en œuvre des acquis de l’Accord social» pour le mois d’avril, l’Union des salariés de la Confédération marocaine du travail a, dans un communiqué, dénoncé «la politique de la hausse des prix et de la faiblesse du pouvoir d’achat des citoyens, au regard des conditions économiques et sociales actuelles empreintes pardes prix élevés et des conséquences de la cherté de la vie, condamnant en même temps «l’utilisation de la situation actuelle, comme la sécheresse… pour sévir contre le pouvoir d’achat de tous citoyens, y compris les catégories salariales». En conséquence, le syndicat a appelé le gouvernement à accélérer la publication de tous les textes législatifs et organisationnels concrétisant les résultats et les obligations du «dialogue social», notamment dans le volet lié à l’augmentation du salaire minimum dans le secteur public et l’augmentation de l’allocation familiale et autres.
Il a également appelé à accélérer la publication du statut général de l’emploi public, qui a été approuvé à l’unanimité par le Parlement, ainsi que la publication d’un projet de loi sur la création d’une institution paritaire pour la promotion du travail social au profit des fonctionnaires et agents de l’administration publique. Le Syndicat des salariés a souligné la nécessité d’accélérer la promulgation de la loi relative à la protection des salariés qui dénoncent des actes de corruption, afin d’assécher les foyers de corruption et de dénoncer les pratiques qui nuisent à l’image des services publics et actes qui contribuent à la dilapidation de l’argent public.
La même source a également appelé le gouvernement à publier des textes relatifs à la concrétisation des résultats du «dialogue social» dans les secteurs de la santé et de l’éducation, et d’accélérer la mise en œuvre des résolutions avalisées lors des dialogues sectoriels, avec en plus de revoir le système d’impôt sur le revenu en réduisant la pression fiscale des salariés pour protéger leur pouvoir d’achat.
Par ailleurs, la gestion du secteur des hydrocarbures fait l’objet de vives critiques, allant jusqu’à exiger le départ d’Aziz Akhannouch, sur fond d’augmentation vertigineuse des prix de ce produit, dénonçant les entreprises opérant dans le secteur des hydrocarbures soupçonnées de «manipulations et de recours à des «pratiques illicites». Des propriétaires, commerçants et gestionnaires de stations-service au Maroc ont déclaré que l’une des principales entreprises nationales actives dans le secteur des hydrocarbures, «a mis en œuvre une mesure discriminatoire, en marchandant du carburant à des prix élevés à des stations portant sa marque mais soumises à une gestion libre».
Les prix des carburants au Maroc ont connu des augmentations vertigineuses ces dernières semaines, dépassant pour la première fois les prix de l’essence, dans un précédent du genre au Royaume, en l’absence d’initiatives pour dissuader les sociétés violant la loi et protégeant par là même le consommateur marocain malgré les demandes populaires de changement. Contre toute attente, les prix des carburants continuent de grimper malgré la baisse des cours mondiaux, dans le silence persistant du Makhzen.
Amar Malki
La Sentinelle, 15/08/2022
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