Algérie, diplomatie, Abdelmadjid Tebboune,
Incontestablement, l’Algérie se devait de retrouver sa place dans un concert des nations par une diplomatie tous azimuts qu’elle avait illuminé durant les trois décennies qui ont suivi l’indépendance nationale.
Au lendemain de 1962, elle se devait de conquérir des espaces diplomatiques par ses faits, ses combattants et ses 1,5 million de martyrs ; une diplomatie que la guerre de libération avait anticipée et cimentée jusqu’à susciter le respect inconditionnel du reste du monde, notamment parmi les nations auxquelles elle inspirait effectivement de la crainte non pas parce qu’animée d’un esprit de revanche et encore moins d’un expansionnisme de mauvais aloi. Ce qui, évidemment, n’a jamais été et ne sera jamais le cas, mais tout simplement pour rappeler et tracer à gros traits la justesse de sa lutte pour la libération de ses populations et de celles sur lesquelles elle s’est engagée au lendemain de son indépendance aux côtés de tout pays engagé dans un conflit injuste et forcément inégal face à l’hégémonisme d’un autre.
Il est également tout autant vrai qu’aux lendemains chanteurs ayant suivi l’indépendance, le formidable défi socioéconomique lancé par feu le président Houari Boumediene, les enjeux géopolitiques stratégiques, les réalisations pharaoniques et le développement exponentiel de l’économie nationale ont permis de parachever une souveraineté nationale vue d’un très mauvais œil par bien des Etats qui croyaient en faire leur chasse gardée.
Tout cela a conduit à la remise en cause de l’ordre (international) établi et à des rapports de forces défavorables aux nations émergentes. L’Algérie avait alors non seulement ouvert une énorme brèche dans les rapports Nord-Sud mais obligeait les grandes puissances à une redistribution des cartes avec à son sillage d’autres pays, des importants, des moins importants, des petits et même qui en étaient encore à l’état embryonnaire.
C’est tout cela, à juste titre, qui a fait, mais dans une noble acception, l’omnipotence de l’Algérie jusqu’à ce que certains qualifient allègrement de guerre civile qui n’en était pourtant pas la survenance d’une dramatique période de dix années qui en ferait reculer en matière de développement et perdre en présence diplomatique internationale pratiquement le triple au pays, voire à le discréditer sous les effets d’un travail de sape d’autres nations.
Et, c’est ce qui explique le chassé-croisé auquel s’oblige, même si c’est de son devoir, et s’acquitte superbement le chef de l’Etat depuis quelques semaines. C’est en moins abscons une question de reconquête d’espaces délaissés sinon frappés d’indifférence et pour cause de 2010 à 2019 une grave vacance des affaires de ce qui avait été un exceptionnel Etat-nation et sur lequel contre toute morale d’autres pays, pour certains voisins, ont cru facile d’imaginer, voire tenter de lancer une OPA. La crise sanitaire a quelque peu calmé les ardeurs sinon freiné les tentatives déstabilisatrices de quelques-uns d’entre eux pour redonner, contrairement à leurs attentes, un regain de vitalité à la diplomatie algérienne de laquelle Abdelmadjid Tebboune est le héraut.
Abdelhamid Lemili
Horizons, 03 juin 2022
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