Algérie: Le dernier rapport du FMI reflète-t-il la réalité de l’économie? – données officielles, inflation mondiale, devises, importations, exportations,
Le dernier rapport du FMI sur l’économie algérienne de 2022 étant ambiguë, demande des éclaircissements car c’est par un diagnostic serein et une vision stratégique que s’élabore une politique socio-économique cohérente. Rappelons que tout rapport du FMI part des données officielles que lui communique tout gouvernement, corrigé ensuite par des tests de cohérence.
1.-Selon le FMI, du fait surtout de l’effet prix et très accessoirement de l’effet volume, les recettes additionnelles prévues si le cours des hydrocarbures – pétrole et gaz- se maintient au niveau actuel seront pour la Libye de 39 milliards de dollars, un accroissement de 74%, l’Irak de 149 + 73%, les Emiraties 190, + 46%, le Koweït 84, +46%, le Qatar 84 ,+ 40%, le Bahreïn 11, +39%, Oman 39, +34%, Arabie Saoudite 327, + 28% et l’Algérie 59 milliards de dollars avec un accroissement de 28% pour 2021. Avec une baisse en volume physique d’environ 25/30% par rapport aux années 2006/2007, les exportations de gaz ont atteint environ 43 milliards de mètres cubes gazeux et pour le pétrole 500.000 barils/j du fait que qua la consommation intérieure est presque identique aux exportations amplifiée par la politique des subventions et qui pourrait représenter cas de non accroissement de la production et d’un nouveau modèle de consommation énergétique ( Mix énergétique dont l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables) 80% des exportations horizon 2030 (voir nos interviews aux télévisions 18/24 avril 2022, Alg24 et France 2 Paris). Or on continue de construire des logements selon les anciennes méthodes alors que les nouvelles techniques permettent d’économiser plus de 30% d’énergie, et les énergies renouvelables, malgré des discours et de nombreux séminaires au 01 janvier 2022 couvre à peine un pour cent (1 %) de la consommation intérieure restant un long parcours pour couvrir les prévisions du ministère de l’Energie 40% de la consommation intérieure à horizon 2030.
Quant aux importations de biens et services (ce dernier environ 6 milliards de dollars en 2021 contre 10/11 entre 2018/2019 ), elles sont estimées à 46 milliards de dollars selon le FMI, et se pose cette question : quel sera l’impact de l’inflation mondiale en termes de balance devises. Pour un même niveau d’importation, avec toutes les restrictions, en pondérant seulement de 50% les prix internationaux, rappelons avant cette hausse uniquement la rubrique biens alimentaires, la crise alimentaire avec les tensions en Ukraine, qui devrait toucher bon nombre de pays , s’élevait à presque 9 milliards de dollars en 202, le taux d’intégration en 2021 des entreprises privées et publiques ne dépassant pas 15% ,sans compter les nouveaux investissements nécessitant des devises et la partie dinars, nous aurons presque 70 milliards de dollars d’importation de biens et services si l’on veut relancer l’économie nationale, existant donc un déficit entre les recettes et les dépenses d’environ 11 milliards de dollars. Cela n’est pas propre à l’Algérie mais concerne tous les pays rentiers à économie non diversifiée ce qu’ils gagne, en exportation d’hydrocarbures ,ils le perdent en valeur d’importation, devant toujours dresser la balance devises.
2.- Le FMI prévoit un taux de croissance pour 2022 de 2,4% pour l’Algérie et avec une baisse du taux de chômage , ayant revu à la baisse ses projections pour les années 2022 et 2023, tablant sur un taux, de chômage respectivement, de 11,1% et 9,8%, alors qu’elle prédisait dans son rapport d’octobre une hausse de chômage à 14,7% en 2021, l’estimant en 2021 à 13,4% , du fait d’un taux de croissance en 2021 de 4%. Le solde des transactions courantes de l’Algérie devrait s’établir à 2,9% du PIB avant de baisser à -0,2% du PIB en 2023, représentant -2,8 du PIB en 2021, contre la prévision précédente d’un taux de -7,6 % du PIB.
Afin de ne pas induire en erreur l’opinion publique, car les recettes des hydrocarbures pour l’Algérie représentant avec les dérivées environ 98% de ses entrées en devises, le FMI doit nous éclairer sur la méthodologie des calculs de projection car comment avec un taux de croissance démographique entre 2020/2021 entre 1,8 et 2% selon les données officielles, une demande d’emploi environ 350.000 à 400.000 emplois par an qui s‘ajoute au taux de chômage actuel estimé en 2021 par le FMI à 13,4% avec un tel taux de croissance, le taux de chômage peut être de 11% en 2022 et inférieur à 10% en 2023.
Rappelons qu’un taux de croissance se calcule par rapport à la période précédente :un taux de croissance élevé par rapport à un taux de croissance par rapport à la période précédente faible donne cumulé un taux faible. Pour le calcul du taux de chômage a t-on ventilé les emplois créateur de valeur ajoutée des emplois rente qui constitue un transfert de valeur et l’emploi dans la sphère informelle à très faible productivité et a-t-on tenu compte des destructions d’emplois du fait de la crise, de la hausse des prix inputs et de la faiblesse de la demande publique via les hydrocarbures qui détermine toujours la croissance et les restrictions, ,uniquement pour le BTPH en 2021 plus de 500.000 emplois sans compter la léthargie de bon nombre d’autres entreprises qui fonctionnent avec un effectif réduit ? Ces données du FMI ne contredisent-elles pas les règles élémentaires de l’économie où le taux d’emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité et c’est une loi universelle . Alors que selon la majorité des experts internationaux, il faut un taux de croissance en termes réels de 8/9% par an sur au moins cinq années pour absorber ce flux et atténuer les tensions sociales.
3.-Attention à la vision purement monétaire où afin de préserver les réserves de change estimées à 44 milliards de dollars fin 2021, l’on bloque la machine économique, restriction des importations non ciblée , où en plus de l’inflation importée, l‘instabilité juridique et surtout monétaire, accélère le processus inflationniste qui connaît en 2022 un niveau inégalée à deux chiffres, entre 50 et 100%, le prix presque de la majorité de produits non subventionnées ayant doublé, le citoyen algérien en 2022 n’ étant pas seulement un tube digestif avec la lente disparition des couches moyennes noyau de tout développement, afin de combler artificiellement le déficit budgétaire , par la dévaluation accélérée du dinar réalisant une épargne forcée et contribuant à la détérioration du pouvoir d’achat de la majorité. Pourtant, l’Algérie, acteur stratégique et la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, sous réserve d’une bonne gouvernance et de la valorisation du savoir peut atteindre ses objectifs conciliant l’efficacité économique avec une profonde justice sociale ,la cohésion sociale étant le nerf de la sécurité nationale.
Professeur des universités, expert international docteur d Etat 1974- Abderrahmane MEBTOUL
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