Palestine, incertain destin

Palestine, incertain destin – Israël, Maroc, EAU, Algérie, répression, monarcgies du Golfe, Mahmoud Abbas,

L’Algérie reste l’un des rares pays où le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est encore accueilli avec faste et honneurs. Aussi fragilisé que la cause de son peuple, l’homme quitte rarement son Ramallah assiégé. Il n’est pas le bienvenu dans le vaste territoire de la Ouma. Révolue l’époque où les leaders palestiniens étaient reçus en héros du Levant à l’Atlantique. Ils sont comme tenus à distance et les dirigeants arabes les évitent. S’afficher à leurs côtés n’est plus dans l’air du temps. L’étendard palestinien ne fascine plus, il est devenu comme encombrant parce qu’il peut gêner les nouvelles orientations à l’œuvre. De renoncement en renoncement, le monde arabe, pour qui la cause palestinienne était la “mère des causes”, a changé de boussole… et de fusil d’épaule.

Avec armes et bagages, certains pays, cyniquement décomplexés, sont passés de l’autre côté de la barricade. Ils se bousculent au portillon de la normalisation et déroulent le tapis rouge aux “ennemis” d’hier, déplaçant ainsi leur “qibla” vers Jérusalem confisquée. “Les pays du Golfe deviennent de plus en plus des clients d’Israël”, regrette Leïla Chahid qui ne cache plus son pessimisme quant à l’avenir de son pays.

Et pour cause, ce mouvement de rapprochement avec Tel-Aviv décliné dans les Accords d’Abraham s’opère en réduisant les chances de l’émergence d’un État palestinien reconnu. Cette perspective de moins en moins défendue par les “amis” de la Palestine s’éloigne à mesure que l’État hébreu est de plus en plus accepté dans la région comme un État. Non seulement dans le monde arabe, mais aussi en Afrique où il entretient des relations multiformes avec quarante-six pays sur cinquante-quatre que compte le continent noir.

Cette avancée diplomatique couplée à une coopération militaro-sécuritaire se fait en réduisant considérablement les espaces qu’occupait jadis la question palestinienne. Il est difficile de voir aujourd’hui Mahmoud Abbas s’offrir des tribunes où il pourrait encore défendre son peuple et son droit à un État indépendant. Au sein de la Ligue arabe, il sera presque comme un figurant au milieu de nouveaux potentats préoccupés plus par le souci de préserver leurs trônes que du destin de la Palestine plus que jamais incertain.

Liberté, 06/12/2021

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