Dans une conjoncture économique détériorée, le Maroc est contraint de s’endetter, emporté par une spirale infernale qui touche également la dette interne, et avec des fondamentaux qui présentent des signes inquiétants aux yeux des observateurs. Ce contexte défavorable risque d’amener le Fonds monétaire international (FMI) à supprimer la mobilisation de la ligne de précaution et de liquidité, d’un montant de 6,2 milliards de dollars, accordée le 3 août 2012.
Cette menace est bien réelle selon les spécialistes qui connaissent la situation économique du Maroc. Elle pourrait être mise à exécution à l’issue de la mission de contrôle et d’évaluation menée au Maroc jusqu’au 12 juin par la délégation du FMI conduite par Jean-François Dauphin, chef du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international. La «ligne de précaution» a permis au royaume de lever des crédits à des conditions estimées favorables par les dirigeants marocains, mais cet effet positif pourrait s’estomper et disparaître après le 12 juin. Cela mettrait ce pays dans une situation des plus délicates avec un impact sur le niveau des réserves monétaires déjà en diminution constante du fait d’un déficit de la balance commerciale qui se détériore également pour deux raisons connues : recettes touristiques et transferts des Marocains résidant à l’étranger en baisse drastique.
Selon la presse spécialisée locale, l’étau se resserre autour du gouvernement marocain : ou bien il met en œuvre les réformes structurelles promises l’an dernier, et repoussées de jour en jour pour des considérations internes de «paix sociale», ou bien il perd la caution du FMI et toutes les chances de lever des crédits au plan international. Autant dire que c’est l’impasse pour l’équipe que dirige l’islamiste Benkirane. Sur une injonction du FMI, elle doit trouver une solution au déficit des finances publiques, agir sur les subventions, c’est-à-dire les réduire, voire supprimer certaines d’entre elles (donc augmentations de prix pour des produits sensibles, notamment les carburants et certaines denrées alimentaires), régler le problème des caisses de retraite publiques, menacées par la cessation de paiement, ou alors avoir le courage de réduire le train de vie de l’Etat et également prendre l’argent des impôts chez les privilégiés qui en sont dispensés tacitement, la charge fiscale pesant exclusivement sur les salariés et quelques entreprises forcées d’être transparentes. On se rappelle que la directrice générale du FMI, Mme Christine Lagarde, avait annulé son déplacement au Maroc en décembre dernier, très irritée par les lenteurs, sinon la mauvaise foi des responsables marocains de l’économie qui avaient promis des réformes mais n’avaient rien fait. Sa mauvaise humeur à l’égard du royaume chérifien n’a certainement pas changé.
Kamel Moulfi
http://algeriepatriotique.com/article/le-fmi-s-achemine-vers-la-suppression-des-credits-au-maroc
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